Sur Junior, troisième et dernier rejeton, le procédé tourne au catalogue : pas moins de quatre voix féminines - toutes scandinaves - viennent chanter sept des onze titres.

Il y a d’abord, disons-le tout net, la vulgaire Robyn, sorte de Britney Spears suédoise, qui vient minauder sur la disco-dance racoleuse et grotesque de the girl and the robot. Incompréhensible faute de goût, heureusement passagère.

Un peu plus loin, on reconnaît le timbre caractéristique de Karin Dreijer Andersson, frondeuse suédoise d’une électro froide et audacieuse (en duo - formant The Knife avec son frangin - comme en solo - avec son récent projet Fever Ray). Ici, si This must be it cède à la facilité, Tricky Tricky s’aventure au contraire sur les terres expérimentales qu’elle semble affectionner. Et, nichée dans le cocon douillet et seyant de ses amis norvégiens, la demoiselle apparaît bien moins inquiétante que dans ses propres oeuvres.

Il y a aussi la jolie hippie Lykke Li, qui se fait presque timide pour soupirer la mélodie tout en faux départs du probable futur single Miss it so much.

Mais il y a surtout Anneli Drecker, leur compatriote et complice de longue date, échappée de son groupe Bel Canto. Déjà interprète du suave Sparks en 2001, elle emmène ici haut, très haut, trois titres de sa voix magique et irréelle, telle une Liz Fraser des fjords. Fidèle à elle-même, d’exquises incursions en franches immersions, elle se mesure sans complexe aux surprenantes textures sonores (comme cette baudruche qui gonfle et dégonfle sur la cadence chaloupée de Vision one, semblant crever les haut-parleurs), s’amuse comme sur un toboggan à se laisser glisser sur la mélodie sinusoïdale de You don’t have a clue, pour finalement s’évaporer en échos entre les calques vocaux du lancinant True to life.

Les quelques déconvenues de l’album sont donc facilement éclipsées par beaucoup de bons moments, à chercher aussi dans la poignée de titres instrumentaux ou chantés maison : ainsi Röyksopp forever et ses cordes un rien pompeuses, le final It’s what I want et sa puissante basse en pointillés, ou le débonnaire premier single Happy up here, plaisent instantanément.

Un quatrième album intitulé Senior, jumeau sombre du jovial Junior, sortira dans quelques mois seulement.

* Erlend Øye (Kings of convenience), Karin Dreijer Andersson (The Knife, Fever Ray), Anneli Drecker (Bel Canto), Kate Havnevik, Chelonis R. Jones.

liens externes

> Junior en écoute intégrale sur le site du groupe

> pour célébrer les dix ans du groupe, un morceau bonus happy birthday est en téléchargement libre

> si vous ne voulez surtout pas en savoir plus, ne manquez pas cette interview absurde, à la fin de laquelle vous attend une version fanfare de happy up here !