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publié par Sfar le 11/01/09
V/A
- Perfect As Cats : A Tribute To The Cure
Perfect As Cats : A Tribute To The Cure

Encore un disque hommage à The Cure comme il en sort un tous les 4 du mois. Pour l’instant, dans la mélasse de tous ces tribute qui paraissent depuis une quinzaine d’année, je n’avais retenu que la reprise de “A Night Like This” des Smashing Pumpkins sur Give Me The Cure (1995) ainsi que de très intéressantes reprises par des groupes français sur l’album Imaginary Songs (2002). Alors, quand nous a été annoncée la sortie de Perfect As Cats en cette fin 2008, en parallèle d’autres tribute to The Cure, avec ses deux Cd , ses trente-trois morceaux, il fallait être sacrément motivé pour se lancer dans une telle écoute. La pochette étant pour le moins hideuse ce sont surtout quelques noms accrocheurs présents dans tout ce méli-mélo d’artistes quasi inconnus qui ont retenu l’attention des plus déterminés : Jesu, Kaki King, The Dandy Wharols voire Bat For Lashes.

Les morceaux proposés reprennent la période 1978-1989 avec quelques choix audacieux comme “The Exploding Boy”, “Fire In Cairo” ou encore “Sugar Girl” et les quelques incontournables comme “the Walk” ou encore “A Forest” qu’on attend d’écouter les dents acérées. Difficile de chroniquer un album aussi dense et diversifié dans les choix et manières de reprendre The Cure. Histoire de faire simple et pratique, il y aura, de manière très basique, trois listes annotées.

Les Sans intérêt

Ou encore partisans du moindre effort. Il y a parmi eux les nouveaux-fans : ceux à qui on a dit « hé toi ça te dirait de faire une reprise de The Cure ? » et qui du coup ont pensé « ha ben ouai tiens ! Pourquoi pas ? The Cure ça peut le faire ... heu ils ont joué quoi déjà The Cure ? ». Il y a aussi les forcés de la bonne conscience : ceux qui ont accepté sous la contrainte parce que leur nom appâterait le chaland et parce que ce double album est réalisé pour la bonne cause ne l’oublions pas. Et puis il y a les grands timides : ceux qui sont tellement fans depuis tant d’années qu’il leur est impossible d’imaginer une version trop différente de celle qu’ils adorent écouter. Ils vont tenter d’audacieux micro arrangements, des interprétations très « à la manière de Robert » qui n’éblouiront que les aficionados de la dissection sonore.

- Xu Xu Fang “Fascination Street” : le morceau est déjà excellent à la base, forcément on le trouve bien surtout interprété par une voix féminine mais on y remettrait la voix de Robert cela resterait assez similaire à l’originale.

- Astrid Quay (of Winter Flowers) “The Caterpillar” : quelques effets électroniques, une boîte à rythmes, des chœurs féminins et on tient là une sorte de canada dry de la reprise.

- Joker’s Daughter “Kyoto Song” : une rythmique plus rapide, une voix lointaine, le morceau sans être dénaturé perd en magie, c’est assez dommage.

- Voyager One “M” : mis à part des arrangements un chouïa différents, rien de bien révolutionnaire par rapport à l’originale. C’est toujours aussi bien mais c’est la même chose !

- The Muslims “Grinding Halt” : idem que précédemment. Tout pareil, il n’y a que la voix qui change.

- The Dandy Warhols “Primary” : si il y a bien un groupe que l’on n’imaginait pas retrouver dans cette catégorie c’étaient eux. Première idée qui nous vient "Ils se sont pas foulés les Dandy !". C’est franchement décevant, un manque flagrant de motivation ou d’inspiration.

- Wolkfin (ex-Junior Senior) “Charlotte Sometimes” : seule originalité un chant duo homme-femme, ensuite cela reste très "à l’identique" en moins bien.

- Veil Veil Vanish “The Upstairs Room” : Rien à en dire. La reprise plate par excellence : ce n’est pas que c’est raté, ce n’est pas que c’est réussi : cela n’inspire même pas l’auditeur. On a le sentiment que le chanteur tente lui-même de se convaincre que "oui oui" c’est bien du The Cure qu’il interprète là !

- Mariee Sioux “Love Song” : sa tentative grossière de masquer le manque d’inspiration par un passage guitare voix n’impressionnera que les fans de filles-guitare-voix. Cela s’écoute, c’est gentillet mais très, trop léger.

- Kaki King “Close To Me” : même déception pour Kaki King dont on aurait pu attendre quelque chose de moins prévisible dans l’interprétation. La reprise reste sympathique mais très conventionnelle que ce soit pour du The Cure ou du Kaki King.

Les mais c’est quoi ça ?

Ce sont les pas doués ou les trop intrépides qui ne maîtrisent rien du tout. Il y a aussi ceux qui n’ont rien compris au morceau original et vont tenter des expérimentions hasardeuses et malheureuses. Avec pour conséquence de complètement dénaturer des morceaux qu’on a adorés. Ils flirtent dangereusement avec la ligne blanche en choisissant pour certains des classiques et sont proches du sacrilège dans la reprise qu’ils en font. Il y a eu de l’effort mais au final cela est décevant, déconcertant et dans certain cas désespérant.

- Bat For Lashes “A Forest” : une reprise assez hallucinante, mollassonne à souhait avec quelques cassures de rythme pour un morceau dont l’intérêt est la montée en puissance, avec des effets d’écho inutiles dans la voix, les « again again again... » de la fin sont des plus agaçants, le matraquage de la batterie suivi de « hey hey hey » façon Nicolas Sirkis des plus ridicules. Que cette version puisse tant plaire reste pour moi un mystère.

- Geneva Jacuzzi “the walk”2 : on imagine très bien les cogitations à l’origine de cette reprise : le gars avec les yeux exorbités dans un délire créatif nous expliquer "On va faire comme si “The Walk” rencontrait “Blue Monday” ! On va créer le chaînon manquant entre The Cure et New Order !". Et cela donne ce “The Walk”2, qui aurait pu être bien si le résultat obtenu n’était pas si risible. On oublie vite.

- Rainbow Arabia “Six Different Ways” : une voix insupportable (j’ose espérer pour la personne qui chante qu’elle est trafiquée), une interprétation pleurnicharde, des arrangements sans intérêts. Toujours envie d’écouter ?

- Blackblack “In Between Days” : on dirait Helluvah reprenant “Vive Le Vent” accompagnée par une bande de manchots. Tout est dit !

- Rio en Medio “Pictures of You” : pitié !! A la base cette chanson est belle et pas si déprimante. Alors la voix dépressive, les violons qui s’emballent, les petits craquements pour faire genre "c’est un vieux vinyle que j’écoute", les chœurs d’église... Trop c’est trop. Arrêtons-là le massacre !

- Caroline Weeks (of Bat For Lashes) “The Drowning Man” : ce morceau est sans doute l’un des plus puissants que The Cure ait composé et son interprétation,rare, en concert est toujours un moment d’intense communion. Alors quand on entend une voix qui nous la fait presque lyrique, trémolos et tout ça, accompagnée par un jeu de guitare acoustique totalement inadapté à ce genre de morceau. ça me dépasse, ça m’exaspère. Ce n’est pas ça “the drowning man” : ce n’est pas un chant tout léger et gentillet accompagné d’une guitare douce ! C’est un morceau froid, intense, tendu, déprimant au possible. Il y a là à mon avis un hors sujet complet dans le choix de la reprise et la manière de l’interpréter. Évidemment les personnes moins attachées au groupe ou au morceau pourront le trouver sympathique et à leur goût. Mais il en restera totalement dénaturé.

- Devastations “All Cats Are Grey” : cela aurait pu être bien. L’interprétation à la Bauhaus ne convainc pas forcément.

- Les Bicyclettes Blanches “Hot Hot Hot” : Nul Nul Nul !

- Tara Busch “Let’s Go To Bed” : alors on comprend bien le choix qui s’est opéré : tenter quelque chose de très vaporeux, aérien, un peu à la Cocteau Twins, complètement en décalage de la folie de l’originale. Le parti pris est fort intéressant mais ça ne le fait pas : c’est beaucoup trop au ralenti, chant de sirènes... Le but de l’histoire est quand même d’arriver au lit et là c’est loin d’être gagné au rythme où l’on avance. Pourtant se mêlent de magnifiques arrangements mais s’y ajoutent des effets sonores du style bruitage de sabre laser de Star Wars très étonnants. On semble même entendre R2D2 chanter à un moment. En fait cette reprise c’est un peu l’assemblage du pire et du meilleur.

- Lewis & Clarke “Disintegration” : la reprise est tellement stupéfiante qu’il m’a fallu réécouter l’originale pour me souvenir de : c’est quoi au départ “Disintegration” ! parce que pour arriver à quelque chose de si ennuyeux il y a un mystère, on a raté une étape. Le mystère a été vite résolu la version originale est toujours aussi palpitante, c’est la reprise qui ne doit pas défiler à une vitesse normale. Heureusement qu’en concert Robert SMith ne nous fait pas les 10 minutes originales à ce rythme là car ce n’est plus 3 h30 mais 5 h qu’il faudra compter pour les prochains live du groupe.

- Aquaserge with Laure Briard “10.15 Saturday Night (in French)” : ou comment gâcher des merveilleuses idées. Des arrangements fort intéressants, musicalement c’est une étonnante réussite mais faire chanter les paroles en français et interprétées de façon aussi mièvre. C’est incompréhensible. à la limite une version instrumentale aurait été l’idéale dans ce cas-là !

Les rien que pour eux ça valait le coup de s’écouter le reste

Ah les bons élèves, ceux qui ont tout compris à The Cure, ceux qui osent du complètement différent en destructurant tout mais en conservant l’âme du morceau. Les qui font aimer des morceaux qu’on détestait. Les plus que doués, qui ont The Cure dans le corps et les tripes depuis des années, qui aiment ce groupe et rendent là un merveilleux hommage à Robert Smith et ses différents camarades.

- Indian Jewelry “The Walk” : une version complètement expérimentale, à la fois proche et si différente de l’originale, même tension, des ajouts sonores très bien pensés. C’est bruitiste, opprimant, angoissant comme dans la vraie version.

- We Are The World “Why Can’t I Be You ?” : la révélation de cet album. Tous ceux, comme moi, qui ont toujours détesté ce morceau vont le découvrir dans une interprétation plus hallucinée que pop et enfin saisir l’essence même de ce titre. Tout arrive un jour : j’écoute désormais avec plaisir ce morceau.

- Gangi “Fire In Cairo” : on ne reconnaît pas du tout le morceau et en même temps on le devine, on sent sa présence, c’est une grande réussite dans la réorchestration, l’interprétation et l’ajout de sonorités orientales apportent beaucoup à ce titre.

- Ex-Reverie “The Hanging Garden” : chants féminins, presque un band girl. Holalala pour “hanging garden” ?!? On pourrait s’attendre au pire. hé bien non, bien au contraire ! Cette version apporte une certaine légèreté tout en maintenant la tension originelle, c’est moins glauque mais tout aussi génial.

- Army Navy “Jumping Someone Else’s Train” : interprétation lascive plus lente que l’originale et en même temps très nerveuse dans l’accompagnement. Belle réussite.

- Lemon Sun “The Exploding Boy” : déjà très bon choix de morceau , un des moins connus du groupe (une face B). Il est remis au goût du jour de bien belle manière avec une interprétation fort agréable.

- Corridor “The Kiss” : un morceau très difficile à priori pour une reprise, c’est une version presque Mars Voltienne qu’on nous offre là. Etonnant ! Agréablement étonnant !

- Sarabeth Tucek “Three Imaginary Boys” : pas évident de reprendre ce morceau gentillet de The Cure, une reprise très casse-gueule car semblant facile. Tout en douceur, sans mièvrerie avec un chant léger et une musique qui se pose toute en retenu. On est dans du pareil encore mieux que l’originale donc on aime.

- Jesu “The Funeral Party” : Jesu déçoit rarement, “The Funeral Party” reste l’un des titres emblématiques de la période la plus sombre du groupe. L’attente de cette reprise était de taille. C’est encore mieux que ce que l’on pouvait imaginer. De toute façon, il n’est un secret pour personne que The Cure est l’une des grandes influences de Jesu. Il est indiscutable que cette reprise est l’une des meilleures surprises de ce TRibute album.

Au final Perfect as cats est un beau mélange d’explorations en tout genre autour de l’œuvre de The Cure période ante nineties. Tout ne peut pas plaire et c’est tout à fait normal avec trente-trois morceaux proposés. Tout le monde n’a pas le même regard, les mêmes attentes, la même approche d’un groupe qui pour beaucoup fait partie de leur histoire personnelle. Tous ces artistes aussi doués et inspirés soient-ils ont eu le mérite de participer à cet album hommage avec son lot de bonnes et moins sympathiques surprises.

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publié par le 11/01/09
Derniers commentaires
manu - le 13/01/09 à 22:45
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Merci !
Je vais écouter.
Sinon pour ce qui est des anciens disques hommages, bien d’accord pour Imaginary Songs mais alors A Night Like This par Smashing Pumpkins je me rappelle que j’avais pas aimé du tout (il chante carrément faux, si ma mémoire est bonne).
Dans celles que j’aime bien :

Ivy - Let’s got to bed (album Guestroom)
Superbe.

The Shroud - Sinking (100 Tears), assez fidèle à l’original mais très belle voix féminine ("If only I could...").

Prime Time Victim Show - Fascination street (Here’s the Real Cure), indus.

Y Front - Charlotte Sometimes (Here’s the Real Cure), idem.

Decadence - Disintegration (15 Imaginary Songs), bizarre.

Ou sinon A Forest par 08001 (avec des morceaux de Radio Bemba dedans), Nouvelle Vague et un dub qui sample A Strange Day mais je ne sais plus où j’ai rangé ça.

Le top du top restant bien sur, Dinosaur Jr - Just Like Heaven.

Et j’ai remarqué que je préfère écouter un Tribute album médiocre que les nouveaux albums de Cure. J’en suis pas fier non plus. :)

Les Bicyclettes Blanches - le 17/04/09 à 06:26
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NUL les bicyclettes blanches ? NOOOOOOOOO, It’s good, very good
Les Bicyclettes blanches Branleur !

Sfar - le 17/04/09 à 13:12
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C’est la reprise de hot hot hot qui est nulle nulle nulle, cela ne remet pas en cause l’éventuel talent des bicyclettes blanches.

sinon c’est branleuse, merci

Informations

Sortie : 2008
Label : Manimal Vinyl Records