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publié par tairanteuh le 18/03/06
two gallants
- what the toll tells
what the toll tells

morbides

Aux premières mesures, un léger souffle de vent qui se devine chaud, et ce sifflotement à la ennio morricone semblent nous transporter au coeur d’un western. Puis il y a cette petite mélodie qui s’esquisse, lointaine cousine d’un célèbre slow des eagles. Dans le contexte, s’appellerait-ce hotel arizona ? Que nenni, voici “las cruces jail”, introduction parfaite à ce deuxième album des two gallants. Deux jeunes - et vaillants donc - américains qui, en dépit de leur pseudonyme romantique, ont la tête emplie d’idées noires, d’histoires morbides et désespérées. ce premier titre narre ainsi les derniers jours d’un condamné dans son cachot. Pour autant, l’élégance de la mise en forme en viendrait presque à faire oublier le sombre de leurs narrations. Précisons déjà que what the toll tells n’est pas une mise en musique de la rubrique des chiens écrasés. Contre-exemple à l’appui : « i shot my wife today, drop her body in the frisco bay (...) It’s too late to save me ». Ou quelque chose s’en approchant, clament-ils sur le deuxième titre. Réjouissant, non ?

poète

Ça change quelque peu du fond insipide et affreusement plat devant lequel se pâment certains journalistes et un panel représentatif de consommateurs. Rappel des titres : We formed a band. Grandiose. Do you want to ? Génial. You’re beautiful. Quel poète. bien sûr, certains vont rouspéter. servir comme alternative le spleen, le cynisme et la noirceur des two gallants, leur musique racée mais dénuée de toute urgence (quoique, las cruces jail...) de jeunisme sonique, de désinvolture adolescente n’est pas des plus enthousiasmants. Cela ne détournera certainement pas les masses de la facilité, du prêt-à-écouter, de cette mal-musique dégoulinante laquelle, voudrait-on nous faire croire (réjouire) serait menacée de disparition avec l’adoption de la licence globale. Mais égarements.

mode

l’écoute de what the toll tells n’est pas insurmontable. Il n’est pas difficile d’adhérer à cette espèce de grand défouloir dans lequel le groupe a consigné toutes ses phobies, angoisses, tout ce penchant sombre et dépressif de l’âme humaine. A l’identique de ce qui semble être son fait générateur, cet album s’écoute avec la volonté de se nettoyer un grand coup pour mieux reprendre une bouffée d’air pur par la suite. Musique racée, disais-je. Pas facile de la caractériser. La formule du duo est certes à la mode, pour ne pas dire lourdement éprouvée, mais il ne s’agit pas ici d’un fou tambourinant derrière un guitariste décidé à franchir mach 5. Two gallants a plus de subtilités. Le jeu de batterie de tyson vogel se fait ici avec minutie, pointillisme, une recherche de nuances en accord parfait avec chaque note de guitare.

rocailleux

Le côté le plus délectable de leur musique est certainement cette capacité dont dispose le guitariste à construire sur une mélodie élémentaire une progression constante et crescendo, effrénée et inventive (“long summer day” en point d’orgue) que le batteur ponctue élégamment de roulements légers, de cliquetis et autres effleurements de cymbales. Cette manière de mener leurs morceaux rappelle inévitablement le maître john fahey. Ajoutez à cette dextérité, le timbre de voix rocailleux d’adam stephens qui évoque kurt cobain jusque dans la manière de pousser vers le cri (avec néanmoins retenue et sagesse ici) de tortueux passages à l’harmonica et vous obtiendrez une formule des plus originales. Lorgnant autant vers le folklore traditionnel américain, un blues aride ou un rock bayou, What the toll tells est assurément la plus agréable surprise de ce début d’année. Et le mot « début » pourrait être réducteur tant il reste de facettes à explorer dans cet album riche.

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publié par le 18/03/06
Informations

Sortie : 2006
Label : saddle creek

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