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publié par Mickaël Adamadorassy le 05/03/19
Russian Doll - saison 1
saison 1

En regardant sur Rotten Tomatoes, le score de Russian Doll une des nouvelles séries Netflix en ce début 2019, je n’ai pas compris. 97% ce n’est plus un consensus ou un plébiscite c’est un score d’élection dans feu l’Union Soviétique. Mais bon quelque part ça me plait d’être Lorenzo Lamas, un rebelle en cheveux longs et harley bus RATP qui va faire gagner l’ordre et la justice et vous expliquer pourquoi Russian Doll c’est juste un "mouais bof".

A la manière de

C’est assez simple de résumer la série : vous prenez Un jour sans fin, le film où Bill Murray est condamné à revivre encore et encore la même journée, vous remplacez Bill par Nadia (jouée par Natasha Lyonne) une rouquine avec les cheveux en pétard dans un New York branché qui veut vous faire savoir qu’il l’est et vous avez grosso modo le pitch. Plus exactement vous avez tout le pitch. Ce n’est pas la première fois qu’une série ou un film reprend cette idée de boucle temporelle mais généralement quand vous décrivez la série à votre meilleur pote ou à vos lecteurs du Cargo !, vous dites c’est "comme un Jour sans fin sauf que". Sauf que là il n’y a pas de "sauf que".

simple et basique

Mais l’important n’est pas forcément la mécanique ou son originalité me direz-vous, au contraire même, ce qui est intéressant, plus que le pourquoi du comment, c’est de s’en servir comme révélateur. Et là on s’attendait à beaucoup plus et beaucoup mieux : le titre nous vend des poupées russes : on pensait à des mystères à l’intérieur des mystères (souvenez-vous quand Lost c’était bien) , des personnages complexes révélées par des couches successives.

On est loin du compte malheureusement. À commencer par le personnage principal, Nadia, un personnage en représentation permanente, qui se surjoue même au téléphone, seule dans la rue. Une new-yorkaise branchée à la limite de la caricature, qui a son propre dealer, son épicier indien attitré et qui bosse dans le jeu vidéo arty , elle fume et boit comme si les 20 dernières années et le cancer n’avaient jamais existé, elle a une palette d’amis LGBTQ, artistes bohèmes, originaux en tout genre. Et elle est blasée de tout bien sûr, se retrouver à côté d’un plan à 4 dont un mec qui a un godemiché attaché aux fesses, ça ne lui fait même pas lever un sourcil. Pour les multiples dimensions on repassera : à part avoir une maman folle, en huit épisodes on en apprendra pas beaucoup plus.

Il n’y a pas beaucoup plus à découvrir chez les autres personnages, que ce soit l’ex qui n’arrive pas à tirer un trait, le vieux beau prof de fac philosophe bas de gamme qui se tape ses étudiantes, l’étudiante en question. Il y a bien un clodo sympathique mais excentrique qui semble en savoir plus qu’il ne le montre (très original là encore...) Mais heureusement...

À deux c’est mieux

En mourant pour la énième fois, dans un ascenseur en chute libre, Nadia rencontre Alan (Charlie Barnett ) qui lui aussi revit sans cesse la même journée et en un sens il est encore plus malheureux que Nadia qui revient à la soirée d’anniversaire de ses trente-six ans : il est le petit ami de l’étudiante qui se tape son prof cité plus haut et sa boucle commence par sa rupture, plutôt douloureuse. Une des connexions au départ invisible entre les deux (c’est le seul aspect poupée russe dans cette histoire). Une autre qui fait "tilt" est que Charlie est fan de jeux vidéos et il a joué à un des jeux de Nadia, un jeu d’aventure réputé impossible à finir (oh la belle mise en abîme)

A partir du moment où Nadia et Charlie sont ensemble, ça va beaucoup mieux, en partie parce que ça évite à Nadia de brasser de l’air ou de se rendre antipathique à torturer son pauvre ex. Notons quand même qu’avant d’en arriver là on se tape deux ou trois épisodes qu’un monteur sérieux aurait pu réduire à 1 ou alors, impitoyable avec ses ciseaux à la Edouard aux Mains d’Argent aux mains, il aurait exigé des scénaristes de faire un travail d’écriture plus intéressant ou des personnages plus bandants. Je dis ça je dis rien Natasha Lyonne, Leslye Headland et Amy Poehler (les trois créatrices de la série) mais Neil Gaiman propose un masterclass à 100€. On demandait pas Twin Peaks mais à ce stade même Dawson... Arf je m’emporte et je suis peut-être de mauvaise foi.

Tout n’est pas perdu

Eh bien oui tout n’est pas mauvais dans Russian Doll, l’image est belle, les personnages pas forcément si creusés que ça sont quand même crédibles et surtout ils forment une galerie sympathique d’une sorte de new-York idéalisé plein d’artistes, tolérants des pratiques sexuelles de chacun, où la drogue et le mot récréatif vont sérieusement ensemble. J’ai beaucoup bitché sur Natasha Lyonne mais à la fin de la série j’avais développé une sorte de tendresse pour elle et pour Alan. La séquence finale est superbement réussie aussi.

En fait, a posteriori, l’erreur, ce qui fait que je ne suis pas dans les 97% c ’est que j’y suis allé pour voir une série fantastique, avec une mécanique qui se tient, une intrigue à tiroirs alors qu’au final Russian Doll c’est peut être avant tout les personnages et la ville. Si vous êtes séduits par cette proposition, ça risque bien de le faire, si vous voulez un peu plus ou que Nadia vous prend à rebrousse-poils dès le début, vous pourriez bien ne pas y trouver votre compte.

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publié par le 05/03/19
Informations

Sortie : 2019
Label : Netflix