Apre. La livraison 2013 de Shannon Wright est âpre, cinglante, déstabilisante. Ce n’est pas non plus comme si on n’avait jamais pris la déflagration wrightienne de plein fouet, sur album (le mémorable Over the sun) et plus encore en concert, mais rarement colère n’aura été aussi intense. On plie donc aux premières écoutes, on plie mais ne rompt pas. Et on revient plier, masochiste que l’on est, jusqu’à être capable de tenir droit sous le feu, jusqu’à pouvoir ouvrir les yeux et les oreilles sans flancher, jusqu’à y découvrir la beauté.

désolation

La beauté brute dans le pilonnage de l’ennemi, peut-être pas, mais une certaine forme d’assouvissement, assurément. Une jouissance dans la puissance qui vient ramollir nos tripes juste à point pour se faire cueillir par un "Bleed" magnifique, piano-voix, dans le calme d’après la tempête. Il règne une ambiance de no man’s land dans les moments d’accalmie de cet In film sound, à la fois une désolation et un repos, des ruines et des pansements. Et puis la nuit tombe à nouveau.

encerclé

C’est que Shannon Wright nous fait peur par moments. Esprit sombre, torturé, ou expulsion primale de forces obscures afin de mieux accéder à la paix intérieure ? Sans doute quelque part entre les deux, elle défoule notre subconscient sans oublier de racler dans les coins, là au fond, où on ne voulait pas trop aller. Némésis incarnée, elle laisse l’auditeur s’incliner, encerclé, entre crainte et respect.