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publié par Mickaël Adamadorassy le 08/09/09
Une soirée comme une chanson de cannibal corpse

Destination Finale 4

Bien sûr il s’agit d’une grosse production américaine, bien sûr la complexité du scénario euh bin.. y en a pas mais je l’avoue j’ai une petite faiblesse pour la série des Destination Finale. Et ce pour deux raisons au moins : un suspens parfaitement maîtrisé, on a beau connaître l’issue de chaque séquence mortuaire, on frémit quand même tout du long, chaque objet pointu, chaque petit évènement anodin est envisagé sous l’angle d’un effet papillon implacable et léthal et les scénaristes l’ont bien compris, multiplient les fausses pistes, nous font imaginer des sévices finalement bien pires que les quelques images où on voit réellement la fin (bien gore dans 4ème opus qui ne lésine pas sur les bouts de tripes répandus un peu partout).

L’autre raison est le côté parfait et froid de cette mécanique, totalement jouissive par rapport au quotidien du film américain (même si les enfants sont épargnés, quel scandale !), vous rappelez les règles de scream ? si l’héroïne couche elle meurt, si vous partez en disant que vous revenez idem (de mémoire c’està peu près ça). Ici la seule règle est que tout le monde est égal devant la mort ou plus précisément tous ceux qui doivent mourir meurent, pas de bienséance, pas de gentils ou de méchants, pas de balance cosmique (ou scénaristique) où vos bonnes actions vous rachètent, pas non plus de morts judicieusement planifiés pour induire tel ou tel sentiment chez le spectateur. La règle est implacable, pas d’échappatoire, pas de deux es machina, le seul illogisme est celui de la vie, on ne meurt pas parce qu’on l’a mérité (ou pas), on meurt parce que c’est comme ça.

Et ça aurait pu être ça le fond supposé du film, une sorte de thérapie de choc pour secouer une société obsédée et terrifiée par sa mortalité, lui faire prendre conscience que de toute façon on a aucun contrôle dessus et qu’il convient de profiter du temps qu’on a, le banal carpe diem en somme, que cite d’ailleurs explicitement un des personnages du film. Qui pour la peine subit à peu près la même chose que l’alien humanoide dans Alien 4. Et dans les deux cas ma foi c’est bien mérité (un autre des aspects jouissifs de Destination Finale, tout est fait pour qu’on savoure la mort de certaine victimes comme une punition bien méritée et ausi drôle qu’un épisode des happy tree friends). Vous me direz que c’est un fond pas bien profond mais je trouve que suggérer à la bonne société catho ricaine une approche totalement hédoniste de la vie, voir franchement décadente, ça a de la gueule. Remarquez les scénaristes soignent quand même leurs arrières car le bel éphèbe obnubilé par son orgasme est bien entendu puni par une mort particulièrement atroce.

Un peu schizophrène alors les scénaristes ? je suis pas sûr qu’ils faillent les créditer d’un tel niveau d’intentionnalité : ce quatrième épisode ressemble plus à du fan service ( cad donner au fan exactement ce qu’il attend) qu’autre chose et on le sent bien dès le générique. Des vagues tentatives de compliquer la limpidité de la trame de base amorcés au cours des précédents épisodes sont plutôt passés à la trappe et ça se comprend en un sens (celui du fan service donc) : on ne vient pas voir un Destination Finale pour voir des héros survivre au travers des épreuves, ici le héros c’est la mort et une des rares choses à peu près subtiles que les scénaristes réussissent à faire depuis le premier épisode c’est la dualité de la mort, c’est presque une personne qu’on sent roder autour de ses victimes, s’amuser à mettre en place ses machineries implacables et rager quand elles sont déjouées, on lui attribuerait presque des sentiments, comme l’envie de revanche, la colère.

Mais cela reste une impression fugace, une sorte de ressort dramatique, de tentative de l’esprit de reconnaître dans quelque chose qui le dépasse quelque chose qui serait comme à son image et sur qui il pourrait donc avoir une emprise, une dernière tentative de recoller à ce que promettent les religions, de donner un sens aux choses pour oublier ce qu’il y a de plus effrayant : le côté purement mécanique, l’enchaînement régi par la logique, la mort est une machine, ou plutôt quelque chose de plus abstrait, un théorème dans une géométrie dont on ne voit que quelques dimensions mais dont les effets sont bien réels mais qu’on ne maitrise pas plus que la gravité ou les lois de la physique quantique.

Et c’est bien cette impuissance qui ressort au final, ce qui fait qu’après on fait bien gaffe à tenir la rampe en descendant un escalier, qu’on s’éloigne bien de la bordure du quai dans le métro et qu’on vérifie bien que le sol est pas humide en sortant de la douche le matin.

Juste au cas où.

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