faiblesse
Dans le monde glorieux et sans failles de la chronique de disques, on aurait sûrement attaqué cet article en embrayant d’emblée sur Alex Chilton et Big Star. On vous aurait aussi décortiqué le choix d’un nom de groupe en hommage et analysé l’héritage musical s’ébattant gaiement dans nos oreilles. Mais voila ... faiblesse ... trop jeune pour avoir connu et écouté le monsieur, trop vieux pour n’en avoir jamais entendu parler, nous voila chroniquement inapte ... et on aime ça ...
play
Dans le monde savoureux et bordelique du cargo, on vous aurait sans aucun doute laissé en plan sur ce petit mot d’introduction qui se suffit amplement à lui-même. On aurait même laissé passer The Chiltons après la première écoute du morceau "Small town" sur un « ouh-lala c’est très très pop ! ». Et puis voila ... on a réappuyé sur play, encore, et encore, et encore, et on a fini par se perdre ... on se doit donc de vous mettre en garde : attention produit dangereux, risque de forte dépendance. Il faut dire qu’ils n’ont pas fait les choses à moitié, ils ont même mis tout plein de bonnes choses dedans -on va faire avec les références qu’on a-, en vrac 100g de Go-betweens (les rythmes de guitare), 50ml de Beach boys (les chœurs, le sautillement), trois cuillérées de Little Rabbits première époque (dans la voix notamment), et pour la touche finale un saupoudrage de Teenage Fanclub (ceux par qui on avait entendu parler d’Alex Chilton en premier, la boucle est bouclée). Or c’est très étrange, les réactions chimiques, on commence par se dire que c’est un peu trop, qu’on a arrêté la pop sucrée, que c’est pas bon pour notre régime, que c’en est presque irritant mais voila qu’on se retrouve cinq minutes plus tard la main dans le placard à en reprendre une louchée en cachette. Et pas de jaloux, on se fait avoir de la même façon pour les quatre morceaux de l’ep, même causes, mêmes effets. "Small town" impeccablement sautillant, une basse bien pop, un rythme enlevé, des breaks efficaces, rien à redire, le morceau remplit idéalement son rôle d’ambassadeur de l’ep. "Is this love ?", ils ne relâchent rien, très bons petits gimmicks de guitare, des chœurs bien sentis, on a juste un peu de mal avec les paroles par moments mais on va dire qu’elles s’accordent bien avec la musique. "Hymn for the uncool", les Chiltons passent en mode ballade, belle initiative ça change un peu, même si c’est le morceau auquel on adhère le moins (la faute aux chœurs en décalage peut-être), on fait la fine bouche mais cela reste tout à fait correct. "The message" enfin, ultra-pop, notre préféré, le plus Little Rabbitien peut-être, et un finish de toute beauté. Un tout court, à propos, sans fioritures, bien balancé, un peu trop pop -même après un certain nombre d’écoutes-, terriblement efficace en somme. Plongez-y à vos risques et périls, on décline toute responsabilité, mais ne venez pas vous plaindre après, vous êtes prévenus : ça reste vraiment en tête toute la journée.
éducation
Quant à Alex Chilton, on ose à peine se lancer de peur que lui aussi colle fortement au cerveau mais il va bien falloir qu’on se la fasse cette éducation un jour ...