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publié par yves le 22/11/05
Sufjan Stevens - Ballade dans le Nord de l'Union -
Ballade dans le Nord de l'Union

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Lien vers l’interview avec Sufjan Stevens

Lien vers le compte rendu du concert du 26/10/2005 au Point Ephémère

Lien vers la chronique de Sevens Swans

D’après la biographie de son site, Sufjan Stevens a été trouvé à Detroit dans une caisse emballé dans du cellophane le 1er juillet 1975. Son prénom serait une référence à Abu Sufjan Muhammad, un guerrier Arménien légendaire qui tua 10000 dragons pour délivrer sa bien-aimée. Hum.

à naissance romanesque, destin héroïque. Si les armes du jeune américain préfèrent la rondeur au tranchant, sa renommée n’a cessé de grandir dans son pays s’adoption. En 2000 est sorti son premier album solo, “A Sun Came”, qui porte en lui les prémisses d’un talent de composition alors en pleine expansion. “Enjoy your rabbit” (2001) dessine un crochet vers des sonorités plus expérimentales, à bases de samples et de sons électroniques. En compagnie de la Danielson Family, il composera trois ans plus tard le superbe Seven Swans, placé sous le signe de la spiritualité et du recueillement. Lire la chronique.

Le “50 States Project”

En 2003, Sufjan Stevens décide de se lancer dans un projet démesuré : enregistrer un disque pour chacun des 50 Etats d’Amérique. Avant lui, Brian Wilson s’était imposé le même genre de cadre formel pour son album mythique SMiLE (une traversée des Etats-Unis à vélo avec des textes de Van Dyke Parks). « Ce projet est un excellent contexte émotionnel », explique t-il dans une interview avec le Cargo. « C’est un cadre de travail très construit, qui me sert de guide. Je peux expérimenter avec les structures des chansons autant que je veux. Je ne pense pas que le cadre soit restrictif. » A l’heure où j’écris ces lignes, Sufjan a déjà traversé deux Etats du Nord-Ouest, le Michigan et l’Illinois. Rétrospective.

“Greetings From Michigan, The Great Lake State” (2003)

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Un disque intimiste et délicat, qui pose les fondements du son de l’artiste. Sufjan parle de sa région natale : de l’extérieur, un état du nord froid, en prise à des problèmes de dépeuplement et de chômage ; sous la plume de l’auteur, un paysage plein de charme, avec ses zones d’ombre et de lumière.

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S’improvisant reporter, il dresse une carte de son périple à l’aide d’instantanés aux dimensions variables :
- panoramiques, pour capturer la richesse de la faune et la flore Michiganaise (une vraie ménagerie),
- grand angle pour l’analyse de problèmes de société : le chômage à Flint, la solitude des personnes âgées, le délabrement urbain de Detroit.
- des petites focales, plus adaptées au récit de drames familiaux (la mort de parents et de conjoints).

Souvent, ces clichés sont dépeints à l’aide de portraits de personnages imaginaires, dont Sufjan raconte l’histoire à la première personne, avec ambition (étant donnés la variété et le nombre de sujets abordés), mais aussi humilité. Car son talent majeur réside certainement dans sa capacité à éprouver de la sympathie pour la douleur d’autrui. Le disque parle également beaucoup de spiritualité, Sufjan s’interroge sur sa foi de chrétien dans des incantations à Dieu (“Vito’s Ordination”, « Oh God, Where Are You Now »).

Sur cet album, Sufjan cumule les casquettes : auteur, compositeur, arrangeur, interprète. Quelques musiciens viennent apporter une petite contribution mais il enregistre lui-même presque tous les instruments : plus de vingts énumérés dans les crédits !

NOTE : l’édition vinyle de Michigan contient 6 morceaux additionnels non présents sur la version CD.

“Come On ! Feel The Illinoise !” (2005)

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La consécration. On reconnaît immédiatement une continuité avec “Michigan”, dans la charte visuelle adoptée - pochette de disque peinturlurée façon carte postale, tracklisting tonitruant et bardé de titres aussi délirants que longs - et sonore, les chansons reposant sur le trio habituel banjo-guitare-piano. Cependant, un cap est franchi. Le cadre formel (l’histoire locale de l’Illinois, ses figures héroïques, sa géographie) n’est qu’un prétexte pour exprimer ses sentiments de manière distanciée (“John Wayne Gacy Jr”). Le génie est là, indiscutablement : l’érudition rencontre la poésie.

Sur cet album, de nombreux musiciens viennent prêter main-forte à Sufjan, qui se concentre alors sur la composition et la chant, ce qui ne l’empêche pas de continuer à jouer les hommes-orchestre. Les structures des morceaux deviennent très denses et complexes (le titre éponyme) et un choeur, The Illinoisemaker Choir, vient donner la réplique à sa voix claire ; les cuivres, toujours présents, sont cette fois accompagnés d’un quatuor à cordes. Alors que “Michigan” était empreint d’une sorte de mélancolie, de nostalgie, “Illinois” exhale le bonheur sous toutes ses formes. Le résultat est époustouflant : dans cette explosion de sentiments, de l’introspection à l’exaltation, Sufjan Stevens parvient à un degré de finesse incomparable dans son écriture, qui sonne presque comme un aboutissement. Un chef d’oeuvre.

Anecdote : le Superman figurant sur la pochette originelle du disque a dû être supprimé, suite à des menaces de poursuites de la part de DC Comics pour violation de droits d’image. Les aficionados pourront cependant trouver le collector en vente sur Internet...

“The God Love Bird”

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Sujet : « la découverte d’une espèce de piverts portée disparue dans l’Arkansas ». Top vous avez trois-quarts d’heure. Réactif, Sufjan enregistre en quelques semaines ce titre de commande pour une radio américaine, peu de temps après la sortie de l’album “Illinois”.

Mp3 à télécharger ici.

Un album entier sur l’Arkansas n’est pas prévu pour tout de suite ; Sufjan se serait paraît-il lancé dans l’Oregon, Etat de la Côte Ouest. « Les plus majestueux paysages des Etats-Unis », confie t-il au Guardian, « Rocailleux et sablonneux, très agressifs mais aussi très sereins. l’Oregon, c’est la Grande Frontière, celle que tout un peuple a traversée pour s’installer et conquérir un pays. » Le monsieur aurait également commencé à se documenter sur le New Jersey et Rhodes Island... On attend tout cela de pied ferme.

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publié par le 22/11/05
Derniers commentaires
julien - le 24/11/05 à 11:30
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bonjour,
le dossier sur sufjan est très bien foutu !
j’en profite pour filer l’adresse du site en francais sur sufjan :
http://www.sayyestosufjan.net