Il est des groupes qui échappent aux qualificatifs toujours trop nombreux quand il s’agit de nommer l’inclassable, DAAU est de ceux-ci, ils écrivent des pages de la musique en marge... quelque part dans le no man’s land entre classique et rock.

Cinq morceaux pour quarante minutes et à la première écoute l’impression d’un lent glissement, d’une chute au ralenti. Des six albums de la formation Belge, The Shepherd’s dream est sans doute celui qui se donne le plus le temps et c’est dans la longueur que le nouvel opus de DAAU prend tout son sens, dans ce temps rare où l’on ne compte pas. L’éloge de la lenteur comme préambule à la vitesse. Un quartet bucolique (accordéon, clarinette, contrebasse, violon) pour un album pastoral. Il y a quelque chose de déroutant dans la musique de DAAU, moderne mais pétrie de sons anciens, de poésie, de douceur et de violence. Les instruments ne jouent pas ils prennent vie et racontent. Et on se prend à rêver - d’herbe molle et d’après midi sans fin, la tête dans les nuées des paysages sonore défilant sous nos yeux.

Sans paroles, le son est tout à la fois, décor et protagoniste, proie et prédateur. De Largo à Presto, entre apesanteur et vertige, l’album est secoué de transes profondes, de rythmes envoûtants. Il plane. Et si en sommeil le rêve n’est jamais très éloigné du cauchemar, le calme et la lenteur côtoient ici continuellement la fureur et l’électricité. Moins expérimental, plus minimaliste que les précédents, DAAU nous livre un album dense, se réinvente en ne changeant rien à son essence, mais se rapproche de son objet unique la musique.