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publié par Antoine P. le 13/08/07
Garden Nef Party 2007 - [20/07/2007, 21/07/2007]
Garden Nef Party, 2007 — Angoulême

Pari gagné

Après un « numéro 0 » l’an passé, la Garden Nef Party a réussi son coup. Pour sa première édition, le festival d’Angoulême a réuni de 15 000 à 17 000 personnes sur deux jours, les 20 et 21 juillet. Et ce grâce à une prog maline et gavée de valeurs sûres, élaborée par la Nef, la salle rock d’Angoulême, et O Spectacles. Mettons de côté la grosse machine boursouflée Muse, dont le seul mérite (?) fut de drainer du monde. Champêtre et accueillant, la Garden Nef Party a donné l’occasion de croiser quelques allumés locaux comme, sur la petite scène, le duo noise Gâtechien -basse agile qui explore les possibilités de l’instrument et batterie sèche, surmontée d’un batteur pas commode- ou, n’importe où et n’importe comment, Fatty & Shorty, deux gus à bécane qui mettent la béquille pour brailler du Ramones. Un bluesman solitaire a fait également escale à Angoulême : Son of Dave (à l’état civil Benjamin Darvill, ex-Crash Test Dummies). Petit gars un peu barge, chapeau vissé sur le caillou, chaussures bicolores et cravate, il incarne un one-man band aux beats poisseux, malmenant le blues rustique qu’il recrache hypnotique, rugueux. Avec pour seuls instruments son harmonica et sa voix, il n’est entouré que de ses samples et d’un public qui ira grossissant le lendemain (il jouera trois fois durant le week-end), ce qui semble l’étonner.

D’Austin à New York

Même tarif pour Howe Gelb, programmé quatre fois une demi-heure sur la petite scène. Il joue le premier jour devant trois pelés, mais ça ira mieux le lendemain : les jeunes fans de Muse ne savaient pas qu’une pointure d’Austin, Texas (du combo Giant Sand) rôdait dans les parages. Stetson rabattu sur le front, l’Américain flegmatique déballe sa folk country, d’une voix profonde posée sur un jeu de guitare dépouillé. Le plat de résistance de ce vendredi, la bande à  !!!, est coincé entre l’insipide Mumm Ra et l’ex-Strokes Albert Hammond junior, qui enchaîne tranquillement sans accros ni inventivité (meilleurs moments : une reprise des Pixies et un plagiat des Beatles...). Bref, les New-yorkais !!! ont dynamité un public qui ne demandait que ça avec leur mélange de contrebande, décoction funk-rock puissante et hallucinogène. Dans le fond de la scène d’ailleurs, on aperçoit Luz qui crobarde. Les huit  !!!, appuyés par une chanteuse black, groovent parfaitement à coups de basse ronde et de gratte funk. En short et espadrilles, la mascotte Nic Offer (voix, batterie, animations diverses) chante et danse toujours n’importe comment, mais c’est ce qui est bon. Lorsqu’ils prennent le crachoir à trois (dont un chanteur plus soul et plus calé) et que les instruments tournent à plein régime, !!! devient impitoyable. Après Muse, Luz, délaissant son carnet, s’est mis aux platines (sur la petite scène quand même) pour un set original et percutant qui a clos la soirée.

LCD Soundsystem met tout le monde d’accord

C’est Art Brut qui a allumé la mèche samedi. Prestation nerveuse, chant à la limite du parler, deux gratteux poseurs à souhait, les Anglais emballent. Le leader bedonnant à mèche dandy assure aussi aux discours incohérents et aux conseils de vie (aux festivaliers : « Let’s be concentrated on drinkin’ and dancin’ »). Même si le chanteur s’est débrouillé pour se blesser en sautant d’une scène dont il avait mal évalué la hauteur (il échouera à l’hôpital), les Klaxons annoncés par un gros buzz ont démontré qu’ils ne sont pas qu’un énième épiphénomène. Même si forcément les bruits qui courraient en rajoutaient. Ce n’est pas aussi original qu’on l’a dit, mais ils envoient fort quand même, le public en redemande (mais bon...), amateur de cette tambouille hédoniste à gros son, très anglaise, faite de beats et autres bidouilles alliés à du rock énervé, rehaussé d’un côté foutraque. Trois freaks sur la petite scène, une poignée de fans, dont pas mal d’Anglais. Entourés de leurs machines, les Canadiens d’Animal Collective se taillent un beau succès, malgré l’univers pour le moins dérangeant qu’ils développent, sans concession, voire un peu usant à la longue. Ça vocalise tribal, ça borborygme, ça chante mélodique aussi sur une musique hallucinogène : de la pop psyché virant à la transe. Passons sur Clap your hands say yeah, CocoRosie et Arcade Fire, pas très intéressants, pour finir avec LCD Soundsystem qui s’est employé à réveiller tout le monde. Même s’ils ont conclu leur set encore une fois par un “New York I love you”, beau titre déplacé. Alors que le morceau précédent était un “Yeah” explosif, étalé sur vingt minutes, speedé, abrasif et jouissif. Comme à leur habitude impec, la bande à James Murphy joue carré, funk et rock, déroule impec, à toute blinde. Le public en aurait bien pris plus, mais bon, rideau, c’est fini.

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publié par le 13/08/07