americana
en 6 petites années, songs : ohia a élaboré quelques albums d’americana parmi les plus réjouissants du genre. 9 albums environ sur l’excellente structure secretly canadian, autant d’eps et de 7 inches pour savourer, apprécier de songs : ohia cette folk épurée, lente, magique, de celle qui nous transportait facilement dans un imaginaire fait d’espaces ouverts, de terres arides, bref une certaine conception imagée que l’on a de l’amérique profonde. difficile de ne pas être charmé par ces merveilles calmes et cousues de peu d’instruments, sur lesquelles la voix troublante de jason molina venait se poser. jusqu’àlors pas d’erreur possible, jason molina, sorte de neil young des temps modernes était songs : ohia, il officiait seul à bord. et cette sorte de moyens minimums déployés permettait à molina d’insuffler à ces morceaux un charme fou, émotions pures, sensations menées par le son, la beauté d’un son pur, naturel, des instruments pris sans artifice aucun, la grâce à l’état brut. l’impression était que ces disques auraient pu être enregistrés à n’importe quel moment, ils avaient un côté intemporel sans être anachroniques, déjà faits ou inutiles. puis vint magnolia electric co produit par et chez mr albini selon ses techniques bien connues/répandues. le son de songs : ohia se fait ici plus bavard, plus chargé et les fans des précédents albums ne retrouveront plus le charme un peu magique qui opérait sur impala, axxes & ace ou ghost tropic entre autres.
spectres
pour son dixième album songs : ohia revêt un habillage plus rock, élaboré dans le fameux electrical audio studio de chicago en illinois. jason molina met en fait fin à songs : ohia et fait intervenir un collectif pour célébrer cette mort de l’entité dont il fut responsable quelques années durant. collectif et casting royal : la délicieuse scout niblett (dont on attend l’album i am sur secretly canadian pour septembre) qui chante sur l’impérial "peoria lunch box blues", et un grand ensemble country/rock, la formation et cohésion de groupe de l’album live italien mi sei apparso come un fantasma. magnolia electric co est ainsi un disque ambitieux qui électrise les spectres de la country. faut il reprocher à molina de ne pas se cantonner à un song writing folk qu’il maitrise admirablement bien et de chercher à habiller ses morceaux, de partir sur de nouveaux sentiers moins balisés et connus ? ce désir de changer, cette évolution est perceptible au moins dès ghost tropic avec cette ouverture sur le sud, des rythmes qui se font plus tribaux.
sobriquet
magnolia electric co est l’aboutissement de cette démarche, ce désir de promener son projet ailleurs et d’aboutir à quelques choses de grand car différent et qui soit également accessible. difficile de se défaire après maintes écoutes des perles qui ornent ce recueil, des bijoux comme "farewell transmission", "peoria lunch box blues" ou l’incisif "john henry split my heart". certes ce nouveau songs : ohia a de quoi désarçonner, néanmoins jason molina n’oublie pas ses racines pour autant et offre dans l’édition vinyl de l’album, un cd des démos de magnolia. soit une approche différente de ce joyau, tout aussi possédé et plus inquiétant dans cette version épurée ou seule la voix de molina et sa guitare sèche se font entendre (notamment la version démo de "farewell transmission", "long dark blue" véritable délice). néanmoins, il reste délicat de se prononcer sur sa préférence pour l’une ou l’autre des visions de magnolia. de la sensibilité qui s’échappe des sonorités acoustiques sur les démos, aux frissons qu’amènent ces parties de guitares electriques extrêmement bien senties (que l’on doit notamment à dan sullivan, guitariste de songs : ohia et responsable du très bon projet nad navillus) sur l’album standard, pas la peine de se prononcer, les deux se savourent avec un plaisir identique. une jolie mort est donné à songs : ohia, jason molina continue à présent ses accaparantes aventures sous le sobriquet de magnolia electric co.
