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publié par nico le 07/12/05
Trois Enterrements - Tommy Lee Jones
Tommy Lee Jones

Melquiades Estrada (Julio César Cedillo) est un mexicain clandestin au Texas. Melquiades Estrada est un ami de Pete Perkins (Tommy Lee Jones), cowboy texan. Melquiades Estrada est mort.

The Dead Texan

Après s’être initié à la réalisation avec The Good Old Boy, un téléfilm datant de 1995, où il était déjà question de cow-boys texans et plus particulièrement de l’aménagement du territoire suite au Homestead Act de 1906, Tommy Lee Jones, avec Trois Enterrements, reste dans une thématique où il est encore question du territoire et de ses frontières. Sur un scénario signé Guillermo Arriaga, à qui l’on doit Amours Chiennes et 21 grammes, Tommy Lee Jones nous emmènes dans des étendues texanes et mexicaines qu’il affectionne en quête d’une rédemption. Un voyage autant physique (le transport de Melquiades Estrada du Texas au Mexique) que spirituel (la rédemption de Mike Norton (Barry Pepper)). Un voyage situer quelques part entre les films de John Ford et ceux de Sam Peckinpah, en passant par Clint Eastwod (L’homme des hautes plaines et Impitoyable entre autre)

Alors que cette frontière mexicano-texane est omniprésente physiquement tout au long du film (la surveillance de la police et la traversée des clandestins), et spirituellement, (la traversée du fleuve Rio Grande comme libération de l’esprit dans le pays des morts), elle semble paradoxalement effacée dans certains passages, comme en atteste la rencontre avec le vieillard aveugle écoutant une station de radio mexicaine qu’il ne comprend pas, uniquement pour sa musicalité comme il le précisera, ou bien à l’inverse les chasseurs mexicains croisés au milieu du désert, qui regardent un sitcom américain sans le comprendre, d’un coté la musicalité mexicaine et de l’autre l’imagerie américaine. Tommy Lee Jones cherche ainsi à nous faire perdre nos repères dans son film, nous montrer l’ironie d’une telle frontière et nous donner une ivresse dans une étendue désertique aussi vaste. Il n’hésite pas non plus à déstructurer la narration, naviguant entre passé et présent d’une séquence à l’autre, pour nous montrer que malgré la mort physique de Melquiades (même si nous pouvons contester celle-ci, tant son corps est présent tout au long du film), celui-ci reste toujours présent spirituellement, une conception très mexicaine du rapport ente la vie et la mort.

A Lonesome Cowboy

Tommy Lee Jones en profite pour nous montrer l’Amérique comme un eldorado pour les Mexicains, mais aussi pour les Américains trop encrés dans leur culture pour s’apercevoir des dysfonctionnements de celle-ci. Une Amérique qui existe par l’image, celles des magazines porno, des supermarchés, des shérifs en Stetson, des cafés de « diner », où il semblerait qu’il y ait besoin d’un choc, d’une violence physique (une cessation de la vue pour le vieillard par exemple) pour s’apercevoir du miroir aux alouettes que celle-ci représente. Son film ne condamne pas pour autant cette Amérique, mais fait la constatation de l’illusion qui envahie le quotidien de certains de ces citoyens.

Tommy Lee Jones nous signe avec Trois Enterrements un film brillant sur la désillusion et la rédemption dans une Amérique moderne.

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publié par le 07/12/05