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publié par Sfar le 26/04/09
The Sopranos - Rétrospective
Rétrospective

4 semaines, à peine 4 semaines, c’est le temps qu’il m’a fallu pour regarder les 86 épisodes des 6 saisons d’une des meilleures séries américaines jamais égalée : The Sopranos. C’est dire si cette création de David Chase est des plus palpitantes. En fait, durant les six saisons proposées, nous n’avons jamais le sentiment de regarder une série mais plutôt de suivre un film : un très long film. Le succès et les récompenses accumulées ne sont pas dus au hasard : tout est de qualité dans The Sopranos ; que ce soient le scénario qui jamais ne faiblit, les personnages, la qualité des acteurs choisis et leur interprétation mais aussi jusqu’au subtil choix des différentes bandes sons (rock, jazz, brit pop, hip hop...). Comme dans toute série prestigieuse de grands noms se sont affairés à la réalisation de certains épisodes. Ce fut ici le cas pour Steve Buscemi qui, en plus d’interpréter un personnage récurrent, le cousin de Toni Soprano, réalisa 4 épisodes.

Analysez-moi

The Sopranos retrace l’existence d’une communauté mafieuse italo-américaine fin 1990, début 2000. Sujet à des crises d’angoisse, le personnage principal, le boss Tony Soprano, est dépressif. Il va entamer une psychothérapie, qu’il poursuivra de manière chaotique durant les 6 saisons de la série, avec le Dr. Jennifer Melfi. Celle-ci est elle-même en analyse et nous aurons, à diverses occasions, le loisir d’assister aux rencontres de différents analystes entre eux et de leurs confrontations théoriciennes. La psychothérapie est omniprésente tout au long des 6 saisons. David Chase, lui-même en thérapie au moment de l’écriture de la série, s’est d’ailleurs inspiré de sa propre psychiatre pour le personnage de la psy de Tony Soprano. Durant les 86 épisodes, c’est toute la famille du chef du clan qui ira consulter, sa femme Carmela, sa fille Meadow mais aussi pour des troubles beaucoup plus importants son fils Anthony. Les problèmes psychiques de Tony Soprano n’auront de cesse de rechercher leurs origines chez sa mère hyper-dominatrice, présente lors des premières saisons de la série. Celle qui fut d’abord adorée par son fils, sera haïe jusqu’à sa mort lorsque Tony découvrira qu’elle a comploté avec son beau frère Corrado "Junior" Soprano afin de supprimer son propre fils.

Le parrain

The sopranos est d’abord une série sur la mafia italo-américaine avec ses activités officielles, officieuses, la guerre des clans, les rituels... Derrière les façades d’un bar de Strip tease le Bada Bing ou de la boucherie Satriale se trament les coups les plus fumeux et même les plus foireux, les manigances pour récupérer les pouvoirs ou pour éliminer des personnes soupçonnées de traitrise ou qui gênent la bonne marche des affaires en cours.

Les meurtres s’enchaînent sans se poser de questions. Quand en parallèle, on a depuis quelques années une multiplication de séries comme les Experts où les meurtres les plus parfaits compromettent irrémédiablement leur auteur. Dans The sopranos, il semble qu’on puisse tuer à découvert sans même être véritablement inquiété. Du moins personne ne se soucie trop des conséquences, si ce n’est dans les derniers épisodes où il est question de faire disparaître les corps avec de l’acide afin de ne pas laisser quelques fâcheuses traces ADN.

Le comique inattendu

Une série à base de meurtres mafieux, de personnages dépressifs pourrait sembler angoissante ou complètement démoralisante. Bien au contraire, on développe déjà au fil des saisons une tendresse énorme pour tous ces personnages malgré les atrocités qu’ils sont capables de réaliser. Certains sont aussi dotés d’un comique magnifique. La mère de Tony Soprano, Livia, et son oncle Corrado « Junior » possèdent de forts caractères et leur mauvaise foi est souvent hilarante. L’un des personnages les plus distrayants est certainement Paulie Gualtierie, sorte de vieux beau à la Morrissey, égoïste, égocentrique, qui voue un culte à sa maman, manie la mauvaise foi plaintive et pratique un fayotage sans bornes auprès du boss Tony. L’épisode “l’Enfer Blanc” dans lequel il se retrouve perdu en pleine forêt avec Christopher Moltisanti, le jeune cousin de Tony, est l’un des plus comiques de la série. Réalisé par Steve Buscemi on suit les errances des deux hommes tentant d’éliminer un colosse Russe et de se débarrasser de son corps dans une forêt, ce dernier n’étant pas mort s’enfuira dans les bois, les deux bougres, transis de froid, se perdront en tentant de le retrouver et chercheront refuge dans une voiture abandonnée, Paulie un pied gelé et Christopher mort de faim dans le froid hivernal. Ceci donnera lieu à quelques scènes extrêmement drôles.

La fidélité du chacun pour soi

The Sopranos véhicule de nombreux codes moraux et de fidélité qui sont fort présents dans le quotidien des protagonistes. Alors qu’il est de mise d’avoir une ribambelle de maîtresses, chaque membre de la « famille » mafieuse se doit d’aider les épouses officielles lorsque le mari disparaît ou est incarcéré. On est fidèle à sa « famille » avant tout. L’amour n’a que peu de place dans tout cela. Christopher Moltisanti n’hésitera pas à sacrifier la seule femme dont il tombera fou amoureux par loyauté envers son cousin Tony. La compassion, la tolérance même avec les êtres les plus proches n’est pas de mise chez les Sopranos. Au sein du clan, les amis sont supprimés sans ménagement lorsqu’il s’agit de laver un honneur bafoué ou si les suspicions d’être une balance se trouvent avérées. Tony lui-même achèvera Christopher qu’il considère pourtant comme un second fils, trop inquiet que celui-ci, accroc aux drogues, ne lui soit plus aussi fidèle et le trahisse.

Au pays des rêves

Il y a déjà le rêve éveillé, le personnage de Meadow Soprano est un être qui semble rester éternellement naïf. Pourtant la fille de Tony Soprano est loin d’être une bécasse, elle poursuit des études d’avocate ou de médecine et malgré ce que lui disent ses petits amis, les évidences qui sont devant ses yeux, elle semble ne jamais vraiment réaliser ce que sont les véritables occupations de son père. Son frère, Anthony Junior, semble lui nettement plus réaliste sur cette situation qu’il assume très difficilement du fait d’une fragilité et sensibilité inadéquate avec l’univers mafieux dans lequel il évolue.

Les vrais rêves sont très souvent présents. Tony rêve de son passé avec son père ou des êtres récemment morts. Lorsqu’il cherchera qui est la balance de son équipe, il fera des rêves étranges avec des poissons prenant l’apparence du traître de son équipe. Carmela Soprano, l’épouse de Tony, rêvera souvent d’Adriana, la femme de Christopher. Son fantôme lui expliquera qu’elle est vraiment morte. En effet, elle fut assassinée par le clan de Toni coupable d’avoir collaboré avec le FBI ; ce que Carmela ignore puiqu’officiellement elle se serait enfuie abandonnant le cousin de Tony. Le rêve le plus long s’étale sur différents épisodes durant le coma de Tony (son oncle Corrado devenu sénile lui ayant tiré dessus et l’ayant gravement blessé). Dans ces rêves, Tony vit la vie d’un autre homme à Costa Mesa où il se retrouve coincé sans la possibilité de retourner chez lui et de récupérer sa véritable identité. Cela vaudra aussi l’une des scènes les plus amusantes de la série lorsqu’il se rendra dans le monastère de moines bouddhistes.

Les thèmes engagés

Comme dans toute série les auteurs tentent de faire passer quelques messages ou de traiter quelques thèmes dérangeants. Les sujets traditionnels concernant l’adultère, la tentation( Carmelia amoureuse de Furio le chauffeur italien de Tony), la foi, le racisme, les conflits familiaux, la drogue (avec l’addiction, les tentatives de désintoxication plus ou moins réussies de Christopher Moltisanti) sont longuement abordés. Mais des thèmes moins évidents apparaissent aussi : en liaison avec l’actualité, les problèmes liés au terrorisme islamique par exemple. Des thèmes moins évidents comme l’homosexualité ou la dépression et le suicide chez les adolescents sont également traités en profondeur et de belle manière lors d’histoires et de scènes assez poignantes.

Un final étonnant

Au fil de la saison 6 on se demande bien comment cette série pourrait s’achever, d’ailleurs cette saison fut proposée en deux parties. L’ultime épisode en étonnera plus d’un et pour les inconditionnels, les avides de l’analyse absolue, les accrocs à l’interprétation ultime, se trouve ici un décryptage minutieusement détaillé des 4 dernières minutes de la série the Sopranos : analyse de la scène finale

Voici ce qui restera comme une œuvre télévisuelle majeure en matière de séries télé. Récompensée à de très nombreuses reprises de prix prestigieux, fort d’un succès d’audimat incontestable, ayant donné lieu à pas mal de produits dérivés, cette série cherche encore un successeur à sa hauteur. En attendant, David Chase est parti sur un registre plus thérapeutique avec sa nouvelle série In treatmen laissant tous les inconditionnels de ces mafieux comico-tragiques dans l’attente de nouvelles aventures.

Site officiel The Sopranos

Merci à Christophe pour m’avoir conseillé cette série.

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publié par le 26/04/09
Derniers commentaires
paulie - le 21/05/09 à 22:34
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la meilleur série de tout les temps, dommage que la série ne comporte que 6 saisons

Informations

Sortie : 1999-2007
Label : HBO