Un premier album à 9 ans, un opéra goth-rock composé pendant ses études à la Frost School of Music et une deuxième place au Thelonious Monk Institute of Jazz International Vocals Competition à vingt ans, programmée au mythique Birdland dans la foulée, en tournée avec Wynton Marsalis et le Jazz at Lincoln Center Orchestra puis 3 albums en 4 ans, le tout avant de fêter ses 30 ans ? C’est Veronica Swift.
Et c’est elle qui a mis la plus belle claque de l’édition 2024 aux festivaliers de Jazz à Vienne, venus en force au Club de Minuit pour l’occasion.
Dans une ambiance visuelle très cabaret et sur une chorégraphie très étudiée mais qui semble toujours spontanée, Veronica laisse libre cours à une énergie impressionnante au service de la musique qu’elle a choisi de revisiter et qui fait fi des frontières traditionnelles entre jazz, rock, classique ou opéra.
Sa maîtrise totale des techniques vocales lui permettent de les faire oublier au profit d’une interprétation magistrale - elle semble vivre chaque note comme si sa vie en dépendait - qui envoie un message clair : faites ce que vous aimez, soyez vous-même - ce qu’elle a osé faire pour la première fois avec son dernier album en s’affranchissant de l’étiquette de chanteuse de jazz bien trop restrictive pour elle.
De "Closer" (Nine Inch Nails) à "In The Moonlight" (composition tirée de la sonate Au Clair de Lune de Beethoven), en passant par un hallucinant - et halluciné - "White Rabbit" (Jefferson Airplane) qui hérisse le poil, Veronica maintient un niveau d’énergie qui n’a d’égal que sa jubilation manifeste à s’approprier chaque morceau et à le partager avec le public dans une version qui n’appartient qu’à elle et qu’elle se plaît à qualifier de "transgenre".
Non contente de cumuler les talents vocaux des grandes du jazz (scat, vocalese et toutes les nuances du blues), de Freddie Mercury et de Janis Joplin réunis, et de confronter avec bonheur techniques et styles habituellement bien distincts (du scat sur un morceau de musique classique, "The Show Must Go On" version bossa nova...) Veronica s’offre un solo de guitare sur sa composition "Living in a Coma" grâce à un vocoder qui transforme sa voix et même, inédit à Vienne, un "crowdsurfing".
On ressort de cette expérience époustouflé, groggy et énergisé à la fois, et bien entendu, on en redemande alors on se précipite ce 20 novembre à La Seine Musicale pour reprendre une bonne dose de Veronica Swift !