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publié par alex le 01/12/98
Tely - Qui est la fille qui chante ?

la dernière fois qu’on l’avait vu, c’était à la fin de l’été 1997 à la route du rock et au plan à ris-orangis. tommy walter était alors bassiste de eels, le groupe révélation de l’année précédente, et il terminait deux années marathon, consacrées à l’enregistrement du premier album du groupe et à la longue tournée mondiale pour le promouvoir. mais ce musicien hors-pair avait un projet derrière la tête depuis longtemps : il voulait voler de ses propres ailes, créer son propre groupe pour développer pleinement ses talents de chanteur, de compositeur et d’arrangeur. le leader de eels l’appelait "le professeur" et disait de lui : "il est le musicien le plus expérimenté du groupe, qui s’occupe de tous les aspects techniques que le reste du groupe ne peut résoudre, comme le cor - dont il joue - il est accordé dans le même ton que les autres instruments. tommy est revenu à paris en décembre avec son nouveau groupe, metromax, pour une série de concerts au chesterfield café. ils n’avaient fait que deux concerts auparavant, à los angeles, nous avons donc pu voir le groupe évoluer sous nos yeux entre la première et la dernière date. leurs concerts, que ce soit en californie ou à paris, n’ont pas laissé le public indifférent. on devrait donc entendre parler à nouveau de ce groupe très bientôt. en attendant, nous sommes allés interviewer tommy le lendemain du premier concert parisien pour en savoir un peu plus sur sa musique et sur ses projets. rebaptisé tely, vous pourrez trouver toutes les infos que vous chercher sur le groupe de tommy walter sur le site www.tely.net

vous êtes un nouveau groupe, vous n’avez encore rien sorti, pourquoi avez-vous décidé de venir à paris pour jouer au chesterfield café ?

c’est très difficile de commencer comme nouveau groupe au milieu de l’industrie du disque. paris et la france en général était notre endroit préféré avec les eels. c’est là que je m’amusais le plus et que sont mes meilleurs amis. c’est calme aussi. et comme ils connaissent bien eels ici en france, ils seront peut-être intéressés par le nouveau groupe de tommy, le bassiste de eels.

est-ce que metromax est un projet sérieux, à long terme ?

je dirais que c’est un projet à long terme. je veux faire autant d’albums que possible. je dirais qu’un groupe y voie en général plus clair au bout de 3 albums. c’est ce que je veux faire, faire au moins 2 albums avec ce groupe, voir ensuite ce qui se passe, et alors peut-être former un nouveau groupe ou faire une carrière solo ou quelque chose comme ça.

racontez-nous l’histoire du groupe, comment vous vous êtes rencontrés. vous aviez déjà travaillé avec le batteur, n’est-ce pas ?

oui, le batteur, pete. nous étions ensemble dans un autre groupe. j’avais quitté ce groupe pour joindre the eels, et ce groupe s’est finalement séparé. même lorsque je faisais partie de the eels, j’ai toujours eu envie de former mon propre groupe, et je savais que peut-être the eels capoterait. et donc, quand j’ai décidé de monter ce groupe, j’ai pensé à pete car je savais qu’il avait une très bonne oreille musicale et qu’il était aussi très bon pour mettre les choses en perspective, comme par exemple, quand je travaille sur une chanson et que j’ai juste une démo, je l’apporte à pete et il dira : "pas bon ; ça c’est bien ; enlève ça ; on fait ça ; mets cela ici" et là bang la chanson fonctionne, et un peu mieux que ce que j’avais réussi de mon côté. il n’écrit pas forcément la musique ou les paroles, il m’aide à mettre la musique en perspective, et c’est pareil pour les répétitions ou les concerts, il est très précieux pour moi. mike, le guitariste, travaillait juste à côté de là où travaillait pete, à sunset boulevard, et pour le clavier, ça s’est fait un peu par hasard. nous avons essayé trois claviers différents et nous avons ed avec nous que depuis deux semaines, c’est le petit dernier.

comment l’avez-vous trouvé ?

pete a dit à tout le monde qu’on cherchait quelqu’un et je crois qu’à partir de là ça s’est fait par le bouche à oreille. je ne pense pas qu’il y ait de formule magique (le clavier en question, ed, a été remplacé depuis).

de quoi parlent les chansons de metromax ?

et bien en général, cela parle d’idéalisme, d’échapper à la réalité. je ne veux pas tomber dans les travers du rock "dépressif" (complaint rock), ce nom est un peu flatteur, mais je n’en ai pas de meilleur pour désigner ce type de musique. je voulais plus écrire des chansons idéalistes, qui parlent d’échapper au quotidien, et créer des situations que je voudrais vivre dans ma propre vie, et à partir de là donner à mes chansons une vie propre. je ne veux pas me plaindre à longueur de chanson, ce ne serait pas intéressant. je sais que cela peut paraître un peu vague comme description, mais je suis moi-même en train de chercher ce que je veux faire dire exactement à mes chansons.

est-ce que vous aviez déjà écrit des chansons avant de créer metromax, avant the eels ?

avant the eels, pas tellement. après the eels, mon aventure avec ce groupe s’est terminé en septembre 1997, et à ce moment-là je me suis mis à écrire des chansons sérieusement. avant cela, j’écrivais 3 ou 4 chansons maximum par an. donc je ne suis vraiment un chanteur et un songwriter que depuis 15 mois.

hier soir (le premier concert au chesterfield café), vous avez joué à peu près 10 chansons ...

11 chansons je crois.

est-ce que ce sont les chansons qu’on trouvera sur le premier album ?

je dirais oui pour 80% d’entre-elles. peut-être pas "mission to mars". (nous lui tendons la set-list de la veille) oh, en fait il y a beaucoup peut-être, quand je regarde la set-list, il n’y a pas une chanson que j’aurais honte de mettre sur l’album. ce sont les meilleures. je pense que 80% sera proche du compte final. il y a plusieurs chansons que j’ai écrites mais dans l’esprit du deuxième album. quand on prend la chanson "you and me" avec laquelle nous avons ouvert le concert hier soir, comparée à d’autres chansons qui sont plus calmes, et qui pour cette raison ne sont pas au même endroit dans la set-list et qui donc devraient plutôt se retrouver sur le deuxième album car elles sont plus sombres, plus tristes. pendant un moment, quand j’ai commencé à écrire des chansons, j’aimais écrire des chansons pop, et j’en écris toujours d’ailleurs. j’utilise un peu la formule du prince des années 80 : il écrivait un ou deux singles dont ils savaient qu’ils feraient la promotion de l’album, et le reste de l’album, sans décevoir ses fans pour autant, lui permettaient de faire ce qu’il avait envie de faire. c’est la meilleure formule pour moi, s’il y en a une.

est-ce que vous vous sentez prêts à enregistrer l’album ou avez-vous besoin encore de temps ?

je le ferais maintenant si je pouvais. même avec le groupe tel qu’il est aujourd’hui. je pense que le groupe fonctionne bien. mike, mon guitariste, peut aussi jouer du clavier. je pense qu’on utilisera des samples. je veux enregistrer l’album ainsi, mais il se peut que cela se passe comme cela. ce n’est pas que je pense devoir laisser le groupe se développer. cela se passera peut-être après la tournée et un autre album. je pense que je pourrais enregistrer cet album dès maintenant, ce serait avec plaisir.

des maisons de disques vous ont déjà manifesté leur intérêt, n’est-ce pas ?

oui, après les deux concerts que nous avons fait à los angeles. cela nous a fait plaisir, d’autant plus que je n’ai fait aucune publicité autour de ces deux concerts puisque c’était nos tout premiers et que je ne voulais vraiment pas que quelqu’un vienne. mais des gens étaient déjà là, ce qui est plutôt le genre de "problèmes" que l’on peut souhaiter à un groupe. le téléphone n’a pas arrêté de sonner, mais nous voulons prendre du recul avant de prendre une décision, à cause de l’état actuel de l’industrie du disque avec notamment la fusion universal-polygram. à cause de cette restructuration, beaucoup de gens se retrouvent au chômage. nous voulons prendre notre temps. sans vouloir avoir l’air arrogant, on va attendre de retourner à los angeles et à hollywood et on cherchera le label qu’il nous faut. nous sommes prêts. il faut juste que je trouve le bon label. nous n’avons pas de manager ou d’avocat parce que je pense qu’il faut aller le plus loin possible sans ce genre de choses. prenons le temps de trouver de trouver les bonnes personnes.

c’est la première fois que vous êtes le chanteur d’un groupe. avec the eels, vous ne chantiez que les cœurs en général. est-ce que vous vous sentez à l’aise ? hier, pendant la première partie du concert, on vous sentait très tendu.

je pense que je peux chanter comme il le faut, l’exécuter correctement, mais de là à être à l’aise, pas encore ! peut-être dans 10 concerts. c’est juste différent : avec the eels je ne faisais que chanter des chansons qui avaient été écrites par quelqu’un d’autre. ce n’est pas vraiment moi. je pouvais le faire sans problème. maintenant ce sont mes propres chansons, c’est pour cela que j’ai peur. ca passera... j’espère.

quel album a eu la plus grande influence sur vous depuis le début de votre carrière de musicien ?

c’est mercury par the american music club. il y a une chanson que l’on n’a pas joué hier soir mais que l’on va probablement inclure dans la set-list plus tard, qui est inspirée de cet album. c’est dans le même style. cet album compte beaucoup pour moi. sinon les trois albums de prince : love parade, sign o’time, ___. j’aime beaucoup cette période. il arrive à donner à chaque chanson une ambiance différente. ce n’est pas juste une série de chansons avec la même production d’un bout à l’autre. chaque chanson a sa propre identité. c’est ce que j’ai toujours essayé de faire. sinon, récemment, comment dire, on ne peut pas prétendre être un songwriter ou un artiste si on n’écoute pas ok computer, sinon il y a un problème quelque part. les gens pensent qu’on sonne un peu trop comme cet album mais cela ne me dérange pas. maintenant, dès qu’un chanteur utilise une voix haut-perchée, on dit qu’il imite radiohead. entendons-nous bien, ce n’est pas moi qui vais contester que c’est un très grand groupe. je pense que tout le monde devrait connaître cet album. cela m’arrive quand j’écris une chanson de vouloir faire quelque chose qui ressemble à leur œuvre mais cela ne me pose pas de problème puisque c’est un grand groupe. mais bon normalement une fois la chanson terminée, elle sonnera comme du metromax et non comme du radiohead. et pete, le batteur, me dit souvent "c’est trop thom yorke". sinon il y a aussi l’album de björk, homogenic, qui m’a tout autant influencé, notamment la façon dont elle phrase les chansons et dont elle chante. j’aime plus la façon dont les filles chantent que celle des garçons. j’aime bien la fille des cardigans, c’est une grande chanteuse. harriet wheeler aussi des sundays. cela m’a plus influencé que aerosmith en tout cas ! parce que je pense que c’est plus subtile, plus instructif aussi. cela aura aussi une influence sur moi. souvent, quand je fais écouter mes démos à quelqu’un, il me demande qui est la fille qui chante, et c’est moi !

un nombre impressionnant d’albums est sorti l’année dernière, le smashing, le garbage, le elliott smith, le beck, le eels ...

l’album des smashing pumpkins est bien mais je n’en suis pas fou. l’album des eels est un bon album aussi. et puis j’ai beaucoup aimé unkle.

a propos de eels, on se demande pourquoi vous avez quitté le groupe l’année dernière. officiellement, on a dit que c’était parce que vous n’étiez pas d’accord avec la direction musicale que prenait le groupe. est-ce la vraie raison ?

je n’ai pas vraiment entendu le nouvel album, mais ce que j’ai entendu m’a plu. mais pour moi, comment dire, cela ne sonne pas comme un album de eels. cela ressemble à un ancien album solo de e. ce qui s’est passé, c’est que nous avons travaillé tous les trois très dur pour faire la promotion du groupe, pour enregistrer l’album, pour la tournée, et quelque chose quand cela a commencé à marcher, on m’a fait comprendre que la raison pour laquelle je faisais tout ce boulot était pour rendre le chanteur célèbre. cela devenait pour moi inutile de rester dans ce groupe, et j’ai préféré partir sans me répandre sur le reste du groupe.

c’est vraiment courageux...

oui, c’est pour ça que je suis mort de trouille !

est-ce que vous êtes toujours en contact avec les autres membres du groupe ?

non, pas tellement. pourquoi pas, mais en tout cas il n’y a pas de reformation en vue.

quel a été le premier album important dans votre vie ?

c’est un album que je n’ai jamais possédé moi-même. il appartenait à mon frère. je me souvient avoir été à cette soirée et quelqu’un a mis cet album, c’était ac/dc black in black. je ne suis jamais devenu fan de ce groupe mais quand je l’ai entendu je me suis dit "waouh, it rocks !". j’étais jeune à l’époque !

eels était un groupe particulier avec un son particulier, des instruments particuliers. est-ce que vous voulez garder quelque chose de cette expérience musicale ? peut-être le son du clavier ?

oui, je voulais garder le clavier, et aussi quelque chose qui n’est pas très apparent sur le premier album de eels mais qu’on a développé pendant la tournée : on faisait beaucoup de bruits en tout genre. je pense que c’est quelque chose qui peut rendre magnifiquement. les gens qui ont entendu mes démos et qui sont venus nous voir ensuite en concert ont eut tendance à dire : "oh, vous êtes beaucoup plus "bruyants" sur scène". c’est quelque chose que je ne pouvais pas faire sur les démos car je ne suis pas un très bon ingénieur du son, mais c’est quelque chose qu’on développera sur album. sinon, il y a peu de chance que je fasses des percussions sur une plaque de métal comme je le faisais avec eels !

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publié par le 01/12/98