Chansons d’eau douce
Un nom ensoleillé et des boucles de jais, tout concorde à ce qu’on la croit italienne. Fausse piste : Sophie Zelmani bat pavillon suédois, préférant à son état-civil imprononçable (Edkvist) la lisibilité d’une étiquette méditerranéenne.
Portée d’emblée dans les eaux internationales par le tube “Always you” en 1995, elle a depuis constamment remis à flot la même embarcation, convaincue que c’est dans les vieux ports qu’on fait les meilleurs sloop (hum...). Certes, ses ventes - à jamais dopées par d’aussi fulgurants débuts - la placent à chaque nouvel album (huit en treize ans) en tête des consensuelles gondoles scandinaves, mais son drakkar stagne prudemment en mer intérieure, à portée des bienveillants phares hanséatiques, tournant ostensiblement la poupe à l’imprévu.
Pour filer jusqu’au bout la métaphore maritime (comment ne pas y céder ici au Cargo !), disons que cette nouvelle collection de chansons d’eau douce, à l’indolence moins séduisante qu’agaçante, se laisse trop volontiers bercer aux vents d’un far west fantasmé, tout en lorgnant sur les petites lagunes turquoises dessinées par Simone White (nouvelle bouée folk arrimée du côté de Hawaï) sans pour autant réussir à nous livrer autre chose qu’un concentré d’ennui.
Au parcours tout tracé de la trop scolaire Zelmani, on préfère depuis longtemps la désobéissance fructueuse d’une “véritable” italo-scandinave : Emiliana Torrini.