accueil > articles > albums > the organ

publié par arnaud le 13/06/05
the organ
- grab that gun
grab that gun

Bouche à oreilles

C’est au label bordelais Talitres, fidèle à sa réputation de découvreur de talents pop-rock, que l’on doit la sortie française de Grab That Gun, premier album de The Organ, quintette 100% feminin en provenance de Vancouver. Comme si la nouvelle ne suffisait pas à éclairer nos premiers jours estivaux, saluons aussi l’heureuse initiative des programmateurs de la Route du Rock 2005, qui ont invité le groupe à faire ses grands débuts scéniques en Europe continentale au Fort de St Père lors de la deuxième soirée du festival. Il n’en fallait pas plus pour que l’on décide de revenir sur ce disque dont la sortie confidentielle en fin d’année dernière, n’avait pas réussi à distraire la critique française, trop occupée à encenser le second effort, pourtant bien fade, d’Interpol. Qu’importe puisque pour les plus curieux d’entre nous, Grab That Gun avait su se frayer un chemin jusque sur nos platines par le biais du bouche à oreilles et de quelques chroniques élogieuses glanées sur les sites anglo-saxons.

Sous influences

Bien sûr il pourrait sembler quelque peu paradoxal de rechigner à célébrer Antics d’Interpol tout en faisant l’apologie de ce premier effort de The Organ, tant les deux formations peuvent sembler proches, du moins sur le papier, quand on parle de leurs influences respectives (d’ailleurs les filles ont déjà ouvert pour les new-yorkais par le passé). C’est peut-être la spontanéité qui fera pencher la balance en faveur de ces dernières, cette impression d’avoir ici un disque qui file à toute vitesse (29’56 ‘’pour être précis) joué par un groupe qui ne se soucie peu (ou pas encore) de son image et de son succès. Oh, bien sûr, les plus sceptiques diront que la recette sent le rechauffé, de surcroît à une époque où il est courant de recycler tout ce qui fleure bon les années 80, on aurait pu craindre le pire (et ces derniers temps on a souvent frôlé la limite du bon goût dans ce domaine... en témoignent Killers, VHS or Beta, ou autres Maxïmo Park qui nous rappellent aussi le caractère futile de cette décennie...), mais du côté de Vancouver, on est plutôt Cure que Duran Duran. Et là où le groupe new-yorkais francophile rappelle Joy Division, The Organ remet au goût du jour une pop mélancolique qui évoque The Smiths.

Melancolie

Les mélodies sont au rendez vous, sublimées par l’urgence du propos, le format des morceaux. Katie Sketch et sa bande enquillent les tubes de la plus simple des manières : une guitare tendue, sèche, à peine habillée d’un brin de chorus, comme savait les faire sonner Bernard Sumner à l’époque de Joy (tradition que perpétue par ailleurs Daniel Kessler...d’Interpol !) ; une basse ronde, bien présente, funambule, qui évoque les premiers Cure (sur le très enlevé I Am Not Surprised c’est une évidence, et quand les guitares s’y prêtent aussi, sur Memorize The City on est encore plus troublé...), une rythmique sans fioriture, simple mais efficace (Dieu que ces cymbales sonnent « cheap »... on est bien loin de la production léchée de beaucoup de groupes estampillés « new rock » ! ), et puis cet orgue, véritable identité du groupe, et pour cause, qui enveloppe chaque chanson de sa nostalgie (pensez au côté « hors du temps », des orgues des patinoires canadiennes que l’on entend lors des temps morts des matches de hockey...) le tout au service d’une voix. Et quelle voix.... un curieux mélange entre Morrissey, Robert Smith et Claudia Brücken de Propaganda, qui procure à l’album une bonne partie (toute, diront les mauvaises langues) de sa personnalité. Quoi de plus jouissif que de battre la mesure sur l’intro de Brother, tube qui ouvre le disque, ou de se surprendre à dodeliner de la tête sur les hand-claps désuets de Love, Love, Love ? The Organ propose un mélange singulier mêlant l’insouciance pop-rock à une new-wave douce amère aux charmes surannés. C’est cette sensibilité si particulière qui est sûrement l’atout majeur du disque.

Innocence

Le groupe se joue du revival et des modes en offrant un Grab That Gun délicat, touchant, voire naïf par instants : l’album se referme sur un « sometimes I close my eyes and hope that i can keep away all the darkened skies » qui résonne comme un constat d’angoisse adolescente, un moment de grâce en équilibre entre innocence tout juste perdue et souffrance existencielle, soulignant le fait que nous sommes ici en présence d’un premier album, riche de ses espoirs et de ses illusions. A l’image d’un journal intime, le propos peut parfois prendre des allures presque clichées, mais au moins le groupe sait que faute d’avoir des choses profondes à raconter autant ne pas s’éterniser au risque de lasser : il va à l’essentiel dépassant rarement les 3 minutes par pièces. The Organ surprend, intrigue, et on demande à voir la suite même si la voie qu’elles empruntent pourrait se révéler être sans issue tant on a du mal à imaginer comment passer le cap du second album en restant fidèles à ce son, ce spleen, sans tomber dans la redite. Qu’importe, Grab That Gun doit être écouté dans l’urgence, sans même penser au lendemain.

Partager :

publié par le 13/06/05
Derniers commentaires
billy - le 10/12/05 à 22:09
avatar

Je viens de lire la critique et je suis complétement d’accord. Cet album tourne depuis déjà 6 mois chez moi et je m’en lasse pas. Quelle atmosphère ! Un vrai plaisir. Elles sont aussi très efficaces sur scène. Par contre leur musique est, il est vrai, un peu trop influencé, et il faudra qu’elles apportent de nouvelles idées pour ne pas s’enfermer dans un style où beaucoup de choses ont déjà été dites.

cecaye - le 11/12/05 à 18:01
avatar

que dire à part la même chose : elles ont géniales

enigma - le 06/01/06 à 13:06
avatar

Je les ai connues dans un épisode de the L word et depuis je suis tout simplement accro de leur CD et je ne m’en lasse pas même au fil du temps

ludi - le 26/01/06 à 19:53
avatar

pareil jles ai connu ds la saison 2 de the l word et jai bcp aimé ne serait ce que ds la série, jai cherché à en savoir davantage et je suis tombée sur leu album et que dire si ce nest que cest un cd très accrocheur et très prometteur qui donnera du fil à retorde aux mauvais langues disant que des filles st incapables de faire de la bonne musique

Suk. - le 03/03/06 à 14:18
avatar

idem pour moi, c’est un peu grâce à la série que je me suis intéressée au groupe car depuis je suis à l’affut de tout ce qui peut leur concerner :-) elles sont sublimes, elles ont du talent et j’espère bien qu’elles réussiront et gagneront le coeur des gens !!!

Sfar - le 31/10/08 à 11:20
avatar

un des papiers les plus justes, les plus touchants, que j’ai lus à propos de Grab That Gun

merci pour tout Arnaud