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publié par Emmanuelle Nemoz, Maud Rm le 12/10/21
Sylvain Daniel - Jazz à La Villette 2021 - 10/09/2021

Pour célébrer le premier anniversaire du label Kyudo Records, deux soirées étaient organisées au Studio de l’Ermitage dans le cadre de la sélection "Under the Radar" du festival Jazz à la Villette et c’est le bassiste Sylvain Daniel qui a ouvert les festivités.

Après son album road trip musical Palimpseste (Voyage imaginaire dans les ruines de Detroit, sorti en 2018, et entre deux collaborations jazz ou pop rock (ONJ, Piers Faccini, Thomas de Pourquery, Kent, Olivia Ruiz, Gaël Faye...), Sylvain Daniel est venu présenter son dernier opus, Pauca Meae.

Un projet ambitieux, qui met en musique des textes de Victor Hugo et un pari osé puisqu’il sont issus du livre IV du mythique recueil de poèmes Les Contemplations, rédigé après la noyade de sa fille Léopoldine (on y trouve notamment le fameux "Demain dès l’aube").

Le résultat ? Un bluffant voyage introspectif nourri par les splendides compositions du bassiste et la qualité des musiciens qui l’entourent : un quartet de jazz avec Sophie Agnel au piano, David Aknin à la batterie et Guillaume Poncelet à la trompette, enrichi d’un... quatuor à cordes (Anne Le Pape et Johan Renard au violon, Cyprien Busolini à l’alto et Jean-Philippe Feiss au violoncelle), outre le comédien Olivier Augrond pour interpréter les poèmes. Un format atypique qui allie avec finesse modernité et classique, forgeant ainsi un son tantôt énergique, tantôt mystique.

Les morceaux s’articulent autour d’une sélection de poèmes interprétés avec force et délicatesse par Olivier Augrond. La musique épouse les paroles et un juste équilibre se dessine entre la plume d’Hugo et le jazz de Sylvain Daniel et, au fil du concert, une atmosphère envoûtante et émouvante s’installe.

Sylvain Daniel et ses musiciens transcendent l’intensité des poèmes que Victor Hugo rédigea en hommage à sa fille. Les lignes mélodiques célèbrent l’amour d’un père pour son enfant, mais aussi la douleur sidérante de la perte de celui-ci, ou évoquent folie et tourments quand affleure le fantôme de la disparue. Des thèmes intemporels. Les échanges entre les musiciens sont habités et le public se laisse embarquer dans ce tourbillon émotionnel aux ambiances variées : parfois tendre, puis mélancolique ou encore furieusement agitée.

Sylvain Daniel, sur un chemin personnel et artistique exigeant, rend un vibrant hommage aux poèmes d’Hugo, sublimés par la musique et qui résonnent en chacun de nous. Une création belle et subtile qui conjugue au présent une poésie du passé si vivante… Une réussite.

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