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publié par Mickaël Adamadorassy le 07/06/22
Sun - Le Trianon, Paris - 08/05/2022

C’était sur le papier un choix audacieux de programmer la BRUTAL pop de Sun ne première partie de la... gentille (?) pop de Travis ... mais en pratique le public du groupe écossais n’a pas été plus déstabilisé que ça par le côté "brutal" de SUN : de la double pédale, du scream, des guitares très saturées empruntés au métal extrême. De quoi faire un bon gros mur du son donc, voir traumatiser quelques poppeux ? mais en 2022 à l’image du Hellfest, on a l’impression que le style s’est quelque part institutionnalisé et ne choque plus personne : le Trianon applaudit sagement et réserve un accueil plutôt chaleureux à la chanteuse-guitariste Karoline Rose et ses deux musiciens (basse/batterie) voir même très chaleureux quand elle se lance dans un solo de guitare et utilise le ventilateur posé à ses pieds pour faire voltiger sa longue chevelure blanche en mode totalement épique.

On peut voir cet accueil comme la réussite de la synthèse entre la pop et le métal : parvenir à intéresser des fans de pop qui a priori n’ont pas de prédispositions à aimer. Ou au contraire se dire qu’on y est pas : si on considère que le métal est transgressif et qu’il doit aller vers une forme d’extrême, qui ne peut pas plaire à tout le monde, dans ce cas l’absence de réactions épidermiques, de gens qui quittent carrément la salle pour se réfugier au bar, indiquerait que le curseur n’a pas été poussé assez loin, finalement que la pop l’a emporté alors que le concept a besoin d’un équilibre entre les deux. Mais pour nous Sun, plus que mélanger, fait tantôt l’un tantôt l’autre et trouve souvent le même compromis : un rock heavy/stoner avec un chant clair féminin très sympa et des moments hurlés qui font facilement headbanguer mais interviennent plus comme un gimmick que comme un climax ou quelque chose de dérangé, de vraiment brutal, radical.

On se dit que "brutal pop" c’est cool comme idée mais en l’état ce n’est qu’ouvrir le champs des possibles : imaginer Dimmu Borgir avec de l’autotune, Slayer qui bosserait avec les arrangeurs de Britney Spears, le batteur d’Iron Maiden qui jouerait des sons de TR-808 sur un SPD, tant de plaisirs inimaginables et de mignons mutants de cauchemar qui restent à inventer.

Nous vous laissons méditer sur cette problématique (peut être au bac de philo l’an prochain ?), en attendant notre morceau préféré du set de Sun n’aura été ni pop ni métal mais un titre qui commence en spoken words et parle de l’Allemagne, de la génération qui est née juste après celle qui a fait la seconde guerre mondiale, la perception qu’ils ont de leurs ainés. Là encore quelque chose donne vraiment à réfléchir et vous place dans une perspective inattendue.

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