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publié par Sfar le 27/09/07
Scout Niblett
- This Fool Can Die Now
This Fool Can Die Now

Les amertumes au placard.

L’été se termine, on range ses amertumes estivales au placard.... routine de la rentrée qui nous entraîne sans trop savoir pourquoi et comment dans l’engrenage du temps qui passe. Un quotidien plus ou moins passionnant, des tas de choses plus ou moins urgentes à gérer et à régler. Des leçons à apprendre, des séances à préparer, des cartables à porter... Des concerts en prévision, des albums à écouter... Et puis un jour, un ami taquin qui sait qu’on apprécie plus que moyennement Bonnie Prince Billy et ses appellations dérivées, nous envoie en exclusivité un morceau : “Kiss” ; en nous expliquant bien qu’il s’agit là DU duo de Scout Niblett avec Will Oldham et que ce sera très certainement le premier single de l’album à venir de Madame. Ah ?!? Nous voilà ravi de l’apprendre surtout quand on ne connaît pas cette fameuse Scout Niblett qui sort pourtant là son quatrième album. C’est en jetant une oreille polie sur la chose, sourire en coin, que vlaaaaan, paf, patratas... ça nous tombe dessus !

On n’avait rien demandé à personne, Scout Niblett on pouvait très bien vivre sans la connaître, sans jamais l’avoir écoutée (même si il peut s’agir d’une faute professionnelle quand on est matelote et que sur le cargo ! de nombreux articles ont déjà été consacrés à la demoiselle). Mais voilà c’est arrivé, il a suffi d’une fois, d’une seule écoute pour que le charme agisse et nous emporte bien au-delà de ce que nous aurions pu imaginer.

Allez-y : pendez moi !

A une époque où déontologie, protection des œuvres musicales, respect de l’artiste suscitent bien des interrogations personnelles et des débats, je l’avoue, je le confesse : j’ai fauté oui !! Et cela fut tellement simple, je me suis laissée tenter. Cela fait maintenant 10 jours que j’écoute cet album de Scout Niblett qui ne sortira que dans le mois prochain. Bien sûr, il n’est pas tombé du camion, il est juste sorti tout seul de Google... Alors, allez-y : pendez-moi, détestez-moi, insultez-moi d’oser en parler déjà sur Le Cargo ! mais les bonnes choses, les très bonnes choses ça ne peut pas attendre.

Car il y a cet album qui existe et que beaucoup écoutent déjà, l’œuvre d’une artiste dont, honte sur moi, je ne soupçonnais même pas l’existence il y a encore 10 jours et dont je crève d’envie de parler là, tout de suite, maintenant, sans attendre. Je ne ferai pas de blablas de connaisseurs pour dire que « humm, cet album est celui de la maturité » ou au contraire que « Scout se complaît dans des recettes qui ont déjà fait l’intérêt de ses précédentes œuvres. » C’est avec une oreille absolument vierge que je découvre un univers, une voix puissante et torturée, des mélodies superbes à la fois douces et dotées d’une force terrible, des duos magnifiques, des paroles qui marquent, qui nous touchent, nous bouleversent ou nous amusent.

Quand Droopy rencontre Cobain

La pochette déjà est magnifique (cela peut paraître étrange mais j’ai très envie de parler aussi de cette pochette dont je n’ai vu que l’image sur le net) Il s’agit donc d’une photo au ras du sol dans des tons orangés d’automne, une femme (scout sans doute) le regard en arrière, une traînée rouge qui semble émaner de ce regard que l’on devine juste et pourtant tellement puissant. C’est cette même force : une puissance à la fois douce et quasi guerrière qui se dégage sur certains morceaux ,“Let Thine Heart Be Warned” notamment ou sur la rengaine entraînante de “Your Last Chariot”.

Will Oldham participe à 4 titres de This Fool Can Die... et bien mince mais c’est vachement bien Will Oldham tout compte fait !! surtout quand il chante en duo avec Scout : lui tout en douceur et elle tout en puissance avec des intonations et le timbre torturé à la manière d’un Cobain. La mélancolie poignante d’un “Kiss” ou le déchirant “I comfort You” qu’on écoute l’œil humide, une boule dans la gorge nous bercent autant qu’ils nous chamboulent. L’alchimie des deux voix marchent si bien que même sur les morceaux les plus « gnagnantissimes » comme la reprise de “River of No Return” de Marilyn Monroe avec sa mélodie larmoyante et ses violons pénibles, le chant d’Oldham façon Droopy mélé à celui de Scout parvient à rendre l’ensemble assez plaisant à écouter. Parfois même, on se surprend à repenser à des artistes dont le souvenir nous hante toujours. Lors des premiers accords de “Elizabeth (Black Hearted Queen)”, me reviennent en tête les plus beaux morceaux de Jeff Buckley... si bien que je me suis demandée vraiment si ce morceau était un original de Scout Niblett, une reprise, ou alors une sorte d’hommage au regretté Jeff (pour ne pas évoquer une possible tentative de plagiat )

Un peu à l’image de Scout il y a de tout dans cet album : subtilité, douceur, tendresse, force, colère et aussi une bonne dose d’humour et d’absurdité comme en témoignent l’hilarante balade “Dinosaur Egg” ou encore “Do You Wanna Be Buried With My People”.

Scout Niblett est une superbe déjantée qui nous surprend à chaque morceau et même à chaque seconde lorsque par exemple un “Hide And Seek” qui débute tout sagement en une complainte lancinante se métamorphose à 2’45’’ en un morceau aux teintes « nirvanesques » avec des riffs et une batterie très énervés dignes des meilleurs morceaux grunge. (un héritage du chaperonnage Albini sans doute)

Cette demoiselle hors du commun se montre tour à tour ensorceleuse dans son interprétation douce amère de “Yummi” ou véritablement rageuse sur un titre comme “Nevada”. Surprise, émerveillement, tension permanente... This Fool Can Die Now ne peut laisser personne indifférent même si, forcément, les morceaux seront appréciés distinctement et différemment.

Dans cette rentrée bien fade, il y a parfois de belles rencontres comme celle-ci avec Scout Niblett. Une de ces rencontres qui nous redonnent des envies qu’on pensait avoir perdues : l’envie de transgresser les règles de bienséance pour parler d’un disque avant sa sortie, l’envie de traverser l’Europe dans l’espoir de voir et d’écouter tout ceci en live, l’envie de vivre intensément sa nouvelle passion...

Une de ces rencontres au goût nouveau dont l’intérêt aura bien du mal à s’estomper. D’ailleurs on ne s’en souvient même plus... heu c’était comment déjà la vie quand on n’écoutait pas Scout Niblett ?

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publié par le 27/09/07
Derniers commentaires
prez - le 30/09/07 à 15:30
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tout pareil, je découvre et je suis en extase.
Prez