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publié par gab le 23/10/13
Verone
- La percée
La percée

On a toujours eu un petit faible pour Verone, pour leur sensibilité, leur délicatesse, pour leur discrétion, leur humour aussi qui s’invite lorsqu’on s’y attend le moins. Petit faible donc mais toujours une petite frustration sur disque aussi. Pas que ce soit franchement moins bon mais il manquait jusqu’ici un petit quelque chose pour vraiment rendre compte de ce que pouvait dégager le groupe en concert. Et puis voilà qu’avec leur troisième album, La percée, ils réussissent enfin à passer le cap, à trouver ce son organique qui leur va si bien et accessoirement à remporter haut la main la palme de la meilleure entame d’album de l’année. Et ce n’est pas rien. Vous appuyez un peu distraitement sur lecture et le triptyque "La vallée"/"Suspends tes chaussures"/"La percée" vous cueille dans toute sa beauté. La douceur et la gravité leur va si bien à Verone. Ce son et ces percussions automnales aussi. Ils ont d’ailleurs toujours été très forts pour livrer leurs disques à la bonne saison. Leur premier, Retour au zoo (2003), était un disque à la froideur neigeuse, leur second, La fiancée du crocodile (2010), un joueur printanier, et sur celui-ci, inévitablement, les jours raccourcissent, l’humidité et les frissons refont petit à petit surface.

cerise

Un disque de saison donc, malgré les petits oiseaux de "La vallée", et - vous l’aurez compris - le disque qu’on attendait d’eux depuis qu’on a croisé "Alaska" et "Jericho" en concert dans les bars parisiens à la toute fin du siècle dernier. A bonne distance finalement des expérimentations du premier album et de l’humour décalé du deuxième, Verone a trouvé le son et les orchestrations qui conviennent à ses morceaux. On se répète un peu, ce n’est pas dans nos habitudes (le choc sans doute), mais c’est tout de même la bonne nouvelle de l’automne, qu’on se le dise. Et cerise sur le gâteau, le groupe n’en a pas perdu son humour pour autant comme l’attestent le délicieusement décalé "Fish pédicure" et l’énergique single ragoto-ravageur "Quand même". Après on accroche ou non au chant assez particulier de Fabien Guidollet. Nous-mêmes, plutôt conquis depuis le temps, on s’y reprend à deux fois lorsqu’il s’aventure du côté d’intonations christophiennes, voire, plus surprenant, d’une touche de gouaille renaudienne. On mettra de même un peu de temps à pénétrer véritablement dans les morceaux moins faciles au premier abord tels le légèrement plombant "Mamie" ou le médiévalisant "Izenah". Peu importe, suivons les préceptes du groupe, un peu de sperme de taureau et le temps n’a qu’à bien se tenir.

portes

Or du temps il nous en faut puisque passé sa magnifique introduction et malgré son nom, La percée n’est pas un disque à l’évidence naturelle, à la portée invincible. C’est le genre d’album à rodage qui ne se livre vraiment qu’après quelques écoutes lorsqu’un peu de familiarité et d’intimité avec les morceaux ouvrent les petites portes cachées derrière les tapisseries. Mais ne vous y trompez pas, comme souvent dans ces cas-là, la récompense n’en est que plus jolie.

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publié par le 23/10/13
Derniers commentaires
Philippe Ache - le 04/01/14 à 11:41
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Gab, nous ne nous connaissons pas car vous n’êtes pas sur Facebook.
Vos propos sur Verone, Pagan Poetry et Mina Tindle résonnent en moi.
Au plaisir de relire vos papiers.

gab - le 05/01/14 à 09:18

Voila qui est encourageant, ça fait plaisir, merci