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publié par Mickaël Adamadorassy le 10/04/04
The Brown Bunny - Vincent Gallo
Vincent Gallo

vincent gallo fait son propre cinéma, dans lequel il joue, qu’il filme lui-même et qu’il produit . il a sa démarche bien à lui, autant dans le scénario que dans la réalisation, une démarche déjà affirmée dans son précédent film, buffalo 66 et aussi dans ses rôles comme dans trouble everyday de claire denis. des oeuvres d’accès un peu difficile mais toujours sublimées par ses prestations fortes. the brown bunny ne déroge pas à cette règle, il ne faut pas se laisser tromper par le début en forme de road-movie car l’on s’aperçoit que la route n’est là que pour permettre à bud, le personnage principal, de s’abrutir et oublier la tragédie qu’on devine en filigrane.

he’s going the distance

le film commence par une longue séquence de course de moto, sans musique ni autre action que le bruit des moteurs parfois proches, parfois lointain. l’image a un grain assez sale et la caméra donne volontairement l’impression d’être maniée sans trop de précautions. cette séquence pose la tonalité un peu morose du début du film : bud est un pilote de moto, au comportement étrange avec les femmes : il a un charisme qui lui permet de les séduire facilement mais une fois qu’elles sont séduites, il change soudain du tout au tout : de la fille de la station service qu’il abandonne alors qu’elle renie presque sa famille pour lui à la prostituée fanée d’un arrêt d’autoroute (une séquence paradoxalement toute en tendresse avec une lumière magnifique, qu’on retrouve en alternance avec le grain sale du début), on se dit qu’il a décidément un problème avec les femmes... quelque chose qui fait qu’il passe le plus clair de son temps les yeux rivés sur la route, se baladant d’état en état au gré des courses. le traumatisme qu’on découvre à la fin est à la mesure de ce qu’il a fait de l’homme c’est tout simplement atroce.

she’s all alone in her time of need

toute la fin du film est excellente : l’enchaînement menant à la révélation commence par une scène de sexe non simulée comme on a pu en voir dans ken park, sauf qu’ici c’est beaucoup plus plus fort, car ce n’est pas seulement de l’amour ou du plaisir mais plutôt une punition ou une vengeance, on en est permanence au bord de la cassure (parfaitement joué par vincent gallo) et dans les films que j’ai vu jusqu’à présent, jamais des mots et des images crues n’auront trouvés une telle résonance, jamais le drame qui les sous-tend n’aura réussi à donner un statut artistique à ce qu’ailleurs on appellerait simplement pornographie. ici je dirais que cette scène a tout à fait sa raison d’être et qu’elle est même une des meilleures du film car elle est partie intégrante du dénouement et que celui-ci est quasiment anthologique, le genre de fin qui vous laisse complètement lessivé et abattu (un peu comme celle de requiem for a dream)

the brown bunny est un film d’accès un peu difficile à cause de son début assez lent et répétitif. mais ce n’est qu’une facade derrière vincent gallo construit sans la moindre concession à la facilité, un drame dont on prend peu à peu toute la mesure jusqu’à un climax qui laisse vraiment remué et qui donne tout un coup un sens nouveau à tout ce qui a eu lieu avant. il n’y a donc aucune raison de le rater car tout y est très bien, les acteurs en tête.

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publié par le 10/04/04