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publié par Stéphanie Langlais le 05/05/20
Simple Minds - 1979-1983 : la frénésie créatrice -
1979-1983 : la frénésie créatrice

À l’occasion de leurs 40 ans de carrière, Simple Minds, groupe écossais emblématique des 80’s, se rappelle à notre bon souvenir avec la sortie d’un album anniversaire, “40 : The Best Of Simple Minds 1979-2019”. C’est l’occasion pour nous de revenir sur la période la plus créative des Écossais : 1979-1983, qui occupe d’ailleurs à elle seule plus d’un tiers du best-of. Simple Minds sort alors cinq albums ainsi qu’un titre, "Waterfront", qui reste encore aujourd’hui le plus emblématique à la fois du son et de l’histoire du groupe.

Life in a Day, Real to Real Cacophony, Empires and Dance : le temps de l’expérimentation

Tout juste sortis de l’adolescence, les Simple Minds composent leurs premiers morceaux dans le Glasgow lugubre de la fin des années 1970. De leurs expérimentations influencées par Joy Division, David Bowie et Kraftwerk naissent 3 albums. Life in a Day, qui ouvre l’histoire du groupe en 1979, et Real to Real Cacophony, sorti la même année, associent des références musicales et visuelles post-punk (monde de la nuit, paysages urbains éclairés par les réverbères, etc.) à des rythmes dansants (le groove de “Premonition” en est un bon exemple).

Quelques mois plus tard, la rythmique et les sons électroniques hérités de Kraftwerk imprègnent l’album Empires and Dance, dans lequel se fait également sentir l’influence du funk et de l’euro disco. Le premier titre de l’album, “I Travel”, que le groupe interprète encore dans quasiment tous ses concerts, reprend ainsi la ligne de basse de “I Feel Love” de Donna Summer. Au tournant des années 70 et 80, le style musical du groupe évolue ainsi, mois après mois, au rythme d’une frénésie créatrice émanant de 4 talents : Jim Kerr (chant) et Charlie Burchill (guitare), les membres fondateurs du groupe, ainsi que le bassiste Derek Forbes et le claviériste Michael McNeill, qui quitteront tous deux les Simple Minds avant la fin de la décennie.

Sons and Fascination / Sister Feelings Call : l’album de l’émancipation

Les graines plantées dans les 3 premiers albums produisent rapidement leurs fruits. En 1981 sort Sons and Fascination / Sister Feelings Call, soit 15 œuvres intenses et planantes. Forbes et sa ligne de basse hypnotique, palpitante comme un coeur qui bat trop fort ; McNeil et ses mélodies tranchantes jouées à l’orgue et au synthé, qu’il fait surgir, lumineuses, d’atmosphères sombres et envoûtantes grâce à de subtils effets de textures ; Kerr et sa voix aérienne : de cette alchimie émane une pureté rarement égalée par la suite. “Transe As Mission”, “Seeing Out The Angel” ou encore l’instrumental “Theme For Great Cities” sont des modèles en la matière. Kerr comparera l’ambiance des morceaux de cette époque à un ciel après l’orage. On ne peut que lui dire merci pour ce bel ouvrage.

New Gold Dream (81, 82, 83, 84) ou l’épanouissement du son Simple Minds

1982 : une année charnière dans l’histoire du groupe. Les Simple Minds ont les yeux cernés de noir, portent des pantalons trop grands et Jim Kerr sautille en chaussons sur les scènes d’Europe, des États-Unis et d’Australie. Il chante et danse sur “New Gold Dream”, titre phare de l’album éponyme, embarquant avec lui des milliers de jeunes gens prêts à s’envoler vers des contrées imaginaires, où tout semble possible. Vibrant de mélodies à la beauté froide, twistées par le swing et la finesse du jeu de Mel Gaynor à la batterie, cet album fait émerger de la noirceur romantique un optimisme joyeux. Pour nous comme pour beaucoup d’autres, la musique de Simple Minds atteint là son zénith. New Gold Dream (81, 82, 83, 84) consacre l’épanouissement du son Simple Minds, 3 ans seulement après la sortie de leur premier album.

“Waterfront”, single emblématique de l’histoire du groupe

Si l’album suivant, Sparkle in the Rain, n’est disponible qu’à partir de février 1984, le single “Waterfront”, porte-étendard du nouvel opus, passe en boucle sur les ondes dès novembre 1983. On y retrouve le son tranchant, l’atmosphère à la fois lourde et brumeuse, au service cette fois d’une déclaration d’amour. En quelques lignes puissantes et nerveuses, Kerr et Burchill composent une ode vibrante à leur ville natale, Glasgow. Touchée de plein fouet par la désindustrialisation, la plus grande ville d’Écosse voit alors ses chantiers navals, symboles d’une richesse disparue, mourir à petit feu.

“Get in, get out of the rain I’m goin’ to move on up to the waterfront Step in, step out of the rain I’m gonna walk on up to the waterfront Said, one million years from today I’m gonna step on up to the waterfront”

Ce morceau marque indéniablement un avant et un après. Pour certains, l’histoire du groupe s’arrête même là. Sans aller aussi loin, nous devons toutefois nous rendre à l’évidence : aucun titre postérieur n’est porteur d’une telle charge émotionnelle. Apothéose du son Simple Minds, “Waterfront” clôt magistralement la première - et meilleure - période du groupe.

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publié par le 05/05/20