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publié par Renaud de Foville le 03/06/00
sonic youth - Centre Pompidou, Paris - 27/05/2000
Centre Pompidou, Paris

déstructurée

franchement c’est un peu mission impossible de décrire ce que l’on a vu ce soir là à beaubourg pour l’exposition elysian fields. lee renaldo a invité quelques amis à beaubourg. bonne idée, dans cette nouvelle salle à la scène immense, très théâtrale. très belle, très agréable - tout le monde à eu la même idée : c’est une salle pour y faire des blacks sessions. 450 places, pour y voir quelques concerts rares. comme celui de ce soir. lee renaldo avait donc invité le reste de sonic youth, très en forme. l’incroyable brigitte fontaine et son percussionniste attitré, areski. mais c’est avec jim o’rourke - qui a produit leur dernier album et qui doit accompagné les sonic youth pour leur tournée qui passera les 10 & 11 juillet à paris - que le concert, le spectacle, le happening, enfin comme vous voulez, que la soirée commence. seul devant son ordinateur et quelques boutons magiques on a le droit à 10 minutes de bidouillage nappage de son aigué et de bulles électroniques, nous enveloppant et mettant tout nos sens en éveil avant la venue d’areski et de steve shelley qui couvre le travail de jim o’rourke d’une double percussion déstructurée. quand l’ensemble trouve son accord au milieu de nul part, l’oreille habituée au concert rock se perd sans repère, sans structure à laquelle se raccrocher - cela devient particulièrement excitant.

comme un félin

c’est à ce moment que kim gordon, très sobre fait son entrée. traversant cette très longue scène, les regards la fixent, la suivent. du vrai théâtre. puis le reste du groupe arrive, suivi d’une femme marchant comme un félin dans une tenue rouge ultra extravagante, elle tourne autour du groupe qui continue de jouer, ou s’empare de ses instruments. c’est bien brigitte fontaine, la compagne de scène attitrée de jacques higelin pour les concerts les plus fous des années 70 et 80. les sonic youth sont des grands fans (ils ont d’ailleurs profité de leur séjour parisien pour enregistrer quelques morceaux avec elle) et l’invitent sur un "je suis une conne" - son morceau le plus célèbre - complètement métamorphosé, accompagnée de kim gordon au chant. emotion parfaite, moment de grâce, tout reste figé dans l’accord de la voix et des instruments, de l’incroyable monde qui sort des mots de b. fontaine et des tortures sonores qui découlent de l’improvisation minutieusement contrôlée des musiciens.

20 secondes

les musiciens continuent, cherchant - archet ou pas archet sur ma guitare ? - écoutant, scrutant chaque son pour nous les offrir sur un plateau de perfection sonore. un laboratoire d’idées devant nous. certains quittent la scène, pendant que certains, dans le public ont quitté la salle - areski ou shelley - puis reviennent ou regardent le groupe aussi admiratif que nous comme shelley que renaldo essaiera de faire revenir. brigitte fontaine reviendra dans sa fameuse combinaison blanche, toujours aussi allumé, toujours aussi théâtral. les morceaux s’arrêtent net, - comment peuvent ils finir ou commencer ? - tout est mise en scène, théâtralisé à l’extrême. thurston moore pour un rappel furieux posera sa guitare sur son ampli puis a genoux devant ses pédales nous jouera une symphonie de l’enfer vite rejoint par le reste du groupe qui partira dans un déluge sonore - renaldo jouant avec son jack à le frotter sur les parties métalliques de sa guitare ou fouettant l’air avec le fil de son jack, sublime ! le public ne veut pas partir. après le premier rappel - comment peut on faire un rappel aussi rock dans un concert aussi éloigné du concept de show ! - moore annoncera un duo entre jim o’rourke et b. fontaine. 20 secondes de craquements électroniques et d’un court poème, très beau, de l’incroyable brigitte fontaine. on ne sait pas très bien ce que l’on a vu, désarçonné, manquant de tout repère, de référence, cette soirée nous a demandé un effort - dingue non ! - une réelle participation du public, qui devait rentrer dans ce concept ou partir - comme certains l’ont fait. mais quand on a trouvé un moyen de se concentrer et d’écouter, de vivre ce moment là. ce fût tout simplement magique.

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publié par le 03/06/00