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publié par Mickaël Adamadorassy le 05/01/04
The misadventures of
- s.t.a.n.d.b.y.
s.t.a.n.d.b.y.

histoire d’un coup de coeur

j’ai découvert the misadventures of (misad) un peu par hasard, dans un des tremplins rock dont la tonalité varie au gré de la mode du moment, en l’occurrence entre la pop et le ska-reggae en ce début 2003. quand ils ont débarqué sur scène, ça s’est vu tout de suite que quelque chose de différent allait se passer : aux classiques guitare-basse-batterie venaient se greffer le son doux du fender rhodes de guillaume et surtout une voix grave de steffen, impressionnante de facilité, posée le plus tranquillement du monde mais aussi capable de moduler, de s’énerver. et puis ils avaient cette nonchalance, cette manière de dérouler des morceaux dépassant allègrement les cinq ou six minutes devant un public pas vraiment venu pour, et tout ça avec sourire et décontraction. le concert suivant au batofar se déroulera après la sortie de leur premier album s.t.a.n.d.b.y et ne fera que confirmer ma bonne impression du groupe, dont la musique s’enrichit maintenant en live de samples pour restituer certains arrangements de l’album. c’est donc avec impatience que j’ai mis le cd fraîchement reçu dans mon lecteur.

fait maison

les premières secondes d’"escape from the sticks", qui ouvre l’album, m’ont d’abord un peu surpris, le son est un peu sec, surtout pour un morceau assez trip-hop. le morceau est certes très bien avec ses arrangements de cordes réussis et sa batterie qui marque intelligemment le contretemps mais on imaginerait plus volontiers une ambiance plus cotonneuse. un rapide coup d’œil aux crédits donne une explication à la chose : à part les pistes de batterie, l’album a été entièrement enregistré et produit par le groupe, en particulier le bassiste léonard qui pour un coup d’essai s’en sort quand même très bien. les arrangements d’un morceau suivant par exemple, "radio", sont mixés avec goût et mesure. et partout on retrouve cette recherche de textures sonores qui sont là non pas pour remplacer mais pour porter, compléter la voix et les textes, ces fameuses " mésaventures " dont le groupe tire son nom.

next big thing ?

et c’est là que le groupe fait preuve d’une grande maturité et se place d’emblée comme un espoir (voir un next big thing) de la scène française rock : ici il n’est pas question de postrock et autre électropop, misad se place plus dans la continuité d’un pink floyd, dans sa capacité à mélanger le format chanson et la recherche sonore, dans la manière de créer de longues plages sonores aux ambiances maîtrisées bien loin des 3’20’’ réglementaires. il y a beau y avoir un morceau qui s’appelle "radio", celui-ci a beau être plus catchy que les autres avec ses chœurs et son air de jeff buckley, il n’en dure pas moins six minutes, six minutes aux changements climatiques extrêmes mais parfaitement maîtrisés et c’est à peu près une moyenne sur l’album. "sweet violence 84" alterne lui aussi les ambiances : début tout en douceur (qui rappelle l’intro d’"untitled" d’interpol) qui s’enfle progressivement avec toujours ces sons de piano et de guitare dont les variations autour d’une partie de chant récurrente vont construire un crescendo qui s’achève dans "sweet violence 86", une séquelle plus courte mais à mon sens une des meilleures plages de l’album : ça commence par un riff de piano saturé rejoint par une guitare wah accrocheuse et une basse bien en avant (d’ailleurs les parties de basse sont très bien construites sur tout l’album) et un chant qui s’énerve enfin. (il était temps pour un morceau qui s’appelle très justement "sweet violence")

une histoire de climats

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les deux dernières pistes de l’album sont deux instrumentaux. le premier, "twelve points", est construit autour d’une voix samplée qui récite un texte assez barré, imperturbable face aux variations de l’instrumentation qui, d’une mélodie sobre et mélancolique, jouée au piano , passera à un déferlement de guitare wah, complètement déchaînée, sans être pour autant agressive, grâce au mix toujours très " doux ", une autre constante de l’album. "seething" suit un peu la même recette, un poème récité par diego, le batteur sur fond de piano dépouillé. le morceau est ponctué cette fois-ci d’interventions de cordes et s’achève par une montée qui clôture en beauté l’album... jusqu’à la piste cachée, "la niebla", une chanson en espagnol interprétée là encore par diego . elle est un peu atypique par rapport au reste de l’album mais très attachante, avec son air triste, accompagné d’une simple guitare acoustique et juste le bruit de la mer en fond.

un premier opus fortement recommandé

ce premier album des misadventures of est une réussite certaine malgré une production encore perfectible et une fin qui manque peut être un peu de variété. il n’y a donc que 6 plages mais elle témoignent toutes d’une grande qualité musicale et d’une maîtrise des ambiances, des textures sonores. ce groupe est encore tout jeune mais il possède déjà une maturité certaine et une identité affirmée qui le placent non pas comme un espoir mais potentiellement comme un acteur majeur d’une scène rock française décidément très intéressante en ce début 2004.

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publié par le 05/01/04
Informations

Sortie : 2003

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