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publié par Anaïs Benoist le 27/02/19
Tash Sultana - -

Venue tout droit de Melbourne, Tash Sultana est une jeune autodidacte de 23 ans à la voix puissante qui s’accompagne à la guitare avec un style bien à elle. Quelque chose vous fait penser à Selah Sue ? Vous avez raison, les deux ont le groove dans la peau, le grain soul et la chaleur des îles dans la voix. Et puis d’un coup la jeune Australienne loope sa rythmique puis enclenche sa pédale de saturation et vous gratifie d’un magnifique solo hendrixien, noisy, psychédélique, puissant, tordu à la suite duquel vous n’avez plus qu’à ramasser votre mâchoire tombée par terre.

Tash, de son vrai nom Natasha Sultana (mais il ne faut surtout pas l’appeler comme ça), a commencé l’apprentissage de la guitare à 3 ans et maîtrise désormais plus d’une quinzaine d’instruments différents. En un an à peine, elle est passée de vidéos enregistrées à la maison avec une Go Pro et diffusées sur sa chaîne Youtube à de grandes salles jouées à guichets fermées chez elle en Australie et à des festivals internationaux. Elle a également fait sensation lors de son premier passage en France en juillet 2017 où elle enflamme la scène de la Maroquinerie.

« Jungle », le single qui l’a révélée en mai 2016, cumule aujourd’hui près de 40 millions de vues. Mais ce n’était que le début pour cette jeune artiste qui a commencé tôt, a joué dans la rue avant de connaître le succès et à 23 ans est déjà revenu de graves problèmes psychologiques liés à la drogue. Des sujets qu’elle n’hésite à pas à aborder avec franchise, tout comme ses engagements contre le racisme (un sujet très sérieux en Australie) ou pour l’égalité. Qu’on soit homme, femme, hétéro ou LGBTQ, ce n’est pas ça qui compte pour la musicienne, qui refuse en fait toute approche binaire et se considère avant tout comme un être humain.

Après avoir créé son propre label Lonely Lands Records, elle sort son premier EP Notion en septembre 2016. Du beat-box à la flûte de pan, du drum pad à la trompette, la jeune femme-orchestre nous envoûte. Cette virtuose de la guitare a créé un style unique dont émane une sincérité touchante. En effet, l’artiste nous livre des compositions chargées de messages forts et clame le respect et la liberté dans ses textes.

Son premier album studio – Flow State – sorti le 31 août 2018 est une véritable pépite musicale, mêlant les styles et les ambiances, entre groove, rhythm’n’blues et reggae-rock. L’artiste a elle-même enregistré tous les instruments du disque. Composé de treize morceaux, tous plus surprenants les uns que les autres, Flow State prouve tout le génie et la générosité de la musicienne. Elle pose sa voix texturée, un brin éraillée, sur des mélodies parfaitement maîtrisées, passant de l’hyper-aigu à de chaudes profondeurs.

Sur disque, pas besoin de looping, on a la liberté de multiplier les pistes, de bâtir des structures complexes, non répétitives, Tasha en profite, multipliant les approches et les instrumentations mais elle choisit néanmoins une certaine sobriété, la musique reste bâtie autour de sa voix et de sa guitare, la boite à rythme vient apporter un support et une énergie supplémentaire quand c’est nécessaire comme par exemple pour épauler l’excellent et inattendu solo de guitare qui occupe les deux dernières minutes de « Big Smoke », sur « Cigarettes » qui suit, la rythmique très présente est programmée pour aller nous balader à la frontière du funk et de la soul et du hip-hop moderne. Au milieu du disque, on trouve l’instrumental « Seven », où l’émotion est portée par des parties de cordes sublimes, soutenues par la batterie et les claviers et là on est presque chez Massive Attack. Elle sait vraiment tout faire Tash.

L’émotion devient contagieuse sur « Free Mind », balade aérienne qui révèle la quête d’indépendance de la chanteuse – “When will my mind be free ? From all the chains that hold me” . Suit « Blackbird », qui donne le ton dès les premières secondes : un morceau plein de caractère, avec peu de textes, mais Tash communique déjà suffisamment avec sa guitare.

A travers ce disque empreint de lyrisme, qui mélange les genres et les approches, l’artiste nous invite à un voyage musical, avec même quelques morceaux aux touches orientales. Des arrangements audacieux, des mélodies variées, une voix puissante, un haut degré de technicité à la guitare. Tash Sultana signe une œuvre qui ravit nos oreilles et ce n’est que son premier album. Son talent n’a sûrement pas fini de nous surprendre !

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publié par le 27/02/19