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publié par Clément Massé le 01/01/99
Unbelievable Truth - Interview

à cause d’un emploi du temps un peu trop chargé nous n’avons pas pu interviewer les membres d’unbelievable truth. heureusement clément massé les avait vu avant un concert en province. il nous a très gentiment envoyé cette interview inédite d’andy yorke.

comment se passe votre tournée ?

c’est un peu étrange en ce moment. je ne sais pas si vous savez, mais nigel a une gastro. j’ai eu un truc semblable, j’ai été malade pendant deux semaines. et il est coincé à reims, à l’hôtel où nous logions. on a joué sans lui la nuit dernière. c’était vraiment la première fois que nous jouions sans lui. c’était bizarre. on a donné un concert acoustique. ca allait.

comment vous êtes vous rencontré tous les trois ?

je crois qu’on a commencé en 1993. à l’époque je faisais des études à moscou, et j’ai écrit pour la première fois deux ou trois chansons. elles n’étaient pas très bonnes mais c’étaient des chansons. pour la première fois je me rendais compte que j’en étais capable. j’ai commencé le groupe avec nigel que je connais depuis treize ans - on est allé à l’école ensemble. je lui ai écrit pour lui dire que cela serait sympa que l’on fasse un peu de musique ensemble. alors on a commencé. nigel connaissait jason depuis deux ans et c’est comme ça qu’il s’est retrouvé impliquer dans le groupe. on a commencé lentement, en essayant d’écrire des chansons. on explorait ce que l’on pouvait faire. on a continué comme ça pendant un an et demi. on travaillait sans pression. et donc un an et demi après on nous a offert un contrat et c’est à ce moment que j’ai décidé que je n’étais pas assez sûr de moi pour aller jusqu’au bout.

ca allait trop vite pour vous ?

je crois que tout précipitation est mauvaise. je n’étais absolument pas sûr de moi. ca ne faisait qu’un an et demi que je projetais éventuellement comme créateur. avant 1993, je ne m’imaginais pas capable d’écrire des chansons. alors j’ai quitté le groupe.

comment est arrivé ce contrat ?

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le mec qui nous manageait alors avait envoyé des cassettes. l’idée que des gens puissent écouter notre musique me plaisait assez. mais on m’a mis devant le fait accompli. il fallait signer le contrat dès le lendemain. et j’ai dit : un moment, je ne suis pas certain de pouvoir aller jusqu’au bout. naturellement ça a vraiment emmerdé les copains. ils avaient beaucoup travaillé. ils ont cru que je jouais avec eux, je ne savais pas ce que je voulais. j’ai quitté le groupe pendant une année. les premiers mois, la vie continuait, j’avais mon boulot. puis je suis partie en russie. je partais pour une durée indéterminée. ca m’a beaucoup plu. puis on m’a offert une place à la fac en angleterre et je suis rentré. j’ai quitté la vie dans laquelle je m’étais installé pendant six mois en russie pour déménager à nouveau et changer d’environnement. je suis arrivé chez moi et j’ai encore changé d’avis. je me suis rendu compte que je ne pouvais pas supporter le coût financier de la fac et je me suis retrouvé tout excité à l’idée de remettre les pieds dans la musique. j’ai emménagé avec nigel et on a réécouté les chansons qu’on avait faites. là encore j’ai changé d’avis et nous avons remis le groupe sur pied.

et que sont devenues ces chansons ?

les chansons de nos débuts sont sur le disque. la moitié de l’album est constitué des chansons de cette période. il a fallu attendre plusieurs années avant qu’elles ne soient vraiment enregistrées. elles ont eu le temps d’évoluer énormément. la moitié du disque a des origines anciennes.

cette pause était-elle nécessaire pour vous et le groupe en fin de compte ?

les choses étaient différentes quand on s’est remis ensemble. j’avais gagné en confiance étant loin, et ayant fait d’autre chose dont j’étais capable. nous avions tous un peu grandi. avant nous ne savions pas ce que nous voulions. d’un point de vue artistique, nous avions beaucoup progressé. le plus gros changement a été notre approche car quand nous nous sommes retrouvés, nous avons décidé d’aller jusqu’au bout et de signer le contrat d’enregistrement. nous avions une approche artistique plus précise, même si ça voulait dire vendre moins de disques que nous pourrions le faire.

pouvez vous nous parler de vos premiers concerts ?

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on s’est vraiment lancé dans les concerts une fois le disque terminé. l’année dernière s’est beaucoup passée sur la route. on a donné une série de concerts au japon et aux états unis. on a également fait trois tournées en grande-bretagne. les chansons ont vraiment évolué sur scène. généralement, je suis plutôt anxieux. je ne sais jamais si j’ai vraiment envie de monter sur scène, alors que jason et nigel adorent ça. ils joueraient n’importe où, n’importe quand pratiquement. en ce qui me concerne, j’ai toujours l’impression de jouer aux dès. on ne sait jamais comment ça va être. parfois je préférais ne pas avoir à les lancer, ça me donne l’impression d’être sur une montagne russe ! malgré mes craintes, quand ça marche on se sent merveilleusement bien, et ça a bien marché jusqu’à présent, en belgique, en france.

comment se passent vos débuts dans le show-bizz ?

je suis assez timide de nature. j’ai appris à faire avec. j’adore chanter, même si monter sur scène n’est pas ce qu’il y de plus naturel pour moi. ca vaut vraiment le coup quand même. nous préférons nous concentrer sur notre musique. ca nous a certainement valu de moins vendre de disques, mais c’est ainsi que nous le voulions. nous évitons les frasques du show-business autant que possible. on veut juste faire notre musique. on vent moins de disques, mais c’est ainsi que nous l’avons voulu. nous ne sommes pas le genre de mecs qui peuvent vivre avec tous ces trucs du milieu du rock, ce que généralement les gens recherchent. et c’est plutôt sympa de pouvoir faire ce que les gens ne font pas. notre approche est inhabituelle. il y a peut être un groupe ou deux comme nous, belle & sebastian par exemple, qui font mieux que nous (…)

comment définiriez vous votre musique ?

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(…) assez hors du temps. nous nous concentrons sur l’écriture pour bien rendre l’esprit de la chanson. nous ne voulons pas être "les petits gars tristes du moment". ca veut dire que nous sommes un peu décalés par rapport à la mode. ca veut aussi dire que dans dix ans, je pourrai réécouter les chansons de l’album sans avoir honte. c’est souvent ce qui se passe quand vous écrivez l’album de l’année. les paroles sont assez romantiques, parfois un peu obscures aussi. j’aime bien l’idée de donner des textes qui ne disent pas tout tout de suite. il est important de pouvoir apporter son interprétation. c’est aussi un mécanisme d’auto protection. les textes écrits par michael stipe pour ses deux premiers albums sont assez imperceptibles et je crois qu’il n’était peut être pas sûr de lui en les écrivant. dans ces conditions il était un peu tenté de ne pas trop se livrer. il y a un peu de ça dans notre disque. peut être plus tard seront nous plus directs.

aviez vous un but précis quand vous travailliez sur le cd ?

quand nous avons signé notre contrat, nous nous sommes concentrés sur l’album, plutôt que sur des tournées et la sortie d’un single. nous étions tous d’accord pour finir l’album d’abord. car nous avions un grand nombre de chansons prêtes pour l’enregistrement. je ne pense pas que j’avais une idée précise du son que je voulais donner à l’album. nigel a produit le disque avec jeremy wheatley. nigel et moi n’avons pas la même approche mentale de la musique. il est capable d’imaginer au détail près le son d’une chanson. c’est parfois un peu effrayant. a partir de quelques notes, il peut faire une chanson, la produire dans sa tête et l’avoir prête en une journée quand il est à fond dedans. je n’avais pas une idée très précise de ce qui allait se passer. au final je ne me sentais pas du tout étranger au disque. ca sonnait comme je voulais.

avez vous beaucoup expérimenté en créant le disque ?

non, pas vraiment. on a travaillé très professionnellement. nous avons commencé à la maison, car nigel avait un software d’enregistrement pour professionnels et nous avons donc pu commencer à travailler sans avoir à payer pour un studio. on a pu ainsi se permettre de commencer lentement et bien sentir ce qu’on voulait. c’était vraiment bien et il se peut que l’on recommence. on a fait un tiers du travail chez nous. au studio, on avait presque tout à part les voix et les percussions. ca n’était pas du tout comme entrer en studio et … voir tout se mettre en place. toute la partie créatrice avait été accomplie durant les mois précédents.

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publié par le 01/01/99