accueil > articles > lives > Tindersticks + (...)

publié par Fabrice Privé le 13/10/12
Tindersticks + Thomas Belhom - La Sirène, la Rochelle - 10/11/2012
La Sirène, la Rochelle

On espère que Calexico n’en prend pas ombrage, mais, sur scène ou sur disque, ça fait maintenant quelques années que Thomas Belhom et les Tindersticks se fréquentent assidûment. Et c’est bien naturellement que l’association est reconduite pour cette tournée 2012. Ce soir : escale rochelaise, dans les entrailles portuaires et chaleureuses de La Sirène.


Thomas Belhom solo assure la levée de rideau, installé au cœur de son attirail percussif (cymbales, cloches, gongs...) qu’il sollicite sans relâche et maltraite méticuleusement pour installer les micro-climats de son dernier album en date Rocéphine. Si la tendance est plus introspective que jadis, quasi insulaire, Belhom se sent toujours positivement apatride : la variété des sons convoqués fait encore voyager vers des coins reculés du globe et la petite histoire, pas drôle, intime devient universelle. "L’avancée en Moi", "Local Loco", "Temps Allongé"... les fondations de chaque titre sont coulées par des guitares bouclées live ou des notes de clavier, mais là où d’autres commenceraient à monter, pierre par pierre, un édifice proportionné, Belhom prend bien soin de conserver le tout en équilibre instable. La poésie de l’approximation calculée. Le format chanson s’étire et se disloque sous les effets d’un sample anachronique, d’une saillie jazz ou d’une parenthèse concrète.


Par contre, chez les Tindersticks, il n’y a pas vraiment de place pour la déraison, l’embardée ou l’emballement. Et c’est bien la seule petite chose qu’on pourra leur reprocher. La formation de Nottingham gagne rarement ses matches par KO mais se voit assurée de les remporter aux points. Et dans le rôle du boxeur magnifique, il y a Stuart Staples, dont la carrure imposante contraste toujours autant avec la délicatesse de sa voix chevrotante. Ce soir, cette dernière est majoritairement mise au service du dernier album "The Something Rain", joué quasiment en intégralité (mis à part ses deux extrémités). Et si on n’oublie pas quelques valeurs sûres d’antan ("If You’re Looking For a Way Out", "If She’s Torn"...), on est content de voir que cette formation miraculée ne se contente pas de gérer les stocks, elle est encore en mouvement, et les nouvelles choses tentées sur disque passent très bien l’épreuve de la scène : particulièrement "Show Me Everything", dont l’implacable montée fait frissonner, ou le rapide "Frozen" dont les guitares mettent des petits coups de cutter dans l’espace. Et dans un registre plus apaisé, du moins musicalement, les nouveaux titres, "Medicine" en tête, injectent aussi leur délicieux venin. Lentement mais sûrement (ça devrait être la devise du groupe...), on ne peut que succomber : les Tindersticks demeurent bel et bien, avec Lambchop et un choix d’options différent, les meilleurs pourvoyeurs d’une soul blanche à l’élégance alanguie et infinie.

Partager :

publié par le 13/10/12