Auréolé en 2016 du prix de la critique au Festival du Cinéma Américain de Deauville et après avoir fait parler de lui au Festival de Venise et SunDance, The Fits est le premier film de la réalisatrice Anna Rose Holmer, inconnue du grand public mais ayant à son actif la production de documentaires tel que Ballet 422 (sur la prestigieuse compagnie New York City Ballet). Le film, ayant de nouveau pour thème la danse mais traité sous forme de fiction cette fois, avait tout de la petite pépite.
L’histoire tient en quelques lignes : Toni une jeune fille de 11 ans, rejoint un groupe de danse. Alors qu’elle essaye de s’intégrer artistiquement et socialement, une épidémie semble se propager et toucher chaque danseuse, les faisant avoir des crises d’origine inconnue. Et… voilà.
Voilà car à part cette intrigue qui étirera l’histoire jusqu’à sa conclusion, il ne faudra pas aller chercher grand-chose. Juste accepter. Accepter de suivre la jeune actrice principale (qui s’en sort plutôt bien vu le rôle qui lui est attribué) qui va frayer cette troupe de jeunes danseuses, déambuler comme poussée par la caméra (qui ne la lache pas et utilise seulement le point de vue de la fille). Accepter des situations minimalistes juste ponctuées par cette mystérieuse épidémie qui n’a de sens et de but que celui voulu par la réalisatrice. Et sans vouloir révéler le mystère entourant ces incidents, on pourra juste dire que leur légitimité scénaristique découle plus d’une vision artistique propre à la réalisatrice (lui attribuant un sens qui tient de l’expression corporelle) que d’une logique véritablement cinématographique.
Ce qui élagué aurait pu donner un court-métrage intéressant, nous donne finalement un film qui synthétise les plus gros défauts du cinéma indépendant américain. 1h12mn de film interminables, où les dialogues sont rares car l’image est censée parler d’elle-même, où l’élément étrange qui perturbe et alimente le récit est en fait une métaphore qu’on doit accepter comme telle. Une œuvre qui se la raconte mais ne raconte pas grand chose, de longs plans sur des personnages n’ayant rien à dire ni à faire véritablement, ponctués d’une musique jazzy horripilante servant à cautionner et générer l’identité arty de l’œuvre. Quand on se permet une telle licence poétique et artistique, il faudrait avoir un sacré talent pour ne pas accoucher fatalement d’un film d’une vacuité aussi plombante.