Réagir à la musique qu’on nous impose par des actes de terrorisme musical. Vous en avez rêvé ? Des suédois l’ont fait.
Malmö, bourgade sans histoires. Son opéra. Son ochestre symphonique. Son école de musique. Et six batteurs rejetés de l’establishment musical bien-pensant (l’occasion d’une scène hilarante où l’un d’entre eux se fait virer manu militari de l’orchestre symphonique où il est timbalier). Leur vengeance sera spectaculaire mais bon enfant : s’ils braquent une banque ou s’introduisent dans un hôpital, c’est juste pour jouer de la musique. Avec les moyens du bord. A chaque fois, ils laissent un métronome sur la scène du "crime".
C’est ce qui va mettre sur leurs traces le commissaire Amadeus Warnebring qui a pour particularité de ne pas supporter la musique, bien (ou parce) qu’il soit issu d’une grande famille de musiciens (son frère est d’ailleurs le chef dudit symphonique). Il est par ailleurs atteint d’une curieuse surdité sélective ! La trame archiclassique du polar calque de manière narquoise les grands classiques du film de gangsters, mais l’intérêt est ailleurs : dans la musique bien sûr. Les "concerts sauvages" sont l’adaptation visuelle d’une oeuvre réelle absolument jubilatoire, "Music for one city and six drummers", composée par Magnus Börjeson, l’un des six batteurs en question. Justifiées par le scénario - aussi futile soit-il - les saynètes musicales prennent tout leur pouvoir comique et raviront au-delà des seuls fans de Stomp ou du Blue Men Group.
L’humour pince-sans-rire décape efficacement les institutions et brise l’académisme (au sens propre, quand le concert pour engins de chantier mène au saccage de l’opéra), amenant à la réflexion sur le rôle de l’art dans la société moderne. Qu’on se le dise : les meilleurs artistes ne sortent pas forcément du conservatoire.