passage à vide
cure est de retour ! et, plus que jamais, assume, avec un titre presque caricatural, son côté newave... tout le monde a lu ou entendu que cet album était le troisième d’une trilogie : pornography - disintegration - bloodflowers. d’un point de vue marketing, c’est plutôt malin. après le mauvais wild mood swings et un énième best of (deux échecs commerciaux pour cure), sortir cet album en le comparant avec deux des plus beaux albums du groupe ne pouvait qu’attiser la curiosité. ce qui n’était pas évident. on ne peut pas dire que cet album était très attendu, sauf par quelques fans acharnés, et l’on en espérait pas grand chose non plus. la continuité avec pornography n’est pas toujours évidente. beaucoup moins qu’avec desintegration. dont on retrouve les mêmes ambiances sur bloodflowers : lentes, sourdes, parfois presque moites et pesantes ! la musique de robert smith - et de cure - à récupéré un peu de cette texture, de cette épaisseur qui nous manquait depuis quelques années sur leurs albums. l’inégale wish, en 1992, était annonciateur de ce grand passage à vide. avec bloodflowers on retrouve ce côté presque intemporel des plus beaux morceaux de smith.
bulle intemporelle
c’est du cure, du pure cure que l’on reconnaît dès les premières notes, et pourtant ce disque pourrait, comme desintegration avoir 10 ans ou sortir dans 10 ans. robert smith vit dans une bulle intemporelle, on peut parfois lui reprocher de ne pas écouter ce qui se fait en dehors de cure - et d’avoir un peu trop de réfèrence dans les années 80, mais quand il écrit des morceaux comme sur bloodflowers, on lui pardonne cette égocentrisme créatif assez rapidement. bloodflowers nous plonge au cœur de la dépression quasi permanente de robert smith ("watching me fall", "39" écrit la veille de ses 40 ans ), de ces constats froids et sans pitié ("nothing i am, nothing i dream, nothing is new", "the last day of summer"), d’amour compliqué et tortueux ("there is no if...").
questions existentielles
en écoutant et en lisant cure (c’est souvent un vrai plaisir de lire les paroles de robert smith), on se dit - je sais la comparaison peu paraître un peu étrange - que l’on se trouve face à l’antithèse (l’antéchrist ?!?) d’oasis. les deux faces du rock-pop anglais. rien ne vous empêche d’aimer les deux, chacun (smith et gallagher) ont un sens aigu de la mélodie. mais l’un est écrivain, un parolier hors pair, l’autre n’en a rien à foutre. smith aime aborder les grandes questions existentielles de la vie ("where the birds always sing"), l’autre ne sait pas toujours de quoi il parle. musicalement, je vous laisse le plaisir de la comparaison... en tout cas si vous aimez cure, je ne pense pas que serez déçu par bloodflowers, si vous ne les connaissez pas c’est une excellente manière de les aborder. un peu aride certes, moins facile que leurs plus gros tubes... mais cure n’est pas un groupe facile, pas évident ! c’est vrai que de temps en temps on a une légère impression de déjà entendu (par exemple avec "coming up") et que dans l’ensemble on reste légèrement en dessous des plus beaux albums de cure. mais pour un album dont on attendait pas grand chose - à part le plaisir de voir cure sur scène, qui, quoi qu’il arrive, reste une très grand groupe live - on est agréablement surpris et très impatient d’entendre bloodflowers et tous les classiques de smith au zénith et peut être même en black session !!!