accueil > articles > albums > superflu

publié par tairanteuh le 12/10/00
superflu
- tchin-tchin
tchin-tchin

îlot français

l’ironie est bien le fort de superflu. déjà ce nom lorsque l’on sait que superflu est une des meilleures formations hexagonales. tchin tchin, appel à la fête ? ce n’est pourtant pas le fort de superflu, chroniqueur de ces petits instants banals que seul nicolas falez sait chanter. qui d’autre saurait parler de frustration, d’abandon, d’amour en si peu de temps, sur une musique émouvante et savamment orchestrée ? outre le talent qui se dégageait des écrits du premier album, on retenait les atmosphères musicales oscillant entre eels, grandaddy... superflu était le plus américain de nos groupes, chantant pourtant dans un français parfait. et puis deux années ont passé. ils nous clamaient que l’on verrait bien et l’heure est au bilan. le paysage a changé. murat a troqué sa tristesse d’auvergnat contre la mélancolie de l’arizona, calexico sort des singles avec des paroles en français. tucson est devenu l’îlot français du coeur d’arizona : le passage obligé auquel superflu n’a pas échappé. [1]

passants flous

on craignait de voir la musique de superflu changée, attristée. elle l’est. même si le groupe a enregistré à bruxelles, dans la formation originale. la pochette donne le ton : d’une maisonnette en bois sur fond bleu on passe à une rue de nuit où les passants se font flous comme sur le ideal crash de deus. on reprend superflu là où on l’avait brillamment laissé. "un jour il faudra partir" est une transition logique, mêmes ingrédients : nicolas falez reprend sa description du quotidien, de l’abandon appuyée par sonia bricout. toujours la guitare électrique dans le fond, toujours la même douceur. le morceau ne rappelle-t-il pas d’ailleurs "dieu que cette nuit est belle" ? pourtant tchin tchin est un album différent. le thème de la mort revient de manière plus explicite que précédemment. superflu livrerait-il son electro-shock blues ? de manière qualitative oui. l’album est magnifique, sombre mais grand. "ton mauvais compagnon" rappelle la douceur d’elliott smith, une musique toute en finesse. écoutez "la chanson d’arnaud & cécile" où la musique s’octroie le meilleur de calexico.

the tucson-jerusalem crossroads ?

l’orchestration est plus riche que jamais comme l’atteste "tchin tchin" où les cordes s’acoquinent d’une délicieuse ligne de piano, "perdu d’avance" hymne pop aux arrangements luxuriant, "carmélite" traversée par un tuba, une trompette, un accordéon ou encore "mes morts" qui réitère l’exploit de "25 ans" à savoir faire une pépite avec trois fois rien : un fond minimaliste mais magnifique de piano. il y a aussi ces curieux récits qui élargissent la portée de superflu. du "métropolitain" on passe à "independance park" et ses arrangements qui font penser à "taster" de grandaddy. le récit se passe ici à jérusalem ou bien en campagne comme dans "la ferme" ou l’on est l’idiot du village qui tue la fille moqueuse du maire. et au dessus de tout il y a cette chanson, l’égal de "elle & lui", la chanson qui résistera au temps, l’hymne intemporel qu’est "de nouveau". proche cousin du sophtware slump de grandaddy, du soft bulletin de flaming lips, du sombre génie d’electro-shock blues de eels ou du lunatisme de good morning spider par sparklehorse, tchin tchin n’échappe pas à ces références, pourtant il en sort grandit : à l’heure ou les songwriters américains se reposent, superflu décline l’album de l’année.

Notes

[1] ground god

Partager :

publié par le 12/10/00
Informations

Sortie : 2000
Label : le village vert