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publié par arnaud le 02/04/06
The Warlocks
- Surgery
Surgery

Neurasthéniques

Tombés au coeur de la vague revival du rock garage à la White Stripes, les Warlocks sont un peu passés à la trappe des modes, devancés dans leur propre catégorie par des Black Rebel Motorcycle Club, bien mieux "vendus" de ce côté ci de l’Atlantique. Leurs albums précédents présentaient pourtant déjà, au milieu des tics psyché très 60’s (et qui n’auraient rien à envier au Brian Jonestown Massacre), une grande faculté à pondre des ambiances hypnotiques complètement neurasthéniques, voire suicidaires (le magnifique Isolation que la maison de disque française avait stupidement zappée de la version hexagonale de Phoenix). Il semble que c’est cette voie qu’a décidé de suivre le groupe sur ce nouvel opus intitulé Surgery. Avec en bonus sur quelques chansons, à l’instar des scandinaves Raveonettes, un gros clin d’œil vers les mélodies Spector-iennes du début des 60’s histoire de relacher un peu la tension (Angels In Heaven, Angels In Hell ou Evil Eyes Again en tête).

Fragiles

Ce n’est pas pour autant que les Warlocks versent dans la légèreté, au contraire, il y a toujours chez eux une espèce de fragilité, une faille qui les rend vulnérables et graves, incarnée par la voix de Bobby Hecksher : mixée en arrière, parfois chevrotante, et toujours sur la brêche, prête à se briser en mille morceaux. Et quand elle se décide à faire preuve d’un peu plus de vigueur, c’est pour laisser les instruments prendre eux-mêmes des allures brûmeuses et planantes (le final de We Need Starpower ou un Thursday’s Radiation quelque part entre Spiritualized et Dead Meadow). Il y a aussi ces ballades mélancoliques comme The Tangent ou bien Above Earth, à la base acoustique soutenue par les claviers de Laura Grigsby et les e-bows des guitares, sur lesquelles la voix diaphane de Bobby prend toute sa signification, véritable funambule en équilibre dans le mix.

Claustrophobes

Surgery est un album sombre, dont les rares instants de lumière mettent en valeurs ses couleurs délavées, à l’image des sept minutes vénéneuses de Suicide Note, titre qui clôt le disque, hantée par la voix spectrale de Bobby, et un clavier flottant tandis que les guitares semblent s’extirper péniblement de la torpeur ambiante. Le disque est à cette image, une espèce de voyage trouble sous influences psychotropes : on y progresse en chancelant, on y superpose les couleurs de son propre trip pour éviter de sombrer dans le noir de la dépression, tout en essayant de presser le pas au gré du tempo, comme pour recoller à la vie. Rien à faire, les guitares fuzzy, les motifs répétitifs (cf Warhorses titre bonus halluciné), et ces deux batteries apocalyptiques nous rattrappent au final, pour nous enfoncer un peu plus la tête sous l’eau... Surgery est une expèrience éprouvante, un petit bijou qui dérive bien vite d’une pop saturée vers un rock atmosphérique, à mi chemin entre claustrophobie et vertiges des grands fonds et il fait bon se laisser submerger.

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publié par le 02/04/06
Informations

Sortie : 2005
Label : Mute