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publié par Émilie Mauger, Natalia Algaba le 06/05/19
The Psychotic Monks - La Maroquinerie, Paris - 11/04/19

Il y a dans le rock de The Psychotic Monks quelque chose de mystique, de primaire, un retour à l’essence même de la naissance de la musique et ceux qui étaient à La Maroquinerie ce 11 Avril ont assisté à une communion spirituelle aux rythmes hypnotiques

Et le rock s’est fait chair

C’est dans une Maroquinerie plongée dans la plus grande obscurité et remplie de fumée, qu’on découvre les premiers sons énigmatiques de The Psychotic Monks peu après 21h. Une percussion lointaine et mystérieuse prépare le public à cette performance hors du commun. Peu à peu, les premiers accords de « It’s gone », titre de leur album Silence Slowly And Madly Shines, viennent s’ajouter au son métallique de la percussion, et la voix d’Arthur, un des chanteurs et guitaristes du groupe, émerge de cette atmosphère énigmatique alors que la salle commence à s’éclaircir et qu’on découvre ces quatre jeunes de Saint-Ouen sans leader apparent, qui vont se partager le chant des morceaux : Martin, guitariste , Clément, batteur et Paul, claviériste et bassiste (et petit frère d’Arthur). Le public crie, applaudit et très vite le titre monte en puissance, de façon presque mystique. Arthur, en robe noire, prend le micro de ses deux mains et se dandine, la guitare très haute, au plus près de son corps, Paul saute dans tous les sens , Martin vient s’approcher du public et bouge tel un zombie vers l’avant à tel point qu’on craint qu’il ne tombe de la scène. Ils ont l’air possédés par leur musique, en transe. Arthur gratte des riffs endiablés et on dirait qu’il va casser sa guitare contre le sol, tellement il la secoue de haut en bas au rythme de la puissante batterie de Clément. C’est une énorme folie qui s’installe dès ce premier titre interminable auquel succèdent « Isolation », un titre de leur nouvel album Private Meaning First, avec Clément, le batteur, au chant, et « Part 3 : Transforming », de l’album précédent.

Pas le temps de respirer, c’est du lourd, au quatrième titre un pogo engloutit quasiment toute la fosse ! Émilie, notre fidèle photographe, et tout son matériel résistent à cette folie collective, elle n’a même pas peur de sortir son flash ! Certains se font porter par la foule, d’autres poussent comme des fous, au premier rang un garçon secoue la moitié de son corps vers l’avant et on se dit qu’il va vite se prendre un coup de guitare de Martin, car sur scène c’est le même délire !!! Le son est de plus en plus Krautrock, garage et noisy, dans un même titre, d’une durée imprécise, les différents styles se mélangent, ça monte pour redescendre ensuite vers une pop-noise et laisser souffler un peu la foule enflammée. « Attention à vous quand-même ! » dit Clément. Et puis ils enchaînent avec le son très punk de « Wanna be damned » qui catapulte la salle au summum de l’extase ; le tempo est plus rapide que sur l’album et le public semble apprécier cette frénésie rythmique, le plaisir est à son comble !

Ce n’est qu’avec le septième titre du set, « Chapter 2 : Interzone », que « le calme » s’installe et le pogo s’arrête pendant quelques minutes à peine, le temps d’arriver à la fin du titre, très noisy, qu’Arthur prenne sa Strat, et qu’ils enchaînent avec « Confusions », chantée par Clément. Et c’est reparti ! ça ne fait que monter en puissance, le pogo reprend, le public hurle, danse et semble également en transe (spécial dédicace au brun aux cheveux afros du premier rang) mais malheureusement la fin arrive avec l’incroyable « (Epilogue) Every Sight », (titre qui ferme aussi leur album) et la remarquable performance de Martin au chant, qui récite les paroles avec une émotion palpable et une sensibilité à fleur de peau. L’interprétation est magistrale, il prend le micro et va à l’encontre du public, à droite et à gauche, il se penche vers l’auditoire qui le touche. C’est une fin en apothéose, ils bougent dans tous les sens, Martin hurle, pleure presque ! et puis ils disent « on vous aime » et quittent la scène.

Heureusement pour nous, ils reviennent vite pour un dernier titre « Sink », chanté par Clément et Arthur, un titre pop-noisy psychédélique de leur premier album. Et là oui, c’est la fin du concert, ils quittent la scène sous les applaudissements. Mais, alors qu’ils n’ont pas adressé la parole au public pendant toute la prestation, Martin va revenir sur une scène complètement allumée cette fois-ci, malgré sa grande timidité très évidente (« je ne sais pas du tout ce que je suis en train de faire, je me perds complètement » dit-il pendant qu’il touche frénétiquement ses cheveux), pour remercier leur équipe et le public « Vous avez été géniaux ! » et expliquer que les recettes de leur dernier album qu’ils vendent ce soir-là, seront renversées à l’association « Utopia 56 » (une assos qui vient en aide des migrants et des réfugiés).

Il n’y a pas d’homogénéité dans la musique de The Psychotics Monks et donc pas d’homogénéité dans le set, les rythmes changent, les notes sont des fois élargies dans un temps suspendu, des fois s’emballent chaotiquement ; la batterie peut s’arrêter un instant laissant le bruit électrique des guitares en attente ou vient tout d’un coup casser le rythme d’une manière brutale ; on passe de la noirceur à la légèreté, du bruit au silence. Leur musique est à l’instar de ces quatre jeunes, dont leur style physique et vestimentaire est très hétérogène et paraît incongru (assez grunge pour Clément, très punk pour Arthur et étonnamment sage pour Paul avec chemise bleue et pantalon noir) mais forme un ensemble qui se complète, un ensemble réussi, inventif, radical et authentique.

Et c’est cette authenticité que nous avons eu la chance de voir sur la scène de la Maroquinerie et qui nous a réellement bouleversé et fait voyager : un groupe d’un talent musical évident qui a offert une performance puissante et sincère où le chaos n’a jamais été aussi bien dompté ni les silences aussi bien maîtrisés. On ne voudrait pas les réduire à une case, car cela serait ne pas les avoir compris, ne pas les avoir écoutés. C’était un concert de rock comme on les aime, on se dit qu’en fait, ça devait être ça le grunge dans les bars de Seattle dans les années 90, que ça devait ressembler à ça le rock avant les réseaux sociaux et avant la télé-réalité.

Et pour ceux qui n’ont pas eu la même chance que nous, ils seront au Trabendo le 28 Novembre prochain et on ne peut que vous conseiller très vivement d’aller les voir !

Setlist : 1. It’s Gone 2. Isolation 3. Part 3 : Transforming 4. The Bad and the City Solution 5. Wanna be Damned (Punk Song) 6. A Coherent Appearance 7. (Chapter two : Interzone) Emotional Disease 8. Confusions 9. Closure 10. (Epilogue) Every Sight

Rappel : 11. Sink

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