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publié par octane le 02/01/02
The navigators - Ken Loach
Ken Loach

paradis néo-libéral

avec the navigators, ken loach nous promène dans la sphère sociale. Ça ne fait pas de mal, ça recadre. et ça fait réfléchir sur l’angleterre paradis néo-libéral, où il est dit-on si facile de monter son entreprise à moindre frais. une angleterre où le travail intérimaire a été élevé au rang d’idéal économique par les dirigeants, et où le monde ouvrier tente tant bien que mal de survivre. en l’occurrence les travailleurs du rail subissent avec une bonne humeur potache la privatisation, et découvrent les joies de la concurrence entre les nouvelles compagnies qui se partagent le cadavre. ça nous arrivera aussi, mais qui le filmera aussi bien ? car ken loach (raining stones, the flickering flame...), à l’instar de stephen frears (the snapper, the van), se permet de parler de société sans jamais lâcher un pouce au cinéma.

la bête humaine

on n’est assurément pas dans le registre documentaire, et pourtant... chez loach, on s’intéresse avant tout à l’humain : la caméra, au moyen de plans serrés, parfois inconfortables, se doit d’être en permanence au plus près de la personne. c’est du réalisme économique, les peaux sont pâles, les regards nostalgiques, les cernes et les joues creusées, les tenues des cheminots couvertes d’excréments, et si on danse en boîte, on transpire. la bête humaine au travail, victime d’un système qui l’écrase, prenant sa revanche en accaparant la plus grande surface possible à l’image. une question taraude cependant le spectateur à la sortie de ce trip pluvieux et mélancolique : ken et ses survivants ne gagneraient-ils pas en lisibilité de leur message en y adjoignant une touche de légèreté, un élément positif de temps en temps ?

en angleterre

par exemple, une femme serait célibataire mais sans enfant à charge ; on verrait certains personnages sourire au moins une fois pendant le film ; ou encore, la lâcheté face à la mort pourrait se racheter juste avant la fin du film, histoire de conclure sur une touche d’optimisme. bien sûr l’écueil serait de tomber dans la comédie sociale, plus à la frears, un propos intéressant, certes, mais différent. sans aller jusqu’à cette extrémité, disons qu’il y a un monde entre le comique et le tragique. en même temps, on est en angleterre.

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publié par le 02/01/02