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publié par Juanlu Fajardo, Natalia Algaba le 21/02/20
Rocío Marquez - le Pan Piper, Paris - 12/02/2020

Rocío Marquez, née à Huelva (Andalousie) en 1985, est la chanteuse de flamenco dont tout le monde parle. Elle incarne un flamenco contemporain, innovant, ancré dans le passé mais regardant vers le futur. Elle séduit à chaque nouvel album par sa recherche artistique et sa vision révolutionnaire du flamenco.

Elle nous présente ce soir sur la scène parisienne du Pan Piper, qui affiche complet, son cinquième album Visto en el Jueves, accompagnée de Juan Antonio Suarez « Canito » à la guitare et de Agustín Diasseras aux percussions, avec lesquels elle a enregistré cet album. Visto en el jueves ( qu’on pourrait traduire par « vu au marché aux puces de Séville « El jueves ») est un album de chants flamencos (cantes) et des chansons (canciones) qui ont été interprétés par d’autres chanteurs dans le passé et que Rocío, avec l’aide de « Canito » et d’ Agustín, interprète à sa façon. Ces reprises des grands de l’histoire du folklore andalou tel que Pepe Marchena, El Cabrero, Rocío Jurado, Concha Piquer… sont un magnifique voyage dans le temps, une revendication de la mémoire historique de l’Andalousie.

Mais n’imaginez pas, une chanteuse folklorique habillée d’une robe traditionnelle, Rocío, la belle blonde, est apparue sur scène toute en noire, simple comme elle est, pantalon noir et veste en cuir, et a commencé son set toute seule, a capella, en récitant et en chantant le poème de Antonio Orihuela « Llegar a la meta », huitième titre de son album. Sa voix nous fait fondre en live encore plus que dans l’album. Rocío transmet son émotion à chaque note et tout notre corps se met à frémir, nos poils s’hérissent. Ses musiciens viennent la rejoindre et tous les trois font résonner la salle tel un orchestre. Les chants flamencos et les chansons s’enchaînent. Chez Rocío, il n’y a pas de limites, il n’y a pas de frontière, le flamenco se mélange à d’autres genres de façon subtile et intelligente, et l’ensemble reste très cohérent et d’une beauté extraordinaire.

Tout au long du set, elle se montre très proche de son public et explique, en espagnol, l’histoire de ces chansons, comment elle les a découvertes, et le travail de production fait avec « Canito » et Agustín afin de trouver leur forme actuelle, une forme qui s’éloigne des fois de la racine flamenca pour s’approcher d’un son caribéen et revenir ensuite au chant « jondo ».

La mise en scène est sobre mais le trio n’a pas besoin d’artifices et nous sommes tous conquis. Le set est profond, intime et beau. Le trio parvient à donner une nouvelle dimension aux chansons et à transmettre des émotions insoupçonnées. Ainsi, les vieilles chansons, sont habillées par des arrangements de guitare riches comme la belle « El último organito » qu’elle chante avec passion au milieu de la scène derrière « Canito » ou la magnifique interprétation de « Empezaron los cuarenta », qu’elle chante presque a capella derrière les percussions d’Agustin, qui donnent de la profondeur et du mystère. On redécouvre ainsi ces airs classiques comme si c’étaient de nouvelles chansons aux sonorités contemporaines.

Et clore le set, le fandango de El Carbonerillo « Yo soy águila imperial », avec ces belles paroles « Yo quiero enseñar a mis niños a querer y a perdonar y a que luchen por un mundo de tolerancia y de paz » (je veux apprendre à mes enfants à aimer et à pardonner et à lutter pour un monde de tolérance et de paix »), fait surgir des « olés » dans le public.

Après le concert, elle reviendra dans la salle remercier son public et saluer ses amis. Son émotion est sincère et la nôtre aussi. Quelle chance de l’avoir eue à Paris, avant qu’elle ne s’envole vers les Etats Unis. Le flamenco de Rocío Marquez ne s’arrête pas aux frontières espagnoles et c’est tant mieux.

Texte : Natalia Algaba (@nat_paris)
Photos : Juan Luis Fajardo (@juanlufr/ @photo.concert)

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