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publié par Mickaël Adamadorassy le 16/02/23
Sorry - Petit Bain, Paris - 11/02/2023

Les anglais de Sorry ont certainement eu de quoi l’être (désolé) en sortant 925, un premier album absolument génial (premier du top 2020 de votre serviteur) en plein covid, sans la possibilité de le défendre en live. Mais ils nous ont tapé dans l’oeil et visiblement aussi dans celui du public indé parisien. Et donc deux ans plus tard pour le nouvel album Anywhere but here c’est dans un Popup du Label soldout et tout serré que Céline les découvre pour nous sur scène. Heureusement quelques mois plus tard il y a session de rattrapage pour ceux qui comme moi avaient loupé ce concert. Ca se passe à Petit Bain, cool c’est une de nos salles préférées et c’est tout aussi complet que la fois précédente !

Comme d’habitude pour la salle, le show commence à 21h presque pétantes, après une première partie assurée par Ledher Blue, des rockeurs portugais qui nous font passer un bon moment mais il nous a manqué soit une certaine fougue pour gagner à l’énergie, soit des arrangements plus originaux, en l’état tout repose sur le chanteur qui au début hésite à être à l’aise avec ce rôle central.

Et donc voilà Sorry qui débarque : les deux guitaristes-chanteurs, Asha Lorenz avec un sweet à capuche et un pantalon où à l’arrière il y a marqué "JUICY", Louis O’Bryen plutôt dandy et surtout très.. grand, le bassiste Campbell Baum dans un costume marron trop grand pour lui (apparemment c’est à la mode). Derrière eux, le batteur Lincoln Barrett, habillé... comme un batteur (on en sait rien il est caché par son instrument) et aux synthétiseurs et autres machines, Marco Pini qui a la charge de densifier le son pour se rapprocher des albums qui bénéficient d’une production aux petits oignons et remplir les transitions entre les morceaux avec du son, de sorte que pendant l’heure et demi que dure le concert, le show ne s’arrête jamais, ce qui tombe bien ce n’est pas trop le genre du groupe de parler un quart d’heure. On aime bien les raconteurs aussi mais dans le cas de Sorry c’est plutôt cohérent que ça enchaine vite.

C’est qu’il y a tout plein de morceaux qui sont des tueries sur disque qu’on a envie d’entendre, dont on se demande aussi comment ils peuvent sonner en live, surtout ceux de 925, co-produit par James Dring (Gorillaz etc) avec Asha et Louis. Et la réponse est ... « ça le fait graaaave ! ». Où plus précisément çaa le fait, mais différemment : sans la "patine" du studio, le côté excentrique, bizarre, bricolé du groupe ressort encore plus. Dans les parties de chant d’Asha et Louis, volontairement très "dans le mix", par opposition à une approche où la voix est très en avant, pleine de reverb et que l’interprète pousse (en gros ce que fait n’importe quel candidat à The Voice), dans Sorry, le côté mélancolique, un peu "blasé de la vie" ressort souvent mais il y a aussi quelques moments lumineux, de la tendresse surtout dans les parties d’Asha, sur "Key to the city" par exemple, qui réussit en même temps à être tragique, inquiétante . Et de temps en temps on sort du spleen avec les "tubes" comme Let The Light On, "Right Around The Clock" ou Starstruck.

La setlist est plutôt bien dosé : entre morceaux plutôt calmes, "ambiant", du premier disque, qui demandent de la concentration avec les arpèges de guitare compliqués, les petits riffs à gérer en même temps que le chant et les titres rock plus "simples" du dernier album qui permettent aux chanteurs de lacher un peu le pied de micro, d’appuyer sur la pédale de saturation et d’occuper un peu plus complètement la scène de Petit Bain. Et donc ces quelques tubes savamment distillés qui font headbanguer et danser un public nombreux et ravi.

Le groupe n’est pas extrêmement communicatif, mais c’est raccord avec leur univers, et puis il y a aussi ce que les corps communiquent : pour Louis c’est déjà la présence physique due à sa taille, l’intensité du regard quand il chante, pour Asha, c’est le fait de ne jamais rester en place, même en face du pied de micro : elle ne joue quasiment jamais en permanence de la guitare, entre ses parties, elle se secoue les mains, se met le bras derrière le dos façon duelliste, agite les bras comme quand on a des "fourmis dans les mains" et qu’on veut rétablir la circulation sanguine. Elle a aussi cet étrange bonnet qui nous fera penser à cette référence tout à fait pas approprié pendant tout le concert, qu’elle enlève et qu’elle retire, comme la capuche de son sweat.

Bref sur scène, comme sur disque Sorry fait son propre truc, on a l’impression que les musiciens sont à la scène comme ils sont à la ville, ils ressemblent à ce que leur musique raconte et ils ne sonnent comme personne d’autre et c’est ça qu’on aime !

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