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publié par gab le 26/11/07
the go-betweens
- write your adventures down
write your adventures down

C’est avec une joie non feinte et une émotion certaine que le bureau de recherche du cargo livre aujourd’hui les conclusions d’une grande étude menée tambour battant et attendue par les plus influents acteurs du monde musical actuel sur le sujet universel et ô combien passionnant suivant : « Comment bien réussir un tribute album ? ». Vaste sujet à l’époque des come-backs quinquagénaires florissants et autres compilations annuelles agrémentées d’un pauvre inédit solitaire sensé faire vendre. Vaste sujet surtout quand on voit les résultats voués à l’échec, pour ne pas dire carrément catastrophiques, de ce genre d’entreprise. Et en effet, comment obtenir un album qui se tienne au niveau ambiances musicales et atmosphères alors qu’on a autant de groupes répondant à l’appel que de morceaux ? Au mieux on n’obtiendra qu’un patchwork hétérogène de chansons allant du groupe transi de peur et de respect qui restera trop proche du morceau original (en moins bien généralement) à celui trop sur de lui et voulant en mettre plein la vue qui se sera trop éloigné de l’esprit de la chose et surtout des petits camarades de jeu qui l’entourent pour l’occasion. Un véritable casse-tête donc si on ne veut pas que le projet ne termine en compilation de hits lambda sans âme et surtout sans le moindre intérêt. Voila pour la problématique. Et pour avoir écouté ce qui se faisait ici et là, on constate qu’on tombe rarement sur plus de deux morceaux vraiment intéressants par tribute album. Quelques exemples vite fait pour illustrer nos propos : le tribute à Jacques Brel, Au suivant, donne deux superbes morceaux, point ("Ces gens là" par Noir Désir et "Au suivant" par M). Celui à Brassens, Les oiseaux de passage, ne laisse pas de souvenirs impérissables (à part peut-être la version de "La ballade des gens qui sont nés quelque part" par Tarmac, même Noir Désir et Miossec ne sont pas à la hauteur). Celui aux Smiths, The smiths is dead, avec pourtant du beau monde (The boo radleys, The frank & walters, The divine comedy ...) ne faisait pas beaucoup mieux avec tout juste deux morceaux potables ("Bigmouth strikes again" par Placebo et "Some girls are bigger than others" par Supergrass). Tous ces exemples, outre la déception de voir des groupes qu’on aime bien se ramasser lamentablement, laissent une grosse impression de gâchis et en bouche, au final, comme un parfum désagréable d’inutilité.

technique

Or il se trouve que réussir un bel album hommage c’est possible, très rare peut-être mais possible. Certains l’ont fait même. Et le mot clé dans ce cas est l’homogénéité bien sur. Le liant. Le ciment en quelque sortes. Car en effet, nous n’avons pas affaire ici à une compilation mais bien à un album à part entière et comme tout album qui se respecte celui-ci doit s’inscrire dans un projet et surtout il doit être contrôlé de près par les organisateurs du dit projet. Ce sont eux qui par leur dynamique donneront une cohérence à l’ensemble. Plusieurs techniques sont possibles pour cela bien entendu. La première dite « à la Noir Désir » consiste à proposer à une flopée d’artistes les pistes de ses albums pour remixes et plus si affinités, tout en prenant bien soin de conserver le contrôle total sur l’objet final. Ça donne un tribute album qui n’en est pas un (tout en en étant un si vous me suivez bien) et dans leur cas c’est très réussi. Il se trouve que là les organisateurs sont les membres du groupe eux-mêmes, ce qui aide, forcément, bien que pour nos Brassens, Brel et consorts ça risque de poser des problèmes de logistique difficilement contournables. Mais ce n’est pas obligatoire non plus, le meneur de jeu peut tout à fait être quelqu’un d’indépendant. il devra réellement insuffler dans ce cas une âme à l’album artistiquement parlant et surtout préserver la cohérence de l’ensemble en étendant son contrôle jusque dans l’enregistrement des morceaux s’il le faut. Il s’agit là des bases de la deuxième technique, qui de fait nous intéresse plus particulièrement aujourd’hui, puisque nous avons un très bel exemple de réussite sur ce schéma avec Write your adventures down, tribute album aux Go-betweens.

scénario

Et nous vous proposons sans plus tarder de vous livrer la liste des ingrédients requis pour une tambouille parfaite :

A/ Phase 1 : le recrutement

A.1 - Nommez, comme on le disait plus haut, un directeur musical de confiance (ici, David McCormack, guitariste de son état) à qui reviendra donc la difficile tâche, le défi même, de mener le projet à terme.

A.2 - Décidez ensuite d’une base solide de musiciens pour assurer les parties musicales de tous les morceaux. ça peut donner une impression de baloche dit comme ça mais pour le liant, c’est incomparable. Ne pas négliger le recrutement de cette base, tous les DRH vous le diront, l’idéal étant comme ici d’aller chercher la section rythmique du groupe auquel on rend hommage, à savoir Adele Pickvance à la basse et Glenn Thompson à la batterie. Complétez le groupe musical de collaborateurs dévoués qui suivront sans broncher la direction imposée, piochez dans la famille s’il le faut (Dylan McCormack à la guitare par exemple), le piston étant comme partout autorisé pour ne pas dire conseillé.

A.3 - Trouvez alors une dizaine de chanteurs, de préférence pas trop connus, ils ne tireront pas la couverture à eux, pour interpréter les morceaux. Attention, c’est un moment clé. De la personnalité mais pas trop, de la voix mais pas trop non plus. Il s’agit de rester dans le feeling général du groupe tributé et chez les Go-betweens comme souvent, c’est le feeling justement qui compte.

B/ Phase 2 : le scénario

B.1 - Votre DRH préféré(e) vous conseillerait sans hésiter d’attaquer cette deuxième phase par un stage d’intégration des plus corsés. Nous resterons modérés, dans notre cas pas la peine d’envoyer nos troupes manger du ver de terre dans le bush, une petite soirée bien sentie suffit amplement. Organisez donc avant toute chose un concert rassemblant tous les protagonistes. Concert se déroulant dans le fief du groupe concerné (Brisbane pour les Go-betweens) et retransmis en direct à la radio, ça mettra une saine pression et fera surtout bien bosser tout le monde en amont.

B.2 - Ce point-ci reste optionnel mais est fortement conseillé pour obtenir un supplément d’âme et une forte dose d’émotion, faites mourir un des membres fondateurs du groupe d’origine dans les six mois précédant votre entreprise, ça aidera et le concert et l’album, surtout si vous choisissez des morceaux au contenu évocateur genre "No reason to cry" ou "Dive for your memory" et que vous les faites chanter entre autres par les anciens membres du groupe (ici, Glenn Thompson, batteur des Go-betweens, suivez un peu voyons).

efficacité

Voila, à ce moment là, normalement vous êtes prêts à envoyer tout votre joli monde en studio pour un maximum d’efficacité, vous n’avez pas bâclé les préliminaires, le scénario est bien enclenché, ils vont donner le meilleur d’eux-mêmes. Et si avec tout ça vous n’obtenez pas un album homogène, se tenant à merveille, poignant par moments et avec en plus quelques perles pour vallonner le chemin (le réjouissant "Lee remick" par Patience Hodgson en entrée, le superbe "Bye bye pride" par la révélation de ce disque Sarah Blasko et le magistral et très nick-cavien "The house that Jack Kerouac built" par Glenn Richards), on ne peut plus rien pour vous ! Maintenant pour les plus téméraires d’entre-vous, n’hésitez pas dorénavant à vous référer à ce manuel aussi exhaustif que brillant et envoyez-nous vos productions de tribute albums, on se fera un plaisir de contrôler tout ça et de vous donner le label « cargapproved » le cas échéant, avec une petite chronique de derrière les fagots pour la route.

p.s

Ah oui, on oubliait presque, pensez tout de même à bien choisir le groupe auquel vous allez vous attaquer, un qui écrit d’immenses chansons intemporelles tant qu’à faire. On sait, ça ne court pas les rues et plus le temps passe moins il en reste, forcément. Pour les Go-betweens d’ailleurs c’est trop tard, dommage pour vous. Ne traînez pas trop en tout cas, on a regardé la liste et vous êtes prévenus, le dernier arrivé récupère Status quo.

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publié par le 26/11/07
Derniers commentaires
vinciane - le 27/11/07 à 08:32
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c’est comme les plats chinois, on ne sait pas ce qu’il y a dedans mais on aime (nem ?) d’avance.

Informations

Sortie : 2007

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