Ça commence par une superbe pochette en tissu beige, un objet collector à découdre sur le dessus pour atteindre un livret cartonné grand format plié en huit, œuvre en tirets sur le recto, paroles et numéro/signature au verso, pour finalement découvrir bien au chaud le cd 5 titres de ce You and me against the world ep ... en douceur ...
Ça commence par un The Sleeping Years en allusion directe au fabuleux "Beauty n°3" des Catchers, groupe irlandais ayant marqué de ses chansons pop et de ses ballades déchirantes le milieu des années ’90. Groupe ayant eu à sa tête le jeune et talentueux Dale Grundle qu’on retrouve ici presque 10 ans plus tard, seul dans cette nouvelle enveloppe protectrice ... toujours douceur ...
Ça commence aussi par une apparition en début d’année sur la compile du cargo escale #2, mise en appétit de choix avec le singlesque "Islands". Reprise de contact idéale avant la réception du dit ep sur lequel ce morceau ne figure d’ailleurs pas.
Ça commence mais pas tout à fait puisqu’il est très tentant évidemment d’établir une comparaison avec ces Catchers de notre jeunesse, d’à la fois espérer retrouver ce songwriting magistral qui nous ensorcelait (et qui nous manque cruellement) et d’à la fois redouter la pâle copie, l’amoindrissement, le retour sans intérêt. On a beau être nostalgiques par nature, on se méfie fortement des come-backs au goût trop souvent frelaté. Or ici pas de retour en fanfare (nouveau nom de scène), pas de répétition de style musical, Dale Grundle revient discrètement, dans un registre moins pop, dépouillé même, et nous livre un ep à la sensibilité encore plus exacerbée qu’à l’époque ce qui non seulement n’est pas rien mais en plus n’est vraiment pas pour nous déplaire. Plus de sensibilité, plus de mélancolie, plus de douceur justement.
Or paradoxalement ça ne commence pas si doucement que ça puisque le premier titre "You and me against the world" est en fait le plus enlevé du disque avec ses percus à la main, ses arpèges dynamiques et un chant aussi sensible qu’assuré. Quel plaisir de retrouver cette incroyable qualité d’écriture, de découvrir ces textes, régals pour les yeux et les oreilles. Plaisir qui ne fait que commencer puisque Dale Grundle place d’entrée de jeu les deux plus beaux morceaux de l’ep, comme deux facettes indissociables d’une riche personnalité. C’est donc par une magnifique ballade qu’on continue le voyage, "The lockkeeper’s cottage", bouleversante, si délicate et assortie d’une nouvelle perle de texte pour bien nous achever. La mélancolie s’installe pour de bon, entretenue par l’instrumental "The 22nd house" et son piano tremblant puis par "Dressed for rain", morceau tout en nostalgie, le chant murmuré, la musique se faisant de plus en plus lumineuse alors qu’on remonte le temps pour fleurir sur une très belle fin au milieu de chœurs savoureux. Le seul morceau auquel on aura un peu moins accroché par contre est le dernier, "How long have you waited ?". La faute peut-être aux trop délicats arpèges qui donnent cette fois un petit côté précieux ou figé à la chanson. Sentence un peu lourde sûrement pour ce morceau qui, bien que joli, pâtit d’une concurrence de très haut niveau sur cet ep. On mesure ainsi mieux le tour de force de réussir à conserver toute la sensibilité du chant et de la guitare sur les autres morceaux sans jamais croiser cette ligne pourtant très difficile à saisir, sans jamais perdre cette belle fragilité.
Ça commence certes, mais ça finit surtout beaucoup trop tôt, format 5 titres oblige. On attend donc avec une certaine impatience un album complet pour confirmer toutes ces belles promesses et nous emmener un peu plus loin encore ... en douceur ...