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publié par Mickaël Adamadorassy le 03/05/11
Scream 4 - Wes Craven
Wes Craven

The new kid on the block

15 ans déjà depuis le premier Scream, à l’époque le film avait donné un sérieux coup de fouet à un genre qui commençait à sentir un peu le moisi. La recette était simple : plutôt que de miser sur le gore et les effets spéciaux, Scream jouait à fond la carte de l’humour, se moquait ouvertement de ses ainés, tout en leur rendant hommage (les fameuses règles des films d’horreur). Plutôt que de forcer le trait sur les ambiances malsaines et les monstres sadiques, le film reprenait le cadre propret des teen movies et donnait aux méchants une inquiétante humanité dans leurs dysfonctionnements. Tout cela donnait un film jubilatoire, où l’on se marrait de voir le tueur ridiculisé par la bimbo mais où en même temps, quand finalement il la rattrape, le bruit du poignard qui perfore la chair et les os avait aussi un effet très physique.

De la constance et une ex-cheerleader

15 ans après on en est au 4ème Scream et finalement pas grand chose n’a changé à Woodsboro, petite bourgade américaine habituellement tranquille (en dehors des serial killers à répétition). Comme dans les 3 précédents, on retrouve Wes Craven aux manettes et le même casting : Gale Weathers (Courteney Cox), la journaliste devenue écrivain mais qui est en panne sèche sortie des évènements des précédents films, son sheriff de mari, Dewey (David Arquette) qui a échangé beaucoup de gaucherie contre une gravité qui va bien à sa fonction, une Sydney (Neve Campbell), définitivement adulte, on sent la force du personnage, il en fallait pour survivre à 3 Scream, mais en même temps on n’en a pas fait une "survivante" blasée et insensible à tout, balançant des "catch phrases" rigolottes à chaque scène.

Néanmoins il y a des nouveautés sympathiques : en particulier, Hayden Panettiere dont le rôle d’étudiante un peu "bitchy" va mieux au teint que son personnage un peu nunuche dans Heroes (remember le fameux « save the cheerleader save the world ») Et Le scénariste a du penser qu’une dose de vulnérabilité et d’empathie supplémentaire était nécessaire car on découvre dans cet épisode Jill (Emma Roberts), la frêle nièce de Sydney qui va devenir à son tour la cible de Ghostface, décidé à fêter dignement les 10 ans des premiers meutres de Woodsboro.

Mise en abyme

Là encore on retrouve un élément central dans la série : la mise en abyme : ici comme dans la réalité on fête l’anniversaire de la série, dans l’univers de Scream, il y a aussi une série de films nommée Stab et dans ce quatrième opus, les personnages ne se privent pas via Stab de se moquer du principe des franchises et de déplorer les suites pourries. Et de descendre au passage les succès récents du cinéma horrifique, les Saw en particulier mais les personnages du film sont aussi fans du genre que l’équipe de Scream, on a droit à des petites pointes d’humour sur les films japonais à la Ring, les Destination Finale etc...

Trop de ... tue le ...

Pour le reste, Scream 4 fonctionne très exactement comme les précédents, ou plutôt comme le premier Scream, car le tueur ici s’en inspire ouvertement. Tout le talent de Wes Craven et de ses acteurs c’est qu’on se fait resservir quasiment le même plat et pourtant on y prend autant de plaisir malgré le déjà-vu, on apprécie les subtiles différences (essentiellement l’évolution des personnages récurrents) et on se délecte de petites pépites qui sont presque du copier-coller de pépites précédentes mais peu importe tant que le goût y est. Et Wes Craven l’a toujours bon ce goût, il sait ne pas franchir la barrière entre la bonne série B et le nanard, entre le respect d’un style que la franchise a presque créé à elle toute seule et l’auto-parodie.

Le seul problème du film c’est que le scénariste a voulu en faire trop dans la mise en abime avec l’idée du tueur qui rejoue les évènements initiaux et se filme pour faire un reboot de la série (expression assez récente que le « reboot » dans le contexte cinématographique, c’est peut être utile de l’expliquer : dans une franchise c’est le fait de revenir au début, faire un film sur le même sujet en faisant comme si tous les films précédents n’avaient pas existé). Le film en rajoute du coup une couche supplémentaire inutile et limite moralisatrice, sur la circulation ultra-rapide de l’information dans le monde d’aujourd’hui, twitter, facebook, le voyeurisme et de la tendance à tout filmer et retrouver tout cela immédiatement sur Internet, le fameux quart d’heure de célébrité.

Alchimiste

Cette intention du film est importante dans la tenue de l’histoire mais elle tourne un peu au pétard mouillé pour moi, plus grave les références constantes aux autres films combinés à la mise en abime rendent le film difficile à apprécier pour qui ne connait pas la série. Par contre, si vous avez vu les 3 précédents, Scream 4 ne surprend pas mais ne déçoit pas, bien au contraire il retrouve avec bonheur le ton du premier qui s’était quand même un peu perdu arrivé à Scream 3. Et pour faire aussi bien avec ces éléments là, on se dit que Wes Craven est quand même quelqu’un de très talentueux.

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publié par le 03/05/11