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publié par arnaud le 10/09/05
The Evpatoria Report
- Golevka
Golevka

pièges du post-rock

Depuis déjà plusieurs mois ce disque attend sa chronique. Il n’a pourtant pas pris la poussière, bien au contraire : il s’est souvent retrouvé sur la platine. Mais comment écrire une chronique sur un groupe de post-rock sans parler des deux mammouths qui squattent toutes les reviews du genre depuis bientôt 10 ans ? Qu’importe... Et quand bien même, The Evpatoria Report, formation suisse en provenance d’Yverdon, a de quoi susciter l’intérêt en dépit de ses influences.

astéroïde supersonique

Golevka, du nom d’un astéroïde observé par l’observatoire d’Evpatoria en Ukraine, présente dès Prognoz, premier morceau du disque, un post-rock racé, épique et parfaitement maîtrisé dans son jeu de nuances. Les lignes claires des deux guitares se croisent en apesanteur, à la manière des Japonais de Mono, encore un groupe à qui on a souvent reproché de « sonner comme » et c’est bien regrettable tant il est convaincant sur scène et ne souffre la comparaison avec aucune autre formation. Sur Tajin Kyofusho les arrangements de cordes et les delays des guitares font écho à Halcyon (Beautiful Days) des Nippons, paru sur le Walking Cloud And Deep Red Sky... de l’an dernier, passant d’une ambiance aérienne et mélancolique à une inquiétante tempête sonore. La production impressionnante est l’œuvre de Serge Morattel, déjà responsable du son massif de Knut ou des hardcoreux d’Impure Wilhelmina.

inertie simulée

Sur l’intro de Cosmic Call, The Evpatoria Report mise sur les répétitions, un peu à la manière de Tarentel à l’époque de son premier album. à ce jeu là, la formation helvète se montre redoutable, créant des atmosphères simulant l’inertie pour soudain partir dans une montée de violon. Seule ombre au tableau sur la deuxième partie du morceau, un riff qui évoque un peu trop le Xmas Steps des écossais-que-vous-savez... Néanmoins CCS Logbook, morceau suivant, rattrape le coup, avec ses nappes de claviers et ses climats troubles, soufflant le chaud et le froid pour finir abruptement dans la distorsion. On se sent désorienté. La longueur des pièces de l’album pourra déstabiliser les auditeurs les moins familiers du genre (on est rarement en dessous des 10 minutes) mais la richesse des paysages sonores que dépeint le groupe est telle qu’on a guère le temps de s’ennuyer : Optimal Region Selector modèle du genre avec introduction ambient sur fond synthétique et guitares e-bow, part dans un climax supersonique avant de mourir dans le calme et la douceur. Le groupe se permet même la fantaisie d’un chœur sur son morceau final, le magnifique Dipole Experiment, dont les reliefs n’auraient pas déplu aux Finlandais de Magyar Posse.

des images plein la tête

Gageons que lorsque The Evpatoria Report sera parvenu à s’affranchir des quelques références un peu trop évidentes, des petits tics du genre, et à affiner son style pour le rendre encore plus percutant, il deviendra incontournable, bien au delà des frontières de la Communauté Helvétique. Pour l’instant, ne boudons pas pour autant notre plaisir et sachons apprécier ce Golevka à sa juste valeur : celui d’un album qui s’écoute autant qu’il se rêve, les yeux fermés. Admirons le paysage.

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publié par le 10/09/05
Informations

Sortie : 2005
Label : shayo rds/namskeio