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publié par Mickaël Adamadorassy le 29/04/12
Counting Crows
- August And Everything After - Live at Town Hall
August And Everything After - Live at Town Hall

I felt so symbolic yesterday

Il y a des groupes qui ne durent que l’espace d’une chanson, pour l’immense majorité des gens en tout cas... Chez les Counting Crows, ce sera bien sûr Mr Jones, ballade légèrement dépressive portée par la voix plaintive de Adam Duritz, une vague histoire de danseuse de flamenco et de deux mecs qui regardent les filles et puis y a Picasso aussi à un moment. Ce morceau c’est la piste 3 du premier album du groupe, August And Everything After. Et ce n’est que la piste 3, pourquoi se rappellera t’on de celle-là, ça reste un grand mystère, car il y a de bien meilleurs titres sur le disque, comme la première, Round Here, pour moi un des plus beaux textes qui soient, posée sur un riff tout simple mais désarmant de beauté, chantée à la limite de la rupture... et puis c’est le pont et il y a une guitare wah qui joue des cocottes funky dans une autre tonalité, on ne sait pas trop d’où ça vient mais on leur pardonne, parce que l’ensemble est terriblement beau.

Heart of America

Et ce n’est que le début d’une révélation : August And Everything After c’est un recueil de ballades romantiques hantées par une mélancolie facilement contagieuse mais sublimées par un vocabulaire qui puise dans un rock très mélodique ( voir plutôt FM avouons-le...) mais a aussi ses racines solidement plantées dans le terroir américain. On y retrouve de l’accordéon, de la mandoline, du lapsteel ou encore de l’orgue hammond, utilisés avec parcimonie et très bien mixés : à la première écoute on retienne surtout la voix et la guitare mais il y a toute une richesse d’arrangements portant autant de sensibilité que le chant pour qui prend le temps de les découvrir. Si c’est le cas, c’est le genre d’album qu’on révère et qu’on se garde, pour les moments de spleen, ou pour le petit rayon de lumière, après la pluie.

Everything After

Et bien sûr de tant aimer ce disque, on a guetté impatiemment chaque sortie du groupe mais malheureusement aucun de leurs albums n’a depuis réussi à produire la même magie. D’où le fait que de ce côté de l’Atlantique, les Counting Crows soient le groupe d’une chanson essentiellement, par contre aux Etats-Unis de manière aussi inexplicable que pour Bon Jovi ou le Dave Matthews Band (bon j’avoue je suis méchant dans les comparaisons), ça marche plutôt bien pour eux et ils remplissent de grandes salles, ce qui là est plutôt mérité car si on n’est franchement pas client de tout sur disque, les Counting Crows sont un très bon groupe de live.

Live at Town Hall

Ça faisait donc un moment que j’avais arrêté de suivre l’actualité du groupe, d’où la découverte de ce Live At Town Hall 8 mois après sa sortie mais le meilleur disque de Counting Crows en live et en intégralité, ça méritait d’abord qu’on saute dessus et ensuite qu’on en parle, d’abord pour rendre hommage au disque sorti il y a presque 20 ans maintenant et puis aussi peut être parce qu’elle est bien non cette relecture live ?

Eh bien oui carrément....

Parce que c’est vraiment une relecture pas une copie carbone, on pourrait reprocher à Adam Duritz d’en faire un peu trop parfois mais chez lui chaque syllabe se doit d’être habitée et on sent une telle sincérité chez lui qu’on se retient volontiers de lui reprocher de changer le disque qu’on connaît par cœur, figé dans sa perfection enregistrée.

Pour ce qui est de la musique, les Counting Crows qui tournent c’est presque un big band alors on est pas surpris de retrouver toute la richesse d’instruments du disque mais on est content d’avoir un son live : il n’y a pas d’arrangements planqués dans le fond du mix mais des musiciens qui jouent ensemble, on a jamais aussi bien entendu l’orgue hammond par exemple et tant mieux, les deux guitares ont l’air plus "vivantes", plus organiques que sur le disque. Même Mr Jones dont on s’est lassé depuis longtemps reprend tout d’un coup du poil de la bête. Le constat est le même pour toutes les chansons, il y a la dynamique d’un vrai groupe qui joue du rock, ensemble, et maîtrise parfaitement son sujet.

3 en 1

Un vrai groupe qui peut se permettre du coup des choses très acrobatiques  : Round Here est transformée en un trip de plus de 10 minutes où sur la tonalité de départ sont en fait jouées 2 autres chansons avant de revenir tout d’un coup au final du morceau. Sur tout le milieu, Adam est en acrobate sur le fil de ses paroles avec juste le basse-batterie qui tient le rythme derrière, tous les autres instruments, piano, lapsteel etc tissent de leur côté des développements mélodiques et semblent un peu en roue libre mais ils sont là quand il faut apporter l’intensité, qui monte et redescend par vagues de plus en plus puissantes. On en est là qu’au premier morceau du concert et on est déjà soufflé par la prise de risques et la qualité de jeu du groupe (cela dit une infime partie de moi est quand même un poil déçu que ce soit fait sur Round Here qui était déjà parfaite )

Peut-on améliorer un classique ?

On arrive à la question potentiellement difficile : un très bon live est théoriquement capable d’éclipser une version studio, il y a par exemple des morceaux dont je préfère largement les versions live en session Cargo ! à leur équivalents sur disque.

Ici même si c’est à tout son honneur, je trouve qu’Adam en fait un peu trop (ou alors les lignes de chant du disque sont gravés désormais trop profondément dans ma tête) et j’ai dans la majorité des cas une préférence pour le disque, pour la sensibilité qui y transparaît mais cela se fait au prix d’un masquage d’une partie de la musique qui est vraiment jouée, d’une retenue imposée à l’énergie du groupe et c’est parce que ce disque live possède tout cela qu’il a un vrai intérêt.

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publié par le 29/04/12
Informations

Sortie : 2011
Label : Eagle Records

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