Il n’est pas de hasard bizarre..

..si aux prémices d’un automne où tant de souvenirs se bousculent plus ou moins cruellement dans nos têtes, au moment où on exposera quelques photos le temps d’une nostalgie appliquée, Talitres a choisi cette période pour sortir un EP testament d’un des groupes féminins les plus marquants du paysage rock de cette dernière décennie.

Véritable bombe émotive qui vous explosera à la figure dès le premier des 6 morceaux, il s’agit là de titres écrits dans la foulée de Grab that gun , juste avant leur séparation de 2006 et enregistrés le temps d’une reformation expresse en 2007.

even in the night, it’s gonna be all right

A la première seconde d’écoute c’est tout The Organ qui réapparaît violemment. Les premiers accords de l’organiste Jenny Smyth, la voix suave et grave de Katie Sketch, une mélodie mélancolique et voilà la lame de fond des filles de Vancouver qui nous ramène à cet été 2005 où Grab That Gun était devenu le disque fétiche qu’on ne cessait d’écouter.

Oooooooooooh What a feeling

Alors, forcément les coups de cœur, les coups de foudre d’antan son ravivés d’emblée par cette pop mélancolique à la Smiths, ces guitares et des lignes de basse « Gallupiennes ». En 2005 nous commencions à surfer sur la vague nostalgique de la pop new wave de nos souvenirs post ados... en 2008 rien n’est oublié. Ces émotions passées avaient juste étaient rangées au fond d’un vieux placard, dans lequel s’étaient entassés tant de « nouveautés » de la semaine indie pop rock ou encore ces insupportables artistes indie folk country rock dont nous sommes saturés ces temps derniers.

I will die lonely

C’est toujours délicat de considérer les sorties d’inédits une fois les groupes en cessation d’activités. On peut légitimement se demander quelles furent les motivations réelles du label, des artistes elles-mêmes qui avaient décidé de stopper l’aventure The Organ dès 2006. Pourquoi alors, en 2008, nous proposer ce EP dont les morceaux ne changeront en rien l’idée de tout un chacun sur les créations des 5 canadiennes ?

Alors passons outre nos convictions du tous pourris par le système et bénissons au contraire celui et/ou celle(s) qui eurent envie un jour de nous faire connaître ces 6 morceaux prêts à passer aux oubliettes. Ne serait ce que pour l’ultime titre “Don’t be angry”, l’une des ballades les plus mélancoliques qui ait été écrite, cela valait la peine de nous offrir ce EP du souvenir, de la redécouverte et pourquoi pas de la découverte pour certains.

Il y a là comme une sorte de sadisme à nous rappeler, comme le souligne si justement Talitres, le grand sentiment de vide laissé par ces filles formidables.