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publié par Gillen Azkarra le 27/03/19
Thylacine
- Roads vol. 1
Roads vol. 1

De la Russie à l’Argentine, en passant par l’Ukraine, Thylacine poursuit ses explorations musicales. Après Transsiberian, le saxophoniste angevin nous embarque avec lui dans un périple passionnant à travers l’Amérique du Sud, la cordillère des Andes, à bord d’une caravane Airstream transformée en un studio d’enregistrement alimenté par des panneaux solaires. Et voilà Thylacine parti bourlinguer sur le bitume argentin. Une sorte de Kerouac musical moderne, sur la route, partant rencontrer le monde et composer - au bruit du vent, de la pluie et des orages - sa musique si pénétrante. Roads vol. 1 est une belle ode au voyage et à la liberté : dix titres pour la bande-son du routard contemporain.

« On the road »

Avec le premier titre, “Murga”, on entre tout de suite dans le vif du sujet. C’est une petite mise en jambes bien enlevée avant le décollage. Sur “Purmamarca”, Thylacine s’offre un petit tour sur la route nationale 52, à 2206 m d’altitude, dans la province de Juju, au pied de la montagne aux sept couleurs. La mélodie est aérienne, éthérée, et l’écho amplifié rappelle l’écho des montagnes. “El Alba” prolonge l’expérience : dans l’ombre, le saxophone accompagne la voix de Weste - chanteuse de folk expérimental. Celle-ci a une voix légère et en même temps profonde, qui pose un bon flow, entraînant, poursuivant le voyage vers le cœur de l’album.

Puis vient “The Road”, appel à la route, à vagabonder sur des chemins infinis. Une belle réussite. À l’écouter, comme dans le clip, on survole une grande autoroute sud-américaine, entourée d’une nature environnante et prégnante. Pour écouter ce titre, suivez le GPS. “Volver” - titre envoûtant et planant dans lequel Thylacine fait place au saxophone, son instrument de prédilection - transmet de bonnes ondes. Le titre suivant, “4 500 m”, issu d’une expérience vécue à cette altitude par temps d’orage, invite le rappeur Mr. J. Meideros (moitié d’AllttA) pour un titre parfait et poignant, tout en montée comme Thylacine sait si bien le faire. Enfin, coup de coeur pour le titre “Condor”, qui, tel le vautour andin, nous fait voler sur des nappes profondes et veloutées, rappelant la techno de Paul Kalkbrenner.

Retour sur la terre sacrée pour la dernière partie de l’album. “Sal y Tierra”, lent et onirique, sur fond de synthé et d’un saxophone mélancolique, incite au rêve et à la méditation. “Santa Barbara”, calme et progressif - dans un esprit cinématographique - conclut l’album avec brio, démarrant avec une petite guitare andine, le charango, et montant en puissance avec la voix intime et claire de Julia Minkin (du groupe Kid Francescoli). Ne reste qu’une petite outro - anecdote de voyage concernant le chiffre trente - que je vous laisse découvrir.

Roads vol. 1 est bien équilibré, tantôt calme, tantôt rapide, parfois dansant, parfois cérébral, ce qui résume parfaitement les errances du compositeur angevin. On y retrouve une forme de vitalité propre à la route et au voyage. Réaliser un album de cette manière, avec un studio nomade, permet cette expérience singulière de titiller l’inspiration en fonction des rencontres et du chemin, qui, en eux-mêmes, sont pleins de surprises, d’imprévus et de hasard. Il y a de belles montées, accompagnées d’envolées symphoniques et atmosphérique, tout ça donnant l’envie énergique de partir (ou repartir) sur la route, à la recherche de grands espaces où la nature y est encore maîtresse de son destin.

Et à défaut de tout laisser tomber et de partir bourlinguer - car métro, boulot, dodo - Thylacine nous offre après Transsiberian un nouveau voyage musical riche et captivant.

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publié par le 27/03/19