Lien vers la discographie partielle de Sufjan Stevens

Lien vers l’interview du 26/10/2005

17h30. Le concert ne commence que 3 heures plus tard, mais déjà, une masse de fans s’amoncelle sur le quai du canal Saint-Martin qui fait face au Point Ephémère. La salle affiche complet depuis plusieurs semaines, et pour cause, il s’agit du tout premier passage de Sufjan Stevens en France. Impatience, fébrilité même, de la part du public français curieux de savoir comment vont sonner sur scène les morceaux super-produits du monumental “Illinois”.

La première partie est assurée par plusieurs membres des Illinoisemakers, le groupe qui accompagne Sufjan Stevens en tournée. D’ailleurs, C’est lui-même qui vient présenter le groupe au public, avec les manières cérémonieuses et fanfaronnes d’un M. Loyal de cirque et cet humour pince-sans-rire que l’on retrouve sur les titres exubérants de ses disques (“Sufjan Stevens Presents : Come On ! Feel The Illinoise !”). La chanteuse-guitariste de My Brightest Diamond commence le set seule à la guitare avec une reprise de Nina Simone, légèrement titubante mais souriant jusqu’aux oreilles. Son jeu approximatif et rêche est contrebalancé par un joli brin de voix et une sacrée présence, drôle (surtout lorsqu’elle chante en français des paroles complètement absurdes) et sans artifice. A partir du troisième morceau, les autre membres du groupe viennent lui prêter main-forte et apportent une assise à ce côté légèrement brouillon. Sufjan lui aussi vient, pour le geste, jouer des percus sur le dernier morceau. Voilà un groupe à retenir.

Poésie en pompoms et jogging

C’est au début de la seconde partie, celle que le public attend, que tout bascule. Les 7 musiciens (re)viennent vêtus de joggings oranges, de t-shirts ornés d’un I tonitruant et de bracelets de sport jaunes (détail qui tue). Ca y est, on nage en plein délire, Sufjan a rameuté sa team et ses pom-poms girls pour défendre les couleurs de l’Illinois, singeant l’Amérique dans ce qu’elle a de plus beauf, mais aussi de plus attachant. Le groupe entonne l’hymne des 50 Etats. Le public suit immédiatement, très réceptif (tout le monde connaît visiblement les chansons par cœur). Sufjan déroule son univers de fête foraine à coups d’intermèdes chorégraphiés délirants, d’anecdotes explicatives sur certaines chansons cryptiques, et de goodies en tout genres (fanions, drapeaux, et même un Superman gonflable que l’on est pas près d’oublier). Le son est excellent, à la hauteur des compositions majestueuses dont on s’est abreuvé sur les albums. La voix de Sufjan, bien que soutenue par sa guitariste, apparaît fragile (quelques décrochages dans les aigus), mais n’empêche pas la magie d’opérer, de son timbre clair et délicat.

I ! L ! L ! I ! N ! O ! I ! S !

Tout au long du set, le calme du songwriter, très concentré sur l’interprétation de ses morceaux, contraste curieusement avec l’exubérance affichée de la plupart de ses musiciens. « Prenez des individus normaux, donnez-leur un costume, et ils commenceront à faire n’importe-quoi », dira t-il, amusé par la candeur de sa jolie guitariste, sortant ses pompoms à tout bout de chant. “John Wayne Gacy Jr” est un des rares moments pendant lequels le groupe devient sérieux, sans doute par respect pour la gravité du sujet (le portrait d’un tueur en série ayant fait de nombreuses victimes en Illinois). Avant de se lancer dans une version épique de “Seven Swans”, prenante mais un peu longue, qui sera le titre « aventureux » du concert. Malgré la chaleur étouffante de la salle, Le public exulte. Le groupe reviendra pour un unique rappel, “Chicago”. Un show étrange, magnifique et marquant.

Setlist

 50 States
 The Tallest Man, The Broadest Shoulders
 Peoria
 They Are Night Zombies !
 Jacksonville
 The Predatory Wasp Of The Palisades Is Out To Get Us !
 Decatur
 Casimir Pulaski Day
 John Wayne Gacy Jr.
 A Good Man Is Hard To Find
 Seven Swans
 The Man Of Metropolis Steals Our Hearts
 Chicago

Photos de Charly Meignan, merci à lui ! D’autres photos du concert sur son site.