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publié par vinciane le 13/10/09
Shannon Wright - Alhambra, Paris - 12/10/2009
Alhambra, Paris

tempétueuse

Pour une raison tout à fait étrange, on redoutait un peu d’aller à ce concert de Shannon Wright à l’Alhambra... on redoutait un peu la transposition du nouvel album, on redoutait un peu le déjà-vu qui atténue les sensations, on redoutait une setlist qui aurait parcouru trop rapidement sa tempétueuse discographie.

Il n’en fut rien.

interstice

Un Honeybee Girls tout juste survolé ("Tall country side", "Trumpets on new year’s eve", "Black rain" avant "Father"), au profit d’une exploration extensive des énergies antérieures. à ne pas en croire ses oreilles... "Hinterland", "Plea", "Black Little Stray", "Less Than A Moment", "Defy This Love", "With Closed Eyes", "You’ll be the death", "Quilt of Demand", dans une première et intense partie de 40 minutes, ça fait la Rue Michel ! Et plutôt bien ! On frise le jubilé et non le concert de sortie d’album. On entend avec plaisir l’enthousiasme du public aux premières notes des morceaux de Over The Sun ou Maps of Tacit et l’on se dit qu’un beau chemin a été parcouru depuis 2001, drainant et fidélisant chaque fois plus de monde. Et l’on soupire d’aise, intérieurement, de faire partie du tout premier sillon. De celui qui a connu les premières fois et s’est régalé des suivantes.

Lorsque la première partie du set se termine, on devine (aidée d’une voisine bien informée) qu’un invité va venir renforcer les troupes... et pas n’importe lequel, un Yann Tiersen que l’on n’espérait plus aux côtés de Shannon Wright depuis le magnifique album commis en commun en 2004. Elle au piano, lui au violon, et l’on ressent à nouveau ce qui nous avait saisis lors de leur concert au café de la danse à l’époque, un lien fort au point de faire des deux morceaux en duo un quasi huis-clos que le public n’aurait que le droit d’observer par un interstice. La charge émotionnelle est intense, l’instant suspendu. "Ways to make you see" puis "Louise" avant un "Father" rejoints par les autres musiciens. Lors de la rencontre avec l’Américaine en septembre, nous avions évoqué la complexité du passage à la scène de ce morceau aux nappes et réverbes si étonnantes. Et aussi simplement qu’elle avait écarté la question, le morceau a pris sa forme électronique à l’Alhambra. Tiersen aux bidouilles, Wright au micro (l’avait-on déjà vue au micro seule sans instrument ??...edit : en fait oui, avec Tiersen justement en 2004) épousant l’écho comme elle l’expulse. à croire qu’elle a toujours chanté ainsi, diffuse et puissante.

Elle terminera seule pour un "Fences Of Pales" bouleversant. Et pourtant, il est bien incontournable celui-là, on ne peut pas dire qu’on se soit laissé surprendre, mais tout de même, quel plaisir de voir Shannon Wright emportée par ses élans, décliner la fin de son morceau à l’envi, à l’envers, par terre...

KO

Il y a ces concerts que l’on voit parfois et qui ne donnent pas spécialement envie de retourner aux disques ensuite, pas forcément qu’ils suscitent une a déception, mais juste qu’un cycle se termine avec eux... et puis il est des artistes comme Shannon Wright capables de vous mettre encore KO debout 8 ans après la première fois. Des artistes qui vous font replonger immédiatement dans leur discographie en une apnée à faire pâlir Jacques Mayol. Des artistes comme autant de rocs. Des artistes qui vous font reprendre votre plume rouillée et remisée au placard. Et Shannon, toujours.

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publié par le 13/10/09
Derniers commentaires
morgan - le 14/10/09 à 10:16
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Waouh quelle review de concert. Ca m’en colle des frissons, et surtout l’amertume d’avoir manqué quelquechose, d’être passé à côté d’une artiste si généreuse. Faut que je rattrape tout cela, surtout si elle est capable de mettre encore KO une avertie après 8 ans. On se dit qu’il n’est pas trop tard.
Quelle plume tu as !!! C’est un sacré témoignage que tu nous offre ici. Je ne sais pas si Shannon comprend le français, mais c’est le rêve de tout artiste, je pense, de lire un jour un récit d’une de leurs prestations, aussi sincère et bien narré que celui-ci.
Merci, merci pour cela, pour donner l’envie de découvrir, l’occasion de vivre un instant manqué, et encore une fois de se dire qu’il n’est pas trop tard.