Thought I was dead, shot in the head...
Vous vous souvenez de vos premières fois ? La première fois qu’on l’a vu, la première fois qu’on s’est souri, la première fois qu’on s’est embrassé, la première fois qu’on s’est aimé, la première fois qu’on a cru mourir de chagrin... la première fois qu’on a entendu un artiste, un morceau.
Je n’oublierai pas la première fois où j’ai écouté Syd Matters. Déjà parce que c’est très récent mais surtout parce que l’émotion produite fut de suite très intense. Et si j’ajoute que c’est grâce au cargo que j’ai connu ma première fois avec Syd Matters, là c’est carrément délirant. Sans dévoiler des secrets de fabrication de nos rubriques cargo disons que des raisons techniques m’amènent à aller régulièrement visiter le Dailymotion Cargo. Alors autant être honnête quand il s’agit d’artistes qui me motivent j’écoute et regarde attentivement sinon je jette un coup d’oeil rapide et l’oreille traîne vite fait. Pour Syd Matters dont le nom de groupe est un vibrant hommage aux Pink Floyd , on ne peut pas dire que la motivation , surtout à 6 h 20 du matin, était bien grande pour écouter cette session attentivement.
Mais voilà il y a des fois où on ne maîtrise pas forcément tout ce qui nous arrive. On se laisse submerger par des émotions et on ne peut plus rien contrôler. Les premières secondes de la vidéo de “Eveything Else” ont à peine débuté que l’on reste scotché à son écran à regarder ces trois garçons. On écoute leurs voix magnifiques interpréter de concert et si gracieusement un des plus beaux titres de l’album Ghost Days. C’est ainsi que sans s’en rendre compte on relance la vidéo 2 fois, 3 fois, 10 fois et on se laisse submerger par toutes sortes d’émotions. On est bluffé, on se dit que ce n’est pas possible d’être à ce point troublée par une chanson interprétée si simplement dans le cadre d’une session acoustique.
L’envie compulsive d’écouter “Everything Else” sur l’album Ghost, d’écouter tout l’album d’ailleurs se fait de plus en plus pressante jusqu’à devenir obsédante.
L’hommage aux errances solitaires
Ce qui marque lors des premières écoutes de Ghost Days c’est l’intimité, la simplicité avec laquelle les morceaux nous sont offerts. Un peu comme si cet album, composé par Jonathan Morali durant ses longues périodes de solitude, n’appartenait qu’à nous et n’avait été écrit que pour nous. L’atmosphère est toujours très douce, rassurante même si une forte mélancolie baigne l’ensemble. Point d’orgue nostalgique, l’adorable “Cloud Flakes” : superbe mélodie enfantine qui remémore les rêves, les errances (déjà) de l’enfant que nous étions ; caché dans un recoin de la maison (ici un grand four noir) pour imaginer tout ce qu’on ne pouvait pas voir. L’interprétation de cette douce rengaine enfantine est à la fois poignante et très touchante. “Big Moon” commence quant à elle par quelques accords dépouillés, puis le chant de Jonathan Morali débute et cela nous semble presque familier, ce chant... la manière dont le morceau est construit. C’est à une minute de la fin lors de la cassure et de la reprise du morceau que l’inspiration Radiohead (oui encore radiohead ! ) nous semble évidente. Sur plusieurs morceaux de l’album on ne peut s’empêcher de penser au groupe de Thom Yorke tant on perçoit la très nette influence qu’il a dans les compositions de Syd Matters. Cela se ressent tant au niveau du chant que de la construction mélodique de certains titres (sur la fin de “Anytime now” notamment).
C’est de manière presque irréelle qu’on se laisse transporter par toute cette douceur mélodique au fil de morceaux apparemment plus légers comme “Nick name”, de titres emplis de mélancolie (“Me and my Horses”) ou encore sur un “Louise” bouleversant. Et comme si nous devions nous endormir définitivement et rester à errer aux gré des mélodies rêveuses que nous propose Syd Matters, l’album s’achève délicatement sur le final long et aérien de “Nobody Told Me”.
Ghost days est un album vraiment unique : d’une douceur intrigante , d’une force poignante sans jamais sombrer dans du pathos larmoyant. C’est beau tout simplement, beau à pleurer bien souvent, ça donne envie de cogiter, de rêver, de s’enfermer, de s’aérer... ça donne aussi l’envie quasi vitale d’aller voir et écouter tous ces merveilleux morceaux sur scène pour s’assurer que là aussi la magie opère.
A voir absolument : la très belle pochette et la superbe vidéo du morceau “Everything Else” qui ont été réalisées par Jason Glasser .