accueil > photos > concerts > The Smashing Pumpkin

publié par Mickaël Adamadorassy le 31/12/14
The Smashing Pumpkins - Le Trabendo, Paris - 6/12/2014

"It’s complicated"

Billy et moi, si on devait expliquer à grand frère Facebook notre relation , ça serait compliqué. C’est du je t’aime, moi non plus. De l’admiration pour son talent qui n’empêche pas pour autant de moquer son melon ou de dédaigner ses projets foireux. J’ai appris à vivre avec les paradoxes du personnage, capable d’écrire la plus belle chanson du monde, un chef d’oeuvre de poésie et de délicatesse comme To Sheila tout autant que d’inviter sur scène le guitariste de Scorpions pour une obscène et kitschissime bataille de solos .

En fait, depuis le retour des Smashing Pumpkins, le très dispensable Oceania et ce qu’il a diffusé depuis, Billou ne m’avait plus donné envie. Et puis récemment les interviews autour de la réédition d’Adore, montrant un personnage lucide, presque humble ont contribué à notre réconciliation. Comme les premiers extraits de Monument to an Elegy, pas inoubliables, mais dotées d’un sens mélodique plus proche de la grande époque.

Alors quand cette fameuse date au Trabendo à 60 euros a été annoncée, malgré mes principes j’ai hésité devant ce tarif honteux. En même temps, c’était la promesse d’être les yeux dans les yeux avec Billou dans un endroit à taille humaine, pas un Bercy ignoble ou un zénith au son horrible. Une sorte de dernière chance pour notre couple. Alors j’ai serré les fesses et j’ai pris une place sur le site de Mr Drouot (merci d’ailleurs de me spammer avec plein de concerts dont je me contrefiche).

The lonely pumpkin

Histoire de garantir une relative proximité avec mon chauve bien-aimé, pour une fois je me motive pour arriver une bonne heure à l’avance. En espérant un deuxième rang comme récompense. Ce sera un troisième mais sans tour de contrôle qui bloque toute la vue. Jusque là tout va bien. La salle se remplit lentement mais sûrement. Le public c’est un peu tous les âges, tous les genres, de la gamine de 16 ans au cinquantenaire, tout devant c’est plutôt la trentaine et plutôt masculin. Y a évidemment le pénible qui hurle les paroles de toutes les chansons même du nouvel album pas sorti et qui chante évidemment un peu faux. L’anglais relou et sans gêne un poil alcoolisé. etc etc.. un concert normal quoi...

Pas de première partie et un concert censé commencer à 20h pétantes, l’attente ne sera donc pas trop longue pour voir Billy et ses acolytes arriver sur cette scène. Pour cette série de concerts, il n’y a que le guitariste Jeff Schroeder qui soit encore officiellement dans le groupe. Le batteur Mike Byrne et la bassiste Nicole Fiorentino qui complétait la formation live, n’ont pas participé au dernier album et ne font plus officiellement partie des pumpkins. A la place on a de la guest star de luxe : Brad Wilk, le batteur de RATM et à la basse Mark Stoermer de The Killers.

Ça peut paraître étonnant mais l’illusion que les Smashing Pumpkins était un groupe je l’ai perdue depuis longtemps. Il n’y a que le batteur Jimmy Chamberlin qui contribuait aussi à l’identité du groupe par son jeu. Et il est parti depuis un moment donc aller voir les Smashing Pumpkins c’est aller voir Billy Corgan et ses musiciens de scène. (et groupe ou pas groupe on s’en fout)

Lent au démarrage

Et donc voilà le fameux Billou qui débarque sur scène, pantalon blanc, petite chemise, toujours aussi chauve. Pas hyper rock’n’roll mais quand il beugle pas, n’oublions pas que le bonhomme tient un salon de thé et fait de gros calinous tout doux à ses chats. Les autres s’installent, pas grand chose à dire à part que le bassiste reste coincé en fond de scène ce qui laisse un gros vide sur tout le côté gauche de la scène. Il restera tout du long concentré et totalement hors du show, aucune implication, aucun regard pour le public. Musicalement il n’y a rien à lui reprocher mais là encore pas très rock’n’roll, l’époque où on demandait aux musiciens de scène d’être transparents voir cachés comme Placebo me semblait révolue...

Les deux autres sont un peu plus impliqués mais bon il faut être honnête en dehors d’un ou deux solos de Jeff, tout le monde regarde Billou. Un Billou qui parle peu, marmonne même un peu dans la barbe qu’il n’a pas. Son début de concert est en demi-teintes, la voix est perdue dans l’énorme son de guitare, il chante à peine dans le micro, ne fait pas durer les notes, ne parlons pas de pousser un peu. Le jeu de scène est un peu limité en dehors de prendre la pose de temps en temps et là encore par rapport à la lourdeur de la musique ça fait un peu décalé. Ce truc récurrent des pumpkins d’être coincé entre le fait de croire qu’ils font du rock indé et le son heavy-metal dont Billou a du mal à se passer.

du vieux et du neuf

Le concert commence par les deux titres les plus catchy du nouvel album One And All dans le registre lourd et Being Beige pour le mélodique puis un petit oldies avec Hummer et surtout un Tonight, Tonight qui permet de tester le batteur : c’est très bon, mais c’est pas tout à fait Chamberlin.

L’alternance de morceaux récents et anciens continue... avec pour les vieilleries une bonne série comprenant Disarm, Bullet et Zero enchainés, où là on retrouve enfin ce Billy possédé, qui hurle à pleins poumons, la tête rejetée en arrière. Des nouveaux il y a surtout Drum + Fife qui fait mouche mais bon arrivé à peu prêt à la moitié du concert, la voix se détache mieux, on est un peu plus chaud, le groupe aussi et on passe un bon moment, à 60 euros, on baisse d’un cran le niveau d’exigence et on essaie d’apprécier le spectacle pour ce qu’il est, un bon show de rock, avec de temps en temps un classique qui vous rappelle tout plein de choses. Pas tout à fait sûr que la version jouée soit effectivement à la hauteur de la légende mais l’enthousiasme fait pencher la balance du bon côté.

On s’est fait Ninja

Pour finir le concert, on a droit à une reprise de Fame de David Bowie, avec en invité surprise Ninja de Die Antwoord. Musicalement c’est anecdotique mais c’est l’occasion pour le groupe de se lâcher un peu, de sourire et de se regarder un peu plus, il y a un côté spontané qui casse avec le show très rodé jusqu’à ce moment, où ça enchaine très vite à chaque morceau avec assez peu de communication. et pour terminer Silverfuck, qui a du réjouir quelques vieux fans, moi je me rappelais même plus de quel album elle sortait (la honte....).

Et c’est fini. (oui on sait qu’ils vont revenir). Jusque là on est plutôt content, le début du show fut laborieux mais on a finalement assez vite atteint la vitesse de croisière, le nouvel album n’est pas franchement très convaincant mais y a suffisamment de vieux tubes pour qu’on se reprenne une montée d’adrénaline de temps en temps. Et on se dit qu’il en reste tout un paquet de bonnes chansons qu’ils pourraient jouer en rappel.

Le rappel qui tue

Après quelques minutes de battement Billou&Cie reviennent pour ne jouer qu’un seul titre, inconnu au bataillon et assez moyen. On se dit ouais c’est que le début.. et bien non c’est la fin du concert. Au revoir les gars, je vous aime très fort, vous êtes géniaux mais cassez-vous.

Et là à 60 euros la place on est quand même un peu déçu, on demande pas un concert à la Eels, où le mec il vient faire un quatrième rappel en pyjama alors que la salle a déjà commencé à se vider, on demande pas un show fleuve à la The Cure mais quand même un seul malheureux titre, qui en plus est loin d’être remarquable Billou ? C’est quand même un peu mesquin...

Par la suite on verra la setlist avec donc tout ce qui était censé être jouée et on sera encore plus dégouté d’y voir Ava Adore en second morceau du rappel et qui a donc été zappée à la dernière minute.

Dommage...

A l’heure des comptes

Au final si on résumait ce concert à un rapport qualité-prix, clairement le compte n’y est pas. Ce qui est précieux dans ce genre de dates, c’est la possibilité de voir les musiciens de près, d’apprécier la musique dans le cadre tellement plus agréable d’une petite salle. mais là encore dommage... Billou n’a pas trop mouillé la chemise ni vraiment profité de cette proximité inhabituelle et pour le son on ne peut pas dire que la subtilité y était vraiment.

Partager :