tâtonnant
tracker est le projet studio de john askew, qui dirige l’excellent label de portland film guerrero (nid douillet qui abrite norfolk & western entre autres). initié début 1998, un premier album, ames paru en 2000, posait les bases de l’identité de tracker sans que celle ci ne fût complètement cernée ou définie, le processus d’enregistrement se faisait en tâtonnant alors qu’askew se familiarisait avec les techniques et le matériel du studio type foundry. tracker n’était alors pas véritablement un groupe : askew était épaulé par michael scorr, ami de longue date et batteur des excellents death cab for cutie, groupe qui l’occupait pas mal si bien qu’askew était régulièrement seul aux manettes pour enregistrer comme il l’explique dans l’interview donnée au très riche webzine in music we trust. pour ce deuxième album, askew, outre michael schorr, s’est adjoint les services de la tête pensante des norfolk & western, adam selzer, formation bêtement trop méconnue, du génial m. ward à l’orgue, de raymond richards au pedal steel (instrument qu’il a auparavant utilisé pour mojave 3 ou hope sandoval) ainsi que de chris funk des decemberists au pedal steel, entre autres.
minutieux
avec plus d’assurance en studio, ce polk est construit sur des dynamiques, des sonorités qui semblent au plus proche de l’intention de départ d’askew tant l’ensemble est harmonieux. évidemment un tel aboutissement requiert, c’est sûr, un travail démesuré, minutieux (... et même secondieux si vous me suivez). puisant dans les racines profondes américaines, quelque part entre le folk, l’americana et le rock, polk s’apparente à un road movie retranscrit musicalement. une impression donnée dès la pochette, photographie aérienne de désert traversé par une maigre route sur laquelle s’aventure une petite voiture comme seul signe de civilisation. alors que la musique s’élève, en contemplant cette couverture, on imagine cette musique survolant le paysage lunaire comme une caméra balayant le sol de si haut. quelque chose qu’on a déjà ressenti à l’écoute de giant sand (groupe qui revient fréquemment pour situer tracker) ou de for carnation.
épique
je pense aux premiers pour la construction des morceaux, mêmes sonorités acoustiques empreintes d’atmosphères très naturelles, un habillage élégant et des mélodies envoûtantes avec sur ce polk une petite touche d’électricité ajoutée, un petit plus d’énergie (ce qui transparaît notamment sur l’épique "swimmer" où quelques notes de piano s’égrainent sur une guitare rageuse). et je pense aux seconds pour les mêmes ambiances très vaporeuses qui sont condensées dans un format plus pop chez tracker (sur "nova pt. 1" par exemple). bref, polk est une merveille dans son intégralité, chaque élément, chaque ligne, chaque morceau est justifié, rien de superflu, juste ce qu’il faut de retenue et jusque ce qu’il faut de développement pour une cohésion parfaite . voilà : derrière ce banal tracker - polk se cache un des albums les plus charmants de cette année, et des pépites comme "area" ou le tout en dissonances "distance is the sun". puisque le groupe assurera la première partie de transmissionary six en france (lille, paris pour le moment) lors de leur tournée début novembre, il est recommandé d’écouter polk sous peine d’avoir des regrets par la suite !