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publié par Mickaël Adamadorassy le 19/11/04
this is the girl + fingerless + apel doorn - La Java, Paris - 07/11/2004
La Java, Paris

Apel Doorn

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Premier groupe de la soirée, Apel Doorn a ramené tout un attirail de scène, des petites bougies posées au niveau de retour, des décos en papier un peu partout, des machins (y a pas d’autres mots) design en fond de scène et puis une chanteuse avec des petites ailes dans le dos. Bon on va dire que j’ai du mal avec les filles qui portent des petites ailes sauf dans broken wings (un film israelien pas sur une fille partagée entre sa famille et ses rêves de rock’n’roll, je vous le conseille). Mais j’ai surtout eu du mal avec le style musical, pop-rock carrée mais pas très inspirée : une pop comme ça ne se pardonne qu’a coups de refrains-intuitions qui deviennent des hymnes (et finissent par agacer accessoirement mais bon...). Là c’est très bien joué, on sent l’expérience de la scène (le groupe tourne apparemment depuis un bon moment) mais rien qui transcende notre chanteuse à petites ailes en fée. Là où j’ai définitivement lâché l’affaire, c’est la reprise de noir désir, avec ces trémolos dans la voix. C’est bien de savoir vraiment chanter mais là ça tenait plus de la démonstration et paradoxalement je n’ai pas ressenti l’émotion qu’est capable de générer Cantat. Néanmoins cette reprise pourrait montrer la voie au groupe, car la partie qu’ils ont rajoutée eux était pas mal du tout. En conclusion, avec de la maturité, un peu d’explorations vers des horizons différents, moins d’esbrouffe dans la voix et plus de recherche de la mélodie qui tue, il y a quelque chose à faire, surtout que la chanteuse a de la voix et que le groupe joue bien. Simplement là je ne me rappelle pas une seule note de leur set.

Fingerless

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Ca serait difficile de prétendre qu’on parle objectivement de fingerless sur le cargo, vu que certains matelots les connaîssent bien mais c’est aussi le cas pour exsonvaldes par exemple et on assume totalement nos coups de coeur car l’un comme l’autre font partie d’une scène française qu’on a envie de soutenir. fingerless c’est donc trois garçons, une fille et je vous laisse calculer le nombre de possibilités (musicales bien entendu)... Vous voulez la soluce ? On va dire que c’est rock dans l’intention, parfois pop dans la formulation, en français dans les textes, qui tiennent plutôt bien la route, et qu’ils ont écouté juste assez de métal à mon avis pour nous offrir les gros riffs (celui de parle-moi par exemple est imparable) qui manquent à pas mal de formations qui ont les mêmes aspirations. Sur scène, ils font preuve d’autant de métier que apel doorn, avec moins d’accessoires quand même, juste un boa sur le pied de micro. Et concrètement ça donne quoi ? Un groupe jamais statique, une chanteuse-guitariste à la présence convulsive, complètement immergée dans la musique, au point de donner par moment l’impression de se noyer. On sent bien ce petit grain de folie, les finaux un peu chaotiques qui font des concerts de rock une véritable expérience, pas le sentiment de s’être vaguement fait arnaqué en payant très cher pour voir un disque reproduit fidèlement live (remarque pas valable pour tous les groupes, les grandaddy par exemple font ça très bien et personnellement j’en redemande). Au final, la seule chose sur laquelle on pourrait faire la fine bouche serait le traitement de la voix dans le mix, je trouve qu’elle ne ressort pas assez, en partie une question de placement au niveau de la chanteuse, mais ça vient aussi du mix qui ne la met pas assez en avant.

This is the girl

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« La basse est un instrument inutile ! la preuve par 2 ». C’est l’accroche donnée par this is the girl pour introduire le concert de ce soir à la Java. La preuve par 2, parce qu’il s’agit donc d’un duo guitare-batterie. Et je peux vous dire que je les attendais au tournant. Malheureusement ça a un peu dérapé dans le virage : en effet, la Java a loupé son travail de sonorisation : déjà à la première chanson, le mec à la console (apparemment un stagiaire ou un débutant), oublie d’envoyer la voix. Si c’est rectifié par la suite, pendant tout le concert, on aura droit à une overdose de batterie qui, vu la configuration de la salle, aurait presque pu ne pas être amplifiée (il faut dire que Marc-Aurèle, le batteur, joue bien mais fort). Par contre, de guitare, il n’est pas question et ce jusqu’à la fin du set. Et c’est d’autant plus grave que si on ne peut pas reprocher au débutant d’avoir du mal (surtout que la console étant derrière la batterie il n’a aucune idée du son en salle), on peut par contre reprocher aux trois membres du staff qui se baladaient dans la salle pour juger du son de ne pas l’avoir aidé.

Cependant je ne voudrais pas trop blâmer la Java car à l’heure où le nombre de salles qui acceuillent des groupes indé diminue (la flèche d’or a fermé, le Glaz’art est sur le point de le faire), la programmation de la Java est quand même intéressante (il y a eu hopper deux semaines avant) et ils ont beaucoup de mérite pour cette opportunité qu’ils donnent à une certaine scène française. Cependant ne pas offrir aux groupes la possibilité d’avoir un son correct ça ne profite à personne, sauf peut être à l’activité salsa qui commence alors que les groupes sont encore en train de remballer le matériel.

Après cette longue digression, vous pourriez croire que j’ai eu du mal à juger si this is the girl va réellement mettre au chômage les bassistes. En fait, je peux quand même vous dire que le chanteur a une sacrée voix, dans la lignée d’un Eddie Vedder (Pearl Jam), que le batteur est lui aussi très bon, que les chansons tiennent la route. Par contre, je ne suis pas convaincu qu’une basse n’aurait pas trouvé sa place dans un répertoire où l’on sent quand même bien l’influence Seattle. Je ne dis pas que la basse manque mais les compos ne sont pas construites de manière à la rendre obsolète. Ce qui n’enlève rien à leur qualité.

J’aurais aussi aimé un set qui ménage quelques plages plus calmes, d’ailleurs le groupe a aussi une facette acoustique avec Marc-Aurèle qui passe aux tablas et Matthieu à la sèche. Mais vu le temps imparti et les problèmes de sonorisation, un set tout électrique était sûrement la meilleure option. Au final, malgré les problèmes de son, this is a girl m’a fait une bonne impression, la voix en particulier. Le groupe manque un peu de présence scénique mais à deux et avec l’obligation de tenir le chant pour Matthieu, c’est difficile de s’agiter autant que les quatres membres de fingerless ... je vous invite en tout cas à lire la chronique de leur 4-titres à suivre sur le cargo qui donne une perception beaucoup plus juste du groupe.

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publié par le 19/11/04